
Samuel Courtauld, collectionneur du si célèbre “Déjeuner sur l’herbe”
Après celle du collectionneur russe Sergeï Chtchoukine en 2016, l’espace vous présente une autre collection, celle-ci méconnue, voire pas connue d’un industriel d’origine française huguenote exilé en Grande-Bretagne. Il s’agit de la collection de Samuel Courtauld. Un ensemble le 110 oeuvres collectionnées en à peine sept années, de 1923 à 1929! La collection est conçue et proposée à travers un parcours chronologique matérialisé par l’architecte Palmieri. Il ne s’agit pas de n’importe quels tableaux. La collection est mythique pour son noyau d’oeuvres originales impressionnistes de très haute qualité, telle que “Le déjeuner sur l’herbe” (1863) de Manet
Une collection mythique, celle de Samuel Courtauld
et tant d’oeuvres sublimes, telles que
,
ainsi que des oeuvres de Renoir et de Modigliani. Un retour dans leur pays de création.
Cette collection est aujourd’hui montrée en France car son écrin basé à Londres, la Galerie Courtauld , à la fois musée et institut de recherche et d’enseignement de l’histoire de l’art. est fermée pour rénovation.
Une passion et une approche visionnaire…
Plus qu’une collection, , vous allez découvrir une personnalité étonnante, tellement bien racontée dans le film documentaire réalisé par Hans Peter Schaffel et proposé dans une des salles. Un personnage qui entre ses obligations de talentueux industriel du textile et ses aspirations poétiques a cultivé sa passion pour l’art, pour lui-même mais surtout pour les autres. Là est toute son originalité. En plus de son approche visionnaire du collectionneur, Samuel Courtauld va vous surprendre par sa profonde indépendance d’esprit. Même s’il est difficile de comprendre comment l’homme s’est fait son oeil et son goût si rapides et si avisés, il a su s’affranchir d’un establishment qui ne roulait à l’époque que pour Tissot.
Une femme merveilleuse, Elisabeth
Cet engagement artistique était largement entretenu par sa famille puisque sa femme Elisabeth, férue de musique classique, a notamment introduit dans la maison l’art moderne à travers Renoir et lui a présenté son principal et précieux conseiller, le célèbre galeriste Percy Moore Turner. Son frère a également joué un rôle puisqu’il a introduit dans la collection dix aquarelles de William Turner. Son envie de partager le pouvoir spirituel que l’art avait sur lui était sans limite.
Samuel Courtaud, humaniste et philanthropique
Il avait une conception profondément humaniste et quasi philanthropique de l’art. Vraisemblablement héritées de ses parents, ses valeurs de partage l’ont conduit à s’engager et s’investir dans de nombreux mécénats et dons. Pour ce collectionneur, les oeuvres devaient être montrées au public. Il a notamment créé en 1923 le Courtauld Fund pour la National Gallery de Londres, afin d’enrichir les collections nationales. L’oeuvre de Samuel Courtauld peut se résumer en deux mots : clairvoyance et générosité.
“L’art est éternel et universel. Il relie les hommes entre eux au-delà des époques. Il dépasse les divisions et met les hommes dans une quête vivante et universelle totalement désintéressée.” Samuel Courtauld
Une autre exposition : la collection de la Fondation / le parti de la peinture
Une deuxième exposition est visible dans le bâtiment, il s’agit d’une sélection de 72 oeuvres d’artistes de 23 nationalités différentes entre les années 1960 et 2018. Une grande diversité créative qui explore les nouvelles modalités et les nouveaux territoires de la peinture, à la fois figurative, abstraite, expressive et distanciée. Vous ne manquerez pas les oeuvres pleines de nouvelle vitalité inscrites dans l’abstraction impressionniste de Joan Mitchell (1976-1989), ainsi que la peinture lisse à la croisée du pop et de Matisse d’Alex Katz. Les nouvelles abstractions font que les artistes s’affranchissent du pinceau et puisent dans des techniques industrielles, des reproductions mécaniques et renouvellent les supports. Vous trouverez par exemple Daniel Buren, Bernard Frize, Pierre Soulages. Vous ne manquerez pas l’oeuvre murale avec divers matériaux de François Morellet, les éléments métalliques de Jesus Rafael Soto. La sculpture cinétique monochrome blanc de Robert Breer qui anime et perturbe l’espace. Les peintures à partir de photos de Gerhard Richter, ainsi que son oeuvre monumentale dans la salle dite cathédrale, travail qui a servi pour le vitrail de la cathédrale de Cologne. L’installation historique et immersive de Yayoi Kusana vous hypnotisera grâce à son jeu de tubercules et de miroirs. Ne ratez pas Le White Dark Blue faussement minimaliste de Ellsworth Kelly (à l’honneur en ce moment au Centre Pompidou avec une exposition sur son thème préféré qu’était la fenêtre). Beaucoup d’émotions et d’étonnement en perspective dans un cadre dédié à la lumière.
Laetitia Launiau