Gustave Caillebotte :  » Je fais un stanopea aurea … »

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« Mon cher ami,

Je fais un stanopea aurea qui est en fleurs depuis ce matin et comme la fleur ne dure que trois ou quatre jours et ne revient que dans un an je ne peux la quitter. Excusez-moi donc auprès de Mirbeau… » Lettre de Gustave Caillebotte à Claude Monet

Gustave Caillebotte "Parterre de marguerites" vers 1892-1893  ©Dominique Dudouble Léonard Paris - D'Estrëe
Gustave Caillebotte « Parterre de marguerites » vers 1892-1893  ©Dominique Dudouble
Léonard Paris – D’Estrëe

Anne et moi sommes venues  à Giverny,  à la rencontre de Caillebotte, mécène attaché aux impressionnistes, collectionneur d’art, architecte naval, féru de voile et d horticulture … Autant de passions qui ont surtout alimenté sa pratique picturale…

Qui d’autre qu’un passionné ou un fou pourrait décliner une telle invitation lancée par l’ami Monet pour lui préférer une fleur, en l’occurrence une orchidée parmi celles qu’il cultive dans ses serres au Petit-Genevilliers ? . Et de toute évidence dans le « je fais » il faut comprendre « je peins ».

Au premier plan "Les champs, plaine de Gennevilliers, étude en jaune et rose" 1884 ©TheGazeofaParisienne
Au premier plan « Les champs, plaine de Gennevilliers, étude en jaune et rose » 1884
©TheGazeofaParisienne

Artiste avant tout, ce qui n’empêche pas le jeune héritier de 26 ans de se montrer particulièrement  généreux envers ses amis artistes qu’il soutient ardemment quand il s’agit de participer aux expositions impressionnistes de 1876 à 1882.

Gustave Caillebotte "Le boulevard vu d'en haut" 1880 (détail)
Gustave Caillebotte « Le boulevard vu d’en haut » 1880 (détail)

Celui qui aimait tant la peinture, ce grand collectionneur, il  était si fier d’avoir acquis « le bal du moulin de la galette » de Renoir, qualifié d’ingénieur par John Rewald dans son « histoire de l’impressionnisme » fût délaissé en tant que peintre impressionniste. Des milliers de gens admirent tous les jours sa collection qu’il a léguée au Louvre, omettant d’y inclure ses propres tableaux, Renoir insistera cependant pour y rajouter une de ses oeuvres « Les rabotteurs de parquet » !

Son legs demeurera célèbre par la polémique provoquée par certains, horreur les impressionnistes rentrent dans les collections nationales !

Une certaine rumeur de refus de la part de l’état nait, pourtant, dès avril 1894, l’état accepte le legs grâce à Benedite, conservateur du Musée du Luxembourg qui adorait l’impressionnisme.
Certaines oeuvres ne seront pas acceptées par l’Etat et gardées par les héritiers. La collection entrera  finalement au Louvre pour se retrouver aujourd’hui dans les collections du musée d’Orsay.
Gustave Caillebotte "Etude pour les raboteurs de parquet" 1875 (détail)
Gustave Caillebotte « Etude pour les raboteurs de parquet » 1875 (détail)

 

Le Gaulois du 9 mars 1897: « La protestation des membres de l’Institut n’aura d’ailleurs pas d’autres suites; nous croyons savoir, en effet, qu ‘elle a été classée purement et simplement, l’administration des Beaux-Arts, en acceptant le legs Caillebotte, ayant répondu comme il convenait à l’attente de la jeunesse artistique. »

 L’impressionnisme au musée : l’affaire Caillebotte  Recherche- par Pierre Vaisse L’Histoire, mensuel n°158 daté septembre 1992 à la page 6

Gustave Caillebotte "Les peintres du bâtiment" 1877. ©TheGazeofaParisienne
Gustave Caillebotte « Les peintres du bâtiment » 1877.
©TheGazeofaParisienne

Gustave Caillebotte, un artiste qui se range du côté des impressionnistes en véritable conscience puisque des études aux beaux-arts  et un voyage en Italie ont forgé son regard et sa pratique plasticienne. Ainsi le public observe bien le long de cette exposition comment du traitement de la lumière en aplats, Caillebotte finit par privilégier la touche fameuse et si culottée de l’impressionnisme abandonnant volontiers quelques reliquats d’académisme au passé.

Gustave Caillebotte "Un balcon boulevard Haussmann" 1880
Gustave Caillebotte « Un balcon boulevard Haussmann » 1880

Dans cette première salle qui montre principalement les peintures des années 1870 , « Le pont de l’Europe » à Paris nous conduit par cet effet au doux glissement des « Périssoires sur l’Yerres » ; un sujet privilégié et particulièrement maîtrisé qui lui donne l’assurance par quelques touches bien placées que la lumière viendra  se refléter dans l’eau pour la rendre translucide.

Est-il déjà intéressé par le processus instantané de la photographie lorsqu’il cadre en plongée des paysages, puis des massifs de fleurs ?  A moins que ce soit son goût prononcé -comme celui de l’époque- pour le japonisme : une contemplation artistique en contrepoint du tumulte industriel environnant pour un homme qui pressent sa mort prématurée . Le soin particulier qu’il porte au jardin du Petit Gennevilliers et aux  plantes est le pivot de cette exposition et bien sûr sa véritable passion !

Une passion qui le fait construire des serres, un atelier et aménager intégralement un immense jardin, gagné sur les parcelles de terrains alentours dont il a fait l’acquisition pour sa propriété du Petit Genevilliers. Si ce jardin est le lieu d’observation et de connaissance de l’horticulture il est aussi celui de la création , de sa création, il est donc juste quand il dit  « je fais une fleur »  Une passion qui amène Caillebotte à échanger des graines et des œillets de fleurs avec ses amis tout aussi passionnés que lui. Monet en premier lieu, qui lui aussi fait aménager son grand jardin de Giverny.

Gustave Caillebotte ©TheGazeofaParisienne
Gustave Caillebotte
©TheGazeofaParisienne

Nous avançons dans l’exposition et nous sommes séduites par cet éclatement de couleurs, la beauté de son jardin, les fleurs traitées chacune comme des exceptions qui prennent possession de la toile, les dahlias rouges, les glaïeuls, les orchidées.

Gustave Caillebotte ©TheGazeofaParisienne ©AnneLesage Léonard Paris
Gustave Caillebotte
©TheGazeofaParisienne ©AnneLesage Léonard Paris

Caillebotte cherche continuellement la beauté  et à créer son oeuvre,  son jardin, ses décors intérieurs, ses compositions florales, ses perspectives qui vont au-delà de l’impressionnisme ! nous ressentons sa perpétuelle quête de la perfection, de découvertes, un désir urgent  comme si il savait qu’il avait peu de temps.

Du balcon parisien aux Marguerites qui terminent cette exposition, ces marguerites trouvées dans un grenier, comme un trésor oublié par le temps et restaurées par le musée. Le musée qui lance une souscription et nous met au parfum dès l’arrivée, ces fleurs des champs sont partout dans le jardin, à l’intérieur, sur les affiches, catalogues…

Osons simplement les marguerites et offrons les au Musée des Impressionnismes en hommage à cet amoureux des fleurs et de la peinture.

Décidément, nous aussi nous voulons des fleurs pour égayer ce début de printemps et pourquoi pas des marguerites, une multitude de marguerites…

Anne Lesage et Florence Briat Soulié

 

Exposition Caillebotte , Peintre et jardinier du 25 mars au 3 juillet

Commissariat :
Marina Ferretti, directeur scientifique au musée des impressionnismes Giverny

Gustave Caillebotte "Dahlias cactus rouges" 1892 (détail
Gustave Caillebotte « Dahlias cactus rouges » 1892 (détail)

#PassionMarguerites 

Le musée des impressionnismes Giverny

lance un appel à la générosité pour que le

Parterre de marguerites de Gustave Caillebotte

s’installe dans son écrin à moins d’une heure de Paris, pour toujours !

DONS DÈS AUJOURD’HUI

ET JUSQU’AU 21 MAI 2016

sur

Kiss Kiss Bank

&

www.mdig.fr

 

Gustave Caillebotte "Parterre de marguerites" vers 1892-1893 (détail)
Gustave Caillebotte « Parterre de marguerites » vers 1892-1893 (détail)

Cette œuvre, qui sera prochainement inscrite au catalogue raisonné de l’artiste, sera visible dès le printemps sur les cimaises du musée qui souhaite pouvoir l’acquérir pour en faire un des fleurons de sa jeune collection. Dès aujourd’hui et jusqu’au début du mois de juin, tout un chacun pourra acheter une fleur, ou même un pétale, du Parterre de marguerites de Gustave Caillebotte, à partir de la simple somme de 5 euros, pour l’offrir à la collectivité. Avec ce geste, il participera à l’enrichissement de la collection du musée des impressionnismes Giverny et donc à son rayonnement. Celui-ci s’engage à conserver et valoriser cette œuvre en 4 panneaux, qui n’a été présentée à ce jour qu’à de très rares occasions. Cet imposant Parterre de marguerites, de 200 x 100 cm, a été redécouvert au cours de la préparation de l’exposition « Caillebotte, peintre et jardinier » dont Marina Ferretti, directrice scientifique du musée, assure le commissariat et qui sera présentée du 25 mars au 3 juillet 2016 à Giverny, en prélude et comme temps fort du festival Normandie Impressionniste.

Un avis est lancé à tous les internautes, et bien sûr aux visiteurs du musée, pour les inviter à participer à l’opération de mécénat participatif (crowdfunding) intitulée

« Grâce à vous, des marguerites…passionnément ! #PassionMarguerites ».

Giverny
Giverny

Bibliographie : 

Catalogue de l’exposition à la boutique du musée.

Legs Caillebotte – Deux façons d’écrire l’histoire – Pierre Vaisse

 

Remerciements à :

Léonard Paris http://www.leonard-paris.fr/

Chapeaux D’ESTRËE https://www.destree.fr/

Dominique Dudouble http://autempsjadis.fr

3 commentaires

  • Pertinax

    Bravo pour cet article qui respire le parfum du printemps ! Gustave Caillebotte, dont le legs est à l’origine de la collection du musée d’Orsay, et qui a fait l’objet d’un travail de remise en lumière magistral par Kirk Varnedoe, futur directeur du MoMA

  • gustave

    Cette exposition s’inspire largement d’un travail universitaire : « La représentation du jardin dans l’œuvre de Gustave Caillebotte : une peinture documentaire, entre illustration et art », soutenu par Fabienne Boursier, en 2014. Malheureusement, la commissaire de l’exposition n’ a pas jugé indispensable de citer cette source. Afin de vous faire une idée, ce travail est en ligne : http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01088135

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