Ma journée particulière avec Antoine Schneck

Après avoir vu ces soldats inconnus de l’Arc de Triomphe, je me rendis au studio d’Antoine Schneck qui avait rendez-vous avec Ferdinand pour faire son portrait.

A mon arrivée, la prise de vue était en cours, Ferdinand âgé de trois ans était dans sa tente blanche assis sagement sur un tabouret, un drap noir autour du cou. En effet, les portraits d’Antoine Schneck ont ceci de particulier : seul le visage apparait, le reste du corps disparait complètement dans le noir, les expressions sont figées sur l’image.

Sur les murs j’aperçois les portraits de Mazarine Pingeot et d’un malien, les visages sont représentés sur de grandes plaques en plexiglass à fond noir.

La volonté d’Antoine Schneck est de permettre de regarder et de raccorder sans intervention extérieure, pas dé décor qui situerait le sujet, pas de lumière qui le dramatiserait, il ne cherche pas à saisir une expression ni à raconter l’histoire de la personne mais selon ses mots à donner un accès à son âme. Rien entre nous et la photo, le cerveau reçoit alors des informations qu’il n’a pas l’habitude de voir quand il regarde une photo, et un trouble s’installe , ce sont des photos oculaires et non pas objectives, (une photo objective se fait à travers un objectif qui oblige à définir un cadre et une profondeur de champ) ici, rien de cela : le fond noir supprime le cadre et pas de profondeur de champ, tout est net. Il photographie comme il regarde, il balaie avec son appareil-photo.

Dans le cadre de l’exposition de l’Arc de Triomphe, les soldats inconnus de l’artiste sont  dix-huit uniformes portés par des soldats de quelques uns des pays engagés dans cette guerre,se détachant comme des sculptures de ces immenses photographies, ils nous impressionnent et nous rappelent notre devoir de mémoire.

Ces costumes sortis de leur musée où ils passaient inaperçus, sont révélés par ces immenses photographies,  dans cette salle des Palmes très symbolique, où reposa du 11 novembre 1920 au 28 janvier 1921 le soldat inconnu.

La phrase d’un général venu voir l’exposition : « On a l’impression que ces dix-huit soldats veillent le soldat inconnu » conforte l’artiste sur le but de cette exposition.

Antoine Schneck a inventé un nouveau style de portrait, entre la peinture et la sculpture.  Ici encore, l’artiste nous laisse l’empreinte de ces personnalités très diverses qu’il rencontre à travers le monde : des artistes comme Zao Wou Ki, mais aussi des maliens ou encore  Ferdinand.

En repartant j’aperçois la photographie de « Cocteau » que Lucien Clergue lui avait échangée contre une de ses photographies représentant des « Mains ».

Florence Briat-Soulié

En collaboration avec le musée de l’Armée, le Centre des Monuments Nationaux présente « Soldats Inconnus » photographies d’Antoine Schneck à l’Arc de Triomphe à partir du 27 novembre 2014.

www.arc-de-triomphe.monuments-nationaux.fr
Bibliographie : Antoine Schneck « Les Gisants de Saint Denis ». Editions du Patrimoine – Centre des Monuments Nationaux.

Antoine Schneck est représenté par la galerie Berthet-Aittouarès – 29 rue de Seine 75006 Paris France
Tél.: +33 (0)1 43 26 53 09 – Fax : +33 (0)1 43 26 95 66 – contact@galerie-ba.com

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