Lucien clergue – Les premiers albums

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Les premiers albums de Lucien Clergue ouvrent la rétrospective qui lui est consacrée au Grand Palais, un an après sa disparition. Les afficionados de l’artiste n’ont pas manqué ce rendez-vous qu’ils attendaient avec impatience et c’est avec émotion qu’ils découvrent l’exposition.

Lucien Clergue ©Thegazeofaparisienne
Lucien Clergue
©Thegazeofaparisienne

Christian Lacroix, son grand ami de toujours, a imaginé un décor qu’il aurait aimé retrouver, les couleurs vives du Sud, les tapis carrelages de l’Evêché, même si j’ai bien compris Lucien Clergue ne l’aurait jamais avoué et aurait sans doute dit que ce n’était pas du tout comme cela qu’il fallait le faire !

Lucien Clergue ©Thegazeofaparisienne
Lucien Clergue
©Thegazeofaparisienne

Pourtant c’est un vrai écrin que François Hébel et Christian Lacroix ont imaginé pour lui, Arles à Paris, une des plus jolies scénographies de la capitale, actuellement.

Un corridor où est exposée une imposante fresque de ses herbes, algues, sables, charognes, maïs…des tirages d’époque réalisés par Lucien,  accrochés sur un même mur, on peut dire que nous sommes bluffés ! Il avait imaginé un langage des sables et là nous sommes face à lui, face à ce merveilleux travail d’écriture, de calligraphie, le maïs brûlé dessine les caractères à l’encre.  Les photos d’un jeune homme de 29 ans qui avaient tant plu aux Américains : suite à une invitation en 1961, de Edward Steichen, ses oeuvres sont exposées à l’occasion de l’exposition  « Diogène avec caméra n ° 5 » au МoМА, New York.

Lucien Clergue aurait pu être violoniste, mais un cadeau de sa mère, lorsqu’il avait 15 ans, un appareil photo, changera son destin.

Cet homme  qui voulait être reconnu en tant que poète photographe a séduit Picasso. Photographe en herbe,  Picasso détecte en lui un talent et l’incite à continuer, Picasso qui allait à l’essentiel et ne perdait pas de temps et, lorsqu’il lui rendait visite, il aimait lui montrer son travail. Picasso, encore, qui lui présentera Cocteau.

Picasso, qui dessina la couverture de son premier livre Corps mémorables, poème d’introduction de Jean Cocteau, couverture qu’il changea ensuite car il était alors suffisamment connu pour y mettre une de ses propres oeuvres !

Lucien Clergue ©Thegazeofaparisienne
Lucien Clergue
©Thegazeofaparisienne
Lucien Clergue dans son atelier ©BernardSoria
Lucien Clergue dans son atelier
©BernardSoria

La grande particularité de cette exposition est la présence de sept albums que personne ne connaissait, même les très proches. Ces carnets, trouvés après sa mort dans son atelier, sont un vrai trésor. Ces albums de couturière, où les échantillons sont remplacés par ses photos, annotées par lui, tout est dit, des ruines aux Nus, dès le début des années 50, il avait déjà tout imaginé.

Le côté sombre l’attire dans ces premières images. On oublie parfois que l’ami de Picasso et de Cocteau avait vécu des premières années difficiles : pendant la guerre, il avait dû fuir sa ville avec d’autres enfants ; il a perdu sa mère très jeune.

Et nous retrouvons cette tristesse dans les photographies des ruines d’Arles, marquée par les stigmates des bombardements alliés sur les ponts du Rhône, dans les sujets des oiseaux morts, des charognes sur le sable de la Camargue ou du maïs brûlé.

Ces sujets rendaient ses copains tristes et aussi quelle bonne idée a-t-il eu de les égayer avec quelques photos de nus. Au début il s’y met très timidement et commence par photographier ses modèles sans montrer leur tête.

Lucien Clergue - Grand Palais François Hebel - Christian Lacroix - Anne Clergue ©Thegazeofaparisienne
Lucien Clergue – Grand Palais
François Hebel – Christian Lacroix – Anne Clergue
©Thegazeofaparisienne

J’imagine qu’il se prend au jeu et sa série « Née de la vague » aura énormément de succès, ses Nus illustreront les poèmes d’Eluard et de Saint John Perse. Ces « Nus » constituent la partie la plus populaire de l’oeuvre de Lucien Clergue où il s’inscrit dans la tradition du « Nu » d’Edward Weston (1936) au visage dissimulé et dont l’arrondi du corps épouse les formes ovales des bras et des jambes : l’oeil du spectateur est plus attiré par les formes que par la nudité.

La série des Nus qui rythment l’oeuvre de Lucien Clergue retrouve l’inspiration des corps et des torses de la Grèce archaïque mais, ici, ce sont les vagues et l’écume de la mer qui remplacement le drapé recouvrant les corps féminins.

Lucien Clergue nous laisse des empreintes de la guerre, ces tombes uniques de l’Abbaye de Montmajour où il s’amusait tant à se perdre enfant, celles laissées dans le sable, le corps d’une femme…

Cette exposition nous dévoile non seulement le talent de l’artiste, mais aussi un homme peut-être au caractère volcanique décrit par ses proches, qui avait ses propres idées mais qui aimait tant sa ville Arles, un homme à l’origine, avec son ami Michel Tournier et le conservateur Jean-Maurice Rouquette, des rencontres photographiques d’Arles, un homme qui a su recevoir mais aussi beaucoup donner à ces générations futures de photographes, et qui a su rester un autodidacte de la photographie, un artiste qui a soutenu devant Roland Barthes sa thèse de photographie, « Langage des sables », doctorat sans texte ni parole, uniquement des images.

Lucien Clergue ©ThegazeofaparisienneLes thèmes chers à l’artiste, en-dehors de ceux que j’ai déjà cités, ont été abordés dans cette exposition qui s’arrête aux années 80 : Picasso, les Gitans, les « Toros », les premiers Nus…

Florence Briat Soulie

Commissariat et direction artistique : François Hébel et Christian Lacroix

Grand Palais

14 novembre 2015- 15 février 2016

http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/lucien-clergue

 

Un commentaire

  • diane brossollet caloni

    Bravo pour cet article complet qui donne envie d’aller découvrir cette expo, et les belles photos qui l’accompagnent !
    merci pour Lucien et tous ceux qui l’ont aimé et qui à travers cette exposition peuvent le rencontrer ou le redécouvrir !
    diane B C

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