reGeneration3, à la découverte de la scène photographique émergente -Musée de l’Elysée

C’est toujours passionnant de rencontrer de jeunes artistes émergents. Tout juste sortis des institutions d’Art, ils nous offrent l’énergie, la créativité, la spontaneité de leur jeune talent. Lancé en 2005 par le Musée de l’Elysée, le projet « reGeneration », nous donne l’opportunité de découvrir les acteurs de la nouvelle scène photographique internationale .

Pour cette troisième édition de « reGeneration »,  le Musée de l’Elysée a sélectionné  50 artistes de 18 nationalités différentes parmi 400 candidatures.

En visitant l’exposition, force est de constater la claire évolution des modes d’expression artistiques de la photographie qui s’ouvre et s’enrichie des nouvelles techniques de l’image.  La photo figeant un instant donné est toujours bien représentée et de grande qualité, mais elle s’associe parfois aussi à des  videos, animations, installations, livres etc.. de nouvelles perspectives s’offrent à elle!

«  Cette troisième édition de reGeneration se démarque par une approche multidisciplinaire, signe du décloisonnement de la photographie » commente la dynamique et passionnante nouvelle directrice du Musée de l’Elysée , Tatyana Franck.

3 grands thèmes, issus des travaux présentés, traduisent les réflexions de la nouvelle génération : l’information documentaire, la question de la mémoire, les nouvelles formes d’expression esthétiques.

En avant pour une petite visite !  Voici quelques unes des découvertes que j’ai envie de partager avec vous:

– Jennifer B. Thorenson: des images fortes pour dépeindre la fragilité humaine

La première pièce m’offre, dès le début, mon grand coup de coeur avec les photos de l’américaine Jennifer .B. Thoreson. Mon regard est capté par ses images aux allures presque POP tant le visuel est frappant, fort, imagé.

L’histoire est en fait profonde, sensible. Thorenso illustre dans sa série « Testament «  la détresse humaine , sa vulnérabilité dans ses relations aux autres, la difficulté de communiquer , le poids des histoires familiales, la maladie etc… Durant un an, la photographe a travaillé dans une maison vide où elle a construit ses mises en scène.  Elle a fabriquée  le matériel de ses images, utilisant laine, cire, argile, cheveux pour ces amas textureux, envahissants et étouffants. Une artiste très intéressante au travail réfléchi et touchant .

 

– Un étrange « conte de fée  » avec Jan Brykczynski 

Autre mur, autre ambiance…. celle d’un  étrange conte de fée qu’offre le photographe Polonais Jan Brykczynski avec la série « Boiko ». Perdu aux confins des Carpathes, ce village semble s’être arrêté dans un temps passé. La vie y est d’une ruralité primitive. Brykczynski est allé y chercher un retour aux sources à la fois géographique et temporel, en partageant la vie de ces habitants pendant 3 ans. On découvre de la magie dans ces maisons, ces outils, ces rites , ce mode de vie préservé de toute modernité et …un peu de sorcellerie aussi !

Qui sont ces personnages… de loin, je crois apercevoir des princesses aux longues robes, de près se dessine la réalité de 2 paysans portant leurs draps; et ce traineau, proche des carrosses de nos illustrations enfantines, c’est en fait leur moyen de se déplacer. De toutes ces photos, l’artiste a fait un Livre blanc « Boiko » où l’on retrouve toute la magie d’un monde que l’on croyait éteint.

– L’expérience de la Cécité par Gaia Squarci

Je vous convie à vivre une expérience très particulière avec l’installation « Broken screen »: celle de la cécité. Comment faire ressentir une photographie à une personne ayant perdu la vue? L’installation de Gaia Squarci comporte une photo en noir et blanc cachée, un casque branché sur une bande son et une impression de la photo en relief (braille). Le spectateur est invité, tout d’abord, à écouter la bande audio où sont enregistrés des descriptions de la photo faites par diverses personnes et à découvrir par le toucher la reproduction en braille. Ainsi il se crée une image mentale à partir de l’écoute et de la sensation tactile. Enfin le voile est levé sur la photographie initiale lui permettant de la « voir »…  . Cette expérience assez troublante, m’a permis de « vivre » les sensations du malvoyant et a confirmé à quel point la vue est le sens essentiel dans notre interprétation du monde.

 

–  Elizabeth Hewson – Souvenirs, Souvenirs!! 

Une autre installation, celle de Elizabeth Hewson, traite de l’altération de la mémoire et des souvenirs oubliés.

l’Artiste utilise des photographies de son enfance qu’elle retraite en utilisant des techniques complexes de conversion et de déformation de fichiers numériques pour obtenir au final des images altérées mais très belles et colorées, qu’elle projette sous forme de diapositives. Les altérations visuelles sont bien sur  le reflets imagés des lacunes de notre mémoire.

 

 

 

 

Jao Hoon Lee: Paysages réels ou irréels?

Suivez moi sur cette montagne! Comme dans une réalité augmentée, la montagne de l’Annapurna de Jao Hoon Lee est refaçonnée en superposant plusieurs photo du même lieu prises à des moments différents. Il s’agit de »fusionner les temporalités » pour créer un  paysage nouveau . Le format gigantesque est impressionnant et  permet de s’immerger totalement dans cette nouvelle nature.

 

– Fantaisie, poésie et mystère avec Robert Mainka

J’ai eu également beaucoup de plaisir à découvrir l’artiste polonais Robert Mainka, qui porte, sur le monde, un regard imprégné d’une immense poésie . La réalité est détournée, devient gracieuse , surréaliste, mystérieuse. Réunissant de nombreuses photographies, la série « Lavish Fields » illustre sa vision de l’humain autour du corps, des désirs, des pensées et des sentiments. Les images très diverses se répondent par leurs couleurs, leur caractère énigmatique, leur fantaisie  déroutante… j’adore!

 

 

 

Benjamin Swanson: le photographe amoureux de sciences

Une vision esthétique de figures abstraites dans « the Conquest of materials ». Cet artiste anglais fabrique des maquettes géométriques, véritables sculptures,dans des matières variées. Il les met en valeur dans ses photographies par une disposition très réfléchie et des lumières qui accentuent la texture des objets.

 

Le « Pantonier » Humain d’ Angelica Dass

« Nous sommes tous différents mais égaux en tant qu’humains, » telle pourrait être la devise d’Angelica Dass avec son impressionnnant pantonier de portraits. Les personnes représentées proviennent de toutes races, cultures et ages . Chaque portrait est placé sur un fond qui reprend la couleur de sa carnation et dont la référence pantone figure en dessous. Dans son organisation des portraits, il n’y a aucune différence de traitement ou de notion de valeur.  L’Artiste donne la primauté à l’individualité versus  la notion de groupe .  Avec ce travail à la fois intelligent et esthétique, Dass cherche à  ré-ouvrir le perpétuel dialogue de la valorisation de la différence et de l’égalité de tous.

 

Allez, vous aussi, découvrir ces artistes ainsi que les autres jeunes talents de reGenaration3 au Musée de l’Elysée de Lausanne. Cette exposition foisonne de créativité, elle offre un panorama très riche et d’une grande variété de la nouvelle scène photographique ! Et surtout partager avec nous ce qui vous a surpris, séduit, inspiré! … jusqu’au 23 Aout!

Caroline d’Esneval

 

pour en savoir plus:

 

 

http://www.elysee.ch/expositions-et-evenements/expositions-au-musee/en-cours/