Fashion week à Galliera avec Jeanne Lanvin..

Jeanne Lanvin (1867-1946), c’est avant tout l’histoire d’amour entre une mère et sa fille Marguerite, illustrée éternellement par l’emblème de sa maison.

 

Elle réalise des vêtements non seulement pour sa fille mais aussi pour ses poupées. Les clientes les remarquent et en 1908 : lancement  d’une première collection pour enfants entraînant une série de petites phrases dans la Gazette du Bon Ton  » Tu diras bonjour … » ou encore « Et si on rentrait goûter… »

Ma vraie rencontre avec Jeanne Lanvin se fit il y a plus de vingt ans, lorsque jeune stagiaire dans l’étude de Christian Delorme, j’ai eu la chance de le suivre au Vésinet. Nous étions également accompagnés de Jean-Pierre Camard, l’expert « Art déco ». Cette escapade avait pour but un simple guéridon Louis XVI vu sur la photo d’un client. Inutile de vous dire qu’un commissaire-priseur  et un expert ne se déplacent pas pour si peu !

 

 

Arrivés boulevard de Belgique au Vésinet, nous rentrâmes dans une maison blanche  à colombages qui me fit peu impression. Mais, à l’intérieur, ce fût l’inverse et je compris que nous étions dans la Maison de Jeanne Lanvin, entièrement décorée par son décorateur Armand Albert Rateau. Les plafonds, les salles de bains, les meubles, le mobilier de jardin, rien qui ne fut oublié par lui.

Une voûte tunnel entièrement sculptée d’un motif à répétition d’écureuils jouant avec des pommes de pin, un lustre en bois sculpté à décor de fougères y était accroché. Chaque salle de bain avait sa glace ronde ou ovale  à décor de fleurs, la célèbre marguerite symbole de sa fille tant aimée,  de coquilles… j’en ai déjà vu repasser en vente chez Christie’s, non plus à 30 000 francs mais plutôt 50 000 €. En continuant dans la maison nous découvrons six panneaux brodés ravissants de perles d’inspiration orientale dans des cadres laqués, ces broderies dont Jeanne Lanvin était experte. Dans le salon, un tapis de l’atelier Martine (créé par Paul Poiret en 1912 pour qui Dufy collabora) et surtout une barre d’applique en bronze à décor d’iguanes estimée 40 000 francs en 1991 : elle sera adjugée 138 000 francs.

 

 

 

L’enchantement continua dans le jardin : un bas-relief en pierre représentant deux femmes drapées à l’antique, un banc en pierre… et je pourrais ainsi continuer de vous faire l’inventaire de ce mobilier témoignant de la délicatesse et de l’élégance de cette femme qui, partant de rien, a su créer sa Maison.

Elle ainventé son propre style, ses maisons sont des écrins  où elle et sa fille vivent à l’abri de la laideur, un paradis exquis…

Un souci du détail, une ligne incroyable, ses robes tombent sur les mannequins dans une simplicité et une parfaite harmonie. Les précieux tissus brodés d’un noeud de perleries nacrées contrastant avec ce noir si chic !

Parfois elle pose une touche de ses couleurs nommées par elles :  ce rose « Polignac » ou encore ce vert « Vélazquez » très dans l’air du temps, sans oublier le bleu.

 

 

 

 

Les motifs géométriques illustrent à merveille le fameux « bon ton » de la gazette du même nom. Les silhouettes sont ravissantes et surtout d’une élégance infinie.

Parfois de l’humour ou de la justesse avec cette robe de « Belle-Maman » portée au mariage de sa fille associée à  la veste « mensonge »… Une alliance de mots qui font penser aux jeux d’écriture des Surréalistes, alors contemporains et également suggérés par ce mur de briques surréaliste, ton sur ton qui orne le manteau de la Comtesse Greffulhe, vers 1936.

 

 

 

 

 

De drôles d’idées pour toujours ; des résultats fantastiques comme cette robe fusée de 1939 portée par Odette Alfano, dont le portrait par Albert Braitou  Sala est conservé au musée Carnavalet.

Un mot pour terminer, sur le styliste Alber Elbaz, metteur en scène de cette exposition, qui transmet dans ses collections cette perfection, avec ses robes qui s’ajustent sur nous à merveille et nous offrent  cette allure si parisienne de Jeanne Lanvin.

Florence Briat-Soulié

Du 8 mars au 23 août 2015 – Palais Galliera

 

 

Commissariat général : Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera

Direction scientifique : Sophie Grossiord, conservateur général au Palais Galliera,
assistée de Christian Gros
Direction artistique : Alber Elbaz, directeur artistique de la Maison Lanvin,
avec Laure Harivel, Katy Reiss et Romain Stiegler
Mise en oeuvre de la scénographie : Laurence Le Bris

Palais Galliera Musée de la Mode de la Ville de Paris 10, av. Pierre I er de Serbie 75116 Paris 01 56 52 86 00 www.palaisgalliera.paris.fr

Horaires Du mardi au dimanche de 10h à 18h Nocturne le jeudi jusqu’à 21h Fermé le lundi et les jours fériés

http://www.carnavalet.paris.fr/fr/expositions/roman-d-une-garde-robe

Musée des Arts Déco, appartements privés de Jeanne Lanvin décorés par A. A. Rateau : http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/parcours/art-nouveau-art-deco/l-appartement-prive-de-jeanne/ 

 

 

Bibliographie :

• Jeanne Lanvin : Arpèges Isabelle Mestre (Auteur) – Roman (broché). Paru en 03/2015 Editions Le Passage
• Jeanne Lanvin  :  Jérome Picon  (auteur) Flammarion, 2002.
• Catalogue publié à l’occasion de l’exposition « Jeanne Lanvin » présentée au Palais Galliera du 8 mars au 23 août 2015, Editeur : Paris Musées. 45€
• Catalogue :  Roman d’une garderobe, le chic d’une parisienne de la Belle Epoque aux années 30 ISBN 978-2-7596- 0229-2 Prix : 35€