Kate Daudy, portrait d’une artiste engagée

Dès ma première rencontre avec l’artiste Kate Daudy, j’ai été conquise. Conquise par sa personnalité, fascinée par son monde. Un monde à part, magique. Telle une éponge, Kate Daudy absorbe en elle les souffrances de notre époque. Avec intensité. Elle voudrait pouvoir, par ses oeuvres, « changer le monde ». Et elle le fait. La magie de Kate Daudy transforme ses sujets même les plus sérieux, en créations artistiques aux couleurs vives, à l’énergie communicative, aux références apaisantes, poétiques, parfois même drôles. Son regard particulier emplit ses oeuvres d’un espoir contagieux qui nous captive. Car Kate Daudy est aussi forte qu’elle est sensible. « Une guerrière écossaise optimiste » comme elle aime se le rappeler. Ses oeuvres racontent tout cela.

With Artist Kate Daudy in front of River, It wasn’t That At All exhibition, Saatchi Gallery,
since Nov 2nd 2019

The Gaze of a Parisienne & Spirit Now London présentent l’artiste Kate Daudy
Crédit photo de la couverture: Tobias Harvey

La littérature Chinoise comme inspiration

Kate Daudy a étudié l’histoire de la littérature Chinoise. Elle s’est intéressée en particulier à une pratique ancienne des lettrés qui consistait à écrire sur les objets du quotidien, afin de mieux comprendre l’univers. Ainsi lors des rituels religieux, inscrivaient-ils les incantations des oracles sur des coquillages et des carapaces de tortue.

Diary, 2014. texte brodés sur tissus.

Cette pratique de l’écriture est un élément fondateur du travail de Kate Daudy. Ses lettres colorées se mêlent aux paysages du Yorkshire Sculpture Park, envahissent les grandes villes comme New-York, Londres, Manchester ou encore Aman en Jordanie. Elles viennent aussi se poser sur des objets ou des oeuvres en tissus. Ses mots reflètent ou transforment le sens de l’objet représenté. Comme « Diary« , une sublime robe de mariée, dont la jupe est couverte de phrases qui expriment…. la déception et le désamour !

Written intervention NY, 2017

« It Wasn’t That At All », exposition à la Saatchi Gallery de Londres

Exposition ‘It Wasn’t that at All« , Saatchi Gallery depuis le 2 Nov 2019

C’est ce projet passionnant qui nous a réunies. J’ai eu le grand plaisir de collaborer avec Kate Daudy à l’organisation de cette exposition ainsi que de participer à son commissariat. .

avec Kate Daudy à l’entrée de l’exposition à La Saatchi Gallery, si fière d’y avoir collaboré!

Il y a un an et demi, Philly Adams, Directrice de la Saatchi Gallery, propose à Kate Daudy de créer une réponse contemporaine à la célèbre exposition des Trésors de Toutânkhamon. Elle offre ainsi un dialogue inédit entre les exceptionnelles pièces de la tombe du jeune Pharaon et le regard d’une artiste du XXIème siècle. Kate Daudy s’est plongée dans l’étude des anciens textes Egyptiens. Elle a reçu l’aide de Richard Parkinson, l’un des plus grands professeurs en Egyptologie à Oxford, qui lui a ouvert les portes du « Griffith Institute » et lui a révélé des secrets que personne ne connait!

Exposition ‘It Wasn’t that at All« , Saatchi Gallery depuis le 2 Nov 2019

Avec Kate Daudy tout part de l’humain. Aussi son exposition, It Wasn’t That At All, s’intéresse-elle à ce que nous partageons tous en tant qu’êtres humains, que ce soit Toutânkhamon et ses contemporains ou nous-mêmes, quelques 3 500 ans plus tard. La confrontation avec la mort, la quête incessante de l’immortalité, le sujet crucial de notre relation à la Nature, la questionnement existentialiste de ce que nous sommes et ce que nous laisserons derrière nous.

Le mystère de l’au-delà et la quête de l’immortalité

I felt that what I could not see or record would cease to exist, 2019. (représentation d’outils de momification)

Depuis la nuit des temps, l’homme recherche, par des rituels religieux ou païens, à atteindre une forme d’immortalité. Aujourd’hui la science, s’est jointe aux croyances dans ce même dessein. Les progrès médicaux, comme la transplantation cardiaque, ont ainsi permis de repousser les limites de la vie. Plusieurs oeuvres de Kate Daudy illustrent ces sujets et mettent en regard les rituels de momification et nos pratiques actuelles.

serie ‘Dialogue of a man and his soul‘, 2019

La première confrontation de Kate avec la mort a été celle d’un ami très cher. Sa veuve a réuni ses proches autour de feux d’artifice, dans lesquels avaient été placées les cendres de son mari. Particulière touchante sa série, Dialogue of a Man and his Soul, montre trois immenses feux d’artifice, entrecoupés de textes, issus des psaumes du « Livre de Morts » (environ -1700 avant JC).

Prendre soin de la Nature

A l’époque des Pharaons, les Egyptiens vénéraient la nature dont les éléments étaient incarnés par des dieux. Hâpy, le dieu du Nil en crue, nourrissant toute la population, Rê, dieu du Soleil, éclairant et réchauffant le monde ou encore Khonsou, dieu de la Lune, il aidait les voyageurs perdus dans la nuit et les femmes à donner la vie. Aujourd’hui plus que jamais, notre relation avec la nature est un enjeu essentiel à notre survie. Kate Daudy lui rend hommage avec de magnifiques oeuvres créées à partir de feutrine découpée et de broderies.

Shelter‘ et inspirations de sa création

The Past never remains in the Past : toutes ces choses que nous laissons derrière nous…

Lorsqu’en 1921 Carter découvre la tombe de Toutânkhamon, au vu des trésors trouvés, le monde entier s’émeut devant la sépulture de celui qui avait du être un « Grand Pharaon ». Bien plus tard, les études des historiens et scientifiques, montrent qu’il n’en est rien. Mort très jeune (18 ans) et totalement sous l’influence des prêtres, le jeune Pharaon n’a rien fait durant son court règne. Pire, à sa mort, on a cherché à l’oublier. Enterré à la va-vite, son tombeau a été rempli d’objets pris d’anciennes tombes, même son masque serait celui d’une reine que l’on aurait raboté. Un peu plus tard, son tombeau sera recouvert par une autre tombe, rendant difficile la découverte de sa sépulture. La quantité des trésors trouvés s’explique uniquement par le fait que la tombe du jeune Pharaon a été très peu pillée, contrairement à celles des grands Pharaons.

Serie ‘Psychological landscapes’, plan et trésors du tombeau de Toutankhamon

Se pose la question de ce que nous laissons derrière nous. Que reste-t-il de ce que nous avons été? Qu’est ce qui nous définit vraiment? Pour Kate Daudy, ce ne sont pas les choses matérielles qui comptent, mais ce sont nos actes et nos décisions qui révèlent qui nous sommes réellement. C’est cela le vrai « héritage » que nous laissons.

Visite Privée avec Spirit Now London, passionnant groupe de collectionneurs créé par Marie Laure de Clermont Tonnerre

Une artiste philanthrope engagée, le projet ‘Am I my Brother’s Keeper?’

En 2016, Kate Daudy, bouleversée par la crise des migrants dans le monde entier, décide de découvrir par elle-même la situation des populations dans les zones de conflict au Moyen-Orient. A partir de son expérience sur le terrain, elle a créé une oeuvre puissante et immersive,’ Am I my Brother’s Keeper?’, sur l’identité et la reconstruction d’une vie après le chaos.

‘Am I my Brother’s Keeper?’ inside Saint Paul Cathedral , London June 2019

Aller sur place pour connaitre la vérité

Grâce au UNHCR, elle a pu se rendre dans les camps de réfugiés, et rencontrer des populations déplacées, des blessés de guerre mais aussi des médecins, des diplomates, des associations humanitaires, etc… Elle a recueilli les témoignages sur leur vécu de cette crise des migrants.

L’impressionnante résilience des hommes

Kate Daudy m’a raconté combien elle avait été frappée et touchée par le courage, la persévérance et la dignité de ces personnes qui, après avoir tout perdu, famille, maison etc…, faisaient part de leur grande chance d’être encore en vie!

« Cette tente exprime la capacité des hommes à transcender les circonstances difficiles et à se battre pour un meilleur futur » commente Kate Daudy

Avec de superbes broderies commandées à des femmes Syriennes et les propres mots des réfugiés, l’artiste a transformé une vieille tente du UNHCR, en une installation artistique très émouvante, qui parle de la dignité et de l’espoir des réfugiés.

Le voyage autour monde

Kate Daudy a offert cette oeuvre, ‘Am I my Brother’s Keeper?‘ au UNHCR en 2017. Elle est devenue un symbole universel de fraternité et d’entraide. Depuis le début, elle a reçu un accueil extraordinaire et de nombreux pays ou institutions continuent à la demander. Elle a voyagé en Europe dans les principaux musées, manifestations artistiques et universités. En Juin 2019 elle a été installée au coeur de la Cathédrale St Paul à Londres. Actuellement en Espagne depuis plusieurs mois, elle sillonnera les Etats Unis en 2021 .

Livre de l’exposition « It Wasn’t That At All » à la Saatchi Gallery

Les oeuvres de KD éveillent, surprennent et captivent. Cette artiste a un don de magicienne: elle nous fait ressentir les enjeux majeurs qui touchent à l’humain, par des créations lumineuses, poétiques, parfois disruptives toujours optimistes et tellement inspirantes!

Caroline d’Esneval

Kate Daudy : https://katedaudy.com/

Spirit Now London:

Le film présentant l’artiste Kate Daudy a été réalisé en partenariat avec Spirit Now London. Fondé en 2015 et dirigé par Marie-Laure de Clermont-Tonnerre, Spirit Now London est une organisation philanthropique qui consacre tout ses revenus au financement d’institutions culturelles et au soutient de jeunes artistes. C’est un cercle privé et international de bienfaiteurs, collectionneurs et amis, à qui Spirit Now London offre l’opportunité de rencontrer des personnalités exceptionnelles de l’art contemporain, du design, de la culture et de la science.

spiritnowlondon.com , #spiritnowlondon

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