Diego Velázquez (1599- 1660)
Grand Palais 25 mars – 13 juillet 2015
« ..Tellement de génie qu’il ne le montre même pas, disant tout simplement au monde : je n’ai que du talent, mais j’en ai sérieusement. Quelle joie ! Quelle joie ! Solide, calme, inébranlablement enraciné, peintre des peintres, à égale distance des rois et des nains, à égale distance de lui-même et des autres. « Lettre de Nicolas de Stael à Jacques Dubourg
Première exposition évènement de Vélasquez à Paris, fait exceptionnel 7 oeuvres du Prado sont exposées au Grand Palais, nous n’y verrons cependant pas les célèbres « Ménines » qui ne sortent jamais du musée, mais les portraits de l’infant chéri Baltazar Carlos ou de la belle Infante Marguerite sont présents ainsi que de nombreux autres chef-d’oeuvres.
Diego Vélasquez c’est l’histoire d’une ambition, du lien très fort qui l’unissait au Roi d’Espagne : le « Roi-Planète », mais surtout celle d’un immense talent.
Le parcours d’un petit garçon d’origine portugaise jusqu’à la cour du puissant roi d’Espagne en plein siècle de l’âge d’or est exceptionnel, qualifié de « Peintre des peintres » par Manet, obsession de Francis Bacon, maître de Picasso, encore aujourd’hui il suscite l’admiration de ses pairs.
Entré vers 12 ans dans l’atelier de Pacheco, il épousera sa fille, plus tard le même schéma se reproduira car cette fois-ci la propre fille de l’artiste épousera Juan Bautista Martinez del Mazo (1612-1667) disciple du Maître.
Il passe maître en 1617, très vite Pacheco a remarqué son génie et le recommandera en 1623 pour la Cour. Nous pouvons voir dans les premières salles, les « Bodegones » qui sont des scènes de tavernes très réalistes peintes dans ses jeunes années où on décèle l’influence du Caravage.
Le comte d’Olivares, sévillan comme Vélasquez et ministre du Roi Philippe IV, le fait venir à Madrid, l’artiste fera alors son premier portrait du roi et, à partir de ce moment, deviendra le peintre exclusif de la famille royale. Vélasquez sera même anobli en 1659 et témoin de mariage de l’infante Marie-Thérèse future épouse de Louis XIV qu’il accompagnera jusqu’en France. Fait très audacieux, les portraits de Vélasquez sont, au contraire de son contemporain Rubens, très réalistes et sont sans concession aux modèles, et pourtant le monarque les a adorés. Rubens, toujours, qu’il rencontre à Madrid en 1628 et qui le poussera à cette double carrière, pour finir Grand Maréchal.
Revenu de son premier voyage d’Italie en 1631, il va peindre son premier portrait de l’infant Baltazar Carlos, l’héritier, c’est la consécration tout en respectant les codes de représentation , au premier plan un personnage de nain, plus loin nous le retrouvons sur son poney. Vélasquez n’est pas seulement un peintre de portraits, ses compositions sont rythmées par la lumière, les couleurs, les tissus et aussi par des éléments comme un oiseau noir, peut-être là pour distraire le regardeur. Plus tard, les anciens appartements de l’Infant Balthazar Carlos, décédé à 17 ans, deviendront son atelier !
La Vénus au miroir nu de dos couchée dont le visage se reflète dans un miroir est une merveilleuse énigme. Qui est cette femme si belle ? On retrouve les influences de la « Vénus d’Urbin » du Titien, celles également de Rubens. Selon les instructions de son beau-père, un nu était pourtant impensable en Espagne, celui là aurait été peint en Italie. On retrouve le le thème du miroir qui est si important dans les « Ménines » où le couple royal se reflète, il est là sans être là. Peut-être que dans le cas de La Vénus, ne pouvant nous regarder de face, son visage, par pudeur, n’est juste qu’un reflet!
Mais qu’importe ! ce qu’on pourrait dire au sujet de cette déesse, sa grâce, la composition du tableau avec le putti portant le miroir, les drapés et les couleurs sont sublimes et j’adore le face à face de la Vénus et de l’Hermaphrodite romain du IIe siècle ap. J.C.
De son voyage italien restera le fameux portrait duPape Innocent X qui influencera tant Francis Bacon .
J’espère que vous aussi, aurez l’occasion de faire un tour au Grand Palais et de pouvoir alors admirer ce peintre, qui a su si bien illustrer le siècle d’or espagnol !
Florence Briat Soulié
Un commentaire
BERNIS Caroline
Déjà en train de bosser ??!!!! Bravo !
Caroline Bernis + 33 (0)6 22 57 08 99
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