60ème Salon de Montrouge – 5 mai, 3 juin 2015

Dès l’ouverture, les 60 jeunes artistes nous accueillent chacun devant leur stand et nous racontent leurs histoires. Ce Salon de Montrouge est une belle initiative qui permet aux artistes sélectionnés de présenter, seuls face au public, sans intermédiaire leur travail. A nous de faire notre choix en les rencontrant et surtout à nous d’aiguiser notre regard et peut-être découvrir les artistes de demain.

Un invité d’honneur, Jean-Michel Alberola qui expose ses oeuvres au premier étage, a lui aussi fait partie de la sélection de Montrouge dans les années 80.

A l’issue du vernissage trois lauréats bénéficient chacun d’une dotation numéraire de 1000 euros ainsi que d’une exposition au Palais de Tokyo, programmée à l’automne, cette année le président du jury est le cinéaste Olivier Assayas.

Je me promène dans les allées, illuminées par ces grandes bougies rouges fêtant l’anniversaire des exposants et les 60 ans du Salon.

Je tombe très vite sur Marie JACOTEY, rencontrée précédemment à Drawing Now, qui se prépare à ses expositions londoniennes, tout le mois d’avril, étant en résidence à Montrouge elle a imaginé ces grandes peintures sur plâtre, mettant en scène cette jeune fille insolente.

Malingrëy François, lauréat 2015, en face nous présente des plages staliniennes où se prélassent les apparatchiks du parti, il s’agit de mon interprétation ! un couple allongé sur le sable : son frère et son amoureuse, que je retrouve sur deux petites icônes les mains comme en prière.

Je continue et intriguée par ce papier qui se déroule sous mes yeux illustré  de silhouettes en noir imaginées par Julie Luzoir, qui disperse ses dessins dans la ville indiquant à ceux qui les trouvent de les rapporter pour qu’elle appose sa signature, elle-même gardant les empreintes carbone de ses dessins. Les dénicheurs deviennent alors co-auteur de l’oeuvre ! Julie a été choisie pour rester un mois en résidence d’artiste à Montrouge.

Je suis troublée par le monde étrange de Benjamin Renoux qui invente des photos-vidéo  fantômes où apparait  sa silhouette qui s’incruste dans les portraits de famille, défiant le temps,  un monuments assassiné comme Nemrod en Irak… Ce sont comme des aller-retours avec le passé et le présent illustrant sa propre histoire.

Un peu plus loin, je m’arrête devant la vidéo de Térence Pique « Creuser encore creuser », nous parlons de sa démarche sur ses photographies de serres où sont inscrits des mots en vert : « Sacrificio », « Perseverancia »… choisis par les cultivateurs, sorte d’interrogation sur la culture de masse. Pour Terence la photo est plus qu’une image, elle est un sujet de réflexion « Il faut qu’il y ait quelque chose en plus »

En face je tombe nez à nez avec Roquigny Mathieu (Prix Sciences Po 2015 du public- Le penseur de Rodin après une nuit de fête!!),  et son univers abracadabrantesque, un château de cartes de pin-up, des tucs, des cendres de cigarettes, des parts de pizza carbonisées, tous sont comme « naturalisés » il me fait penser à Carol Rama qui invente ses ready made : ses yeux de verre qu’elle mélange à sa peinture. Très belle année pour Mathieu Roquigny à qui a été décerné le Prix Kristal :   1 000 euros, une boule de cristal et une médaille de la Ville de Montrouge, ainsi  que d’une exposition personnelle à la galerie Artyfamily, à Paris, en décembre 2015.

J’aime aussi la « Larme de lapin » de Yun-Jung Song et la délicatesse de ses dessins ainsi que de ses sculptures en grès émaillé.

Et pour finir, je suis charmée par  Dunkan Kenny, son insouciance apparente et sa perception du monde qui l’entoure avec ses pacotilles. Il imagine une fête sur l’esplanade du Trocadéro, portant une veste imaginée par lui et fabriquée d’une multitude de petites tours Eiffel et il danse, il danse, il danse…devant les touristes.
Il est le lauréat du Prix ADAGP des Arts graphiques et plastiques, doté de 5000 euros, a été remis par Daniel Buren et Meret Meyer,  membres du Conseil d’administration de l’ADAGP et présidents du jury composé de Jean-Michel Alberola, Invité d’honneur,  Aude Cartier, directrice de la Maison des Arts de Malakoff et du réseau Tram, et par la critique d’art et rédactrice en chef d’artpress Anaël Pigeat.

Florence Briat Soulie

http://www.salondemontrouge.fr/

Les lauréats 2015 : http://www.salondemontrouge.fr/index.php/salon-2015/les-laureats

Sélection 2015 : http://www.salondemontrouge.fr/index.php/salon-2015/la-selection