Augusto Giacometti (1877-1947), le grand maître de la couleur

C’est un Giacometti. Et il a un talent fou. Peintre avant-gardiste Suisse, Augusto Giacometti a fait de l’exploration de la couleur l’expression mais aussi le sujet premier de son travail artistique. S’écartant des courants existants, il invente une forme de peinture totalement novatrice, originale, audacieuse . Au même titre que Kandinsky, Mondrian ou encore Malevitch, il apparait comme un des précurseurs d’une nouvelle ère dans l’histoire de l’Art: celle de l’Abstraction.

Augusto Giacometti, Azalées, 1912 ,© Erbengemeinschaft Nachlass Augusto Giacometti

C’est en visitant la très belle exposition dédiée aux peintres Suisses à la Fondation Gianadda, que j’ai découvert cet artiste fascinant. Je suis tombée en arrêt devant un de ses auto-portraits, qui ne ressemblait à aucun des autres tableaux qui partageaient sa cimaise. Surtout, j’ai été frappée par la modernité qui s’en dégageait… difficile d’imaginer qu’un siècle nous sépare!!

Augusto Giacometti , autoportrait , 1910, photo@Thegazeofaparisienne, vu à la fondation Pierre Gianadda en octobre 2021

Stampa, le fief des Giacometti

Augusto Giacometti

C’est dans un petit village Suisse nommé Stampa, au coeur du val de Bregaglia (région des Grisons), que se sont établis les Giacometti. Un prodige étrange semble avoir touché cette famille, conférant à ses membres un pouvoir de création exceptionnel. Chacun dans son domaine. Pour Augusto et Giovanni (son cousin) la peinture, et pour les trois fils de Giovanni, Alberto, Diego et Bruno, respectivement la sculpture (bien sur!), le mobilier d’Art et l’architecture. A l’âge de vingt ans, Augusto Giacometti quitte son village natal pour étudier à l’école des arts appliqués de Zurich. En 1897, il part à Paris pour quatre ans où il s’imprègne de l’art nouveau, puis s’en va vivre à Florence où il étudie la Renaissance Italienne, avant de revenir s’installer définitivement à Zurich en 1915. Mais dans sa vie comme dans son oeuvre, Stampa gardera toujours une place particulière.

Augusto Giacometti, Montagnes, 1904, ©Kunstmuseum Basel

La Couleur avant Tout

Augusto Giacometti, Fantaisie Chromatiques, 1914, ©©Erbengemeinschaft Nachlass Augusto Giacometti

« C’est assurément dans les coloris que réside l’âme du peintre et du tableau » Augusto Giacometti (1936)

Dès ses oeuvres de jeunesse – ses premiers pastels Parisiens et ses premières peintures- teintées de style Art nouveau, son talent de coloriste apparait avec évidence. Ce sont ses explorations chromatiques incessantes et passionnées qui l’amènent, à partir de 1910, à se détacher de toutes références et à créer une expression picturale totalement nouvelle, radicale. Ses paysages et ses portraits se décomposent en puissantes mosaïques de couleurs. Il est à l’apogée de son Art. Progressivement, il abandonne même toute idée de forme, pour se concentrer uniquement sur le vocabulaire coloriel, dans des créations totalement abstraites, notamment ses « fantaisies chromatiques » ( de 1910 à 1920).

Augusto Giacometti, autoportrait, 1910,
© Bündner Kunstmuseum Chur / Erbengemeinschaft Nachlass Augusto Giacometti

Les Somptueuses fresques « Blüemlihalle » (entrée du Poste de Police City de Zurich)

Augusto Giacometti, Bluemlihall, 1923-25, Fresque Poste régional City de la police de Zurich

En 1922, la ville de Zurich lance un concours pour décorer et embellir la cave voutée, transformée en hall d’entrée du poste de police de Zurich. Augusto Giacometti le remporte largement et investit le lieu avec des fresques aux rouges et ocres flamboyants, conçues de 1923 à 1925. Ornements de fleurs et de motifs géométriques pour les plafonds, représentations de personnages à leurs occupations (artisants, magiciens, et astronomes) sur les murs. Surnommée « Blüemlihalle », « Salle des petites fleurs » , cette oeuvre monumentale est considérée comme un trésors national.

 Un artiste lié à l’avant-garde artistique de son temps

Avide de nouveautés et de découvertes, Augusto Giacometti a noué des relations avec les mouvements artistiques naissants de son époque. Aussi a-t-il échangé avec les Futuristes en Italie et les Dadaïstes à Zurich, tels Tristan Tzara ou Jean Arp.

Augusto Giaconetti, Kinderfries, 1916,©Erbengemeinschaft Nachlass Augusto Giacometti

A sa mort en 1947, une épitaphe sur sa tombe, rend hommage à son talent :

 » Que repose en paix le maître de la couleur ».

Caroline d’Esneval

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