Coups de coeur en Galeries!

Rentrée artistique à Genève. La première édition de Geneva Art week, réunissant galeries et musées, a inauguré les expositions de l’automne. Petit tour dans le trendy quartier des bains et en vieille-ville pour découvrir les nouveaux accrochages.

De belles découvertes : la perspective sous toutes ses formes chez Olivier Varenne, un voyage artistique en terre indienne ( Xippas) et au coeur des oasis (Gowen), aquarelles, poésie et écriture à la galerie Analix forever .

Alexandra Jabre, Name Day dinner, photo ©thegazeofaparisienne
Alexandra Jabre, Name Day dinner, aquarelle ,
photo ©thegazeofaparisienne

Bernard Borgeaud , Bernard Frize et Felice Varini .

En face, Bernard Bourgeaud devant son oeuvre, à gauche oeuvre de Bernard Frize. Galerie Olivier Varenne
En face, Bernard Bourgeaud devant son oeuvre, à gauche Mourdi de Bernard Frize.
Galerie Olivier Varenne. Photo ©Thegazeofaparisienne

Co-commissaire de cette exposition à l’énergie contagieuse, le brillant Jean-Hubert Martin ne résiste pas à ses jeux de mots légendaires. Il s’agit bien ici de perspectives, comme nouvelles voies d’expression mais également, au sens très littéral, de perspectives visuelles !

La perspective à point de fuite unique a dominé exclusivement la peinture de la Renaissance jusqu’au 19ème siècle. La réponse de la modernité a consisté à respecter la planéité du support et à ne pas chercher à créer une illusion d’espace. Ces trois peintres offrent de nouvelles issues à cette question.” JH Martin

Ainsi, avec le XXème siècle, exit les représentations traditionnelles qui réduisaient l’art pictural à l’image “d’une vue par la fenêtre”. Les trois peintres invités, Borgeaud, Frize et Varini, dialoguent avec bonheur chez Olivier Varenne, offrant chacun un rapport très personnel à la perspective.

Bernard Bourgeaud, galerie Olivier Varenne photo©thegazeofaparisienne
Bernard Bourgeaud, galerie Olivier Varenne, photo©thegazeofaparisienne

Connaissez-vous Bernard Borgeaud ? Pour ma part, je découvre son travail grâce à cette exposition. Et pourtant, dans les années 70, il a fait parti du groupe d’artistes réunis autour de Christian Boltanski , avec Annette Messager ou encore Sarkis. Durant cette même décennie, le centre Pompidou commence à le collectionner. Dans les années 80, le Musée d’Art Moderne de Paris lui offre un exposition personnelle, tout comme la Kunsthalle de Berne! Depuis la photographie de ses débuts jusqu’à ses immenses peintures récentes, on retrouve en fil rouge, des oeuvres libres, dynamiques.

Sur les murs de la galerie, posées à terre, de grandes toiles s’étirent en lignes énergiques convergeant, chacune, en un oeil imaginaire. Les couleurs vibrantes , choisies avec soin, sont libérées par l’artiste d’un seul geste. À ces créations en bandes répond une immense spirale tourbillonnante au pouvoir hypnotique. Une très belle découverte !

Felice Varini, installation . Oliver Varenne Photo © courtesy Olivier Varenne et l'artiste
Felice Varini, installation . Oliver Varenne Photo © courtesy Olivier Varenne et l’artiste

Bernard Frize, lui, recherche le moyen de réduire au maximum les décisions de l’artiste lorsqu’il produit ses toiles. Il nous livre ici des entrelacs avec superpositions et croisements de couleurs vives et aussi des heureux “événements” du hasard qui apportent un charme vivace à son travail. Tel un magicien l’artiste Felice Varini, quant à lui, transforme les espaces en un monde pop. Il revisite chaque pièce de la galerie, et change la perception et la perspective de ce qui nous entoure !

Jusqu’au 16 Novembre, Galerie Olivier Varenne , rue des Bains Genève

C’est un lieu bourré de charme où cohabitent avec bonheur trois lieux d’exposition, un jardin accueillant des installations et sa propre maison, au premier étage, avec vue sur la nature. J’apprends que l’endroit était le laboratoire de chimie et criminologie de son oncle! La passionnante et délicieuse Barbara Polla me fait découvrir cette maison enchanteresse et me raconte les artistes qu’elle présentent actuellement. Nathalie Rodach, l’artiste invitée dans le cadre de Forever livres #6 , Laure Tixier et Alexandra Jabre .

Nathalie Rodach est une artiste que je suis depuis plusieurs années. Elle puise son inspiration dans le spirituel, la terre, la nature et crée à l’instinct en laissant s’accomplir l’oeuvre. J’aime sa sensibilité, son travail subtil et émouvant. Elle parle de l’humain, nos questionnements, notre relation au monde, notre destin, ce qui nous fait avancer et les maillages qui nous retiennent.

Pour cet événement et avant le déclenchement du conflit , elle avait choisi d’écrire une oeuvre sur la paix et d’évoquer Abel et Caïn, les frères ennemis. L’un mort , l’autre banni, deux personnes partageant le même sang, ou deux faces opposées de chacun de nous? Et puis il y a cette gaze avec la goutte de sang. “Et une seule goutte de sang qui souille le bon ordonnancement divin” N.Rodach. Une oeuvre émouvante qui nous touche en plein coeur.

Alexandra Jabre, Margaux's party, 2023 Galerie Analix Forever Photo ©thegazeofaparisienne
Alexandra Jabre, Margaux’s party, 2023 Galerie Analix Forever,
Photo ©thegazeofaparisienne

Cette merveilleuse aquarelliste et portraitiste hors pair, révèle les personnalités individuelles à travers des oeuvres monochromes à la fois réalistes et oniriques. Observatrice précise, l’artiste met en avant la singularité de chacun mais livre aussi une réflexion sur les relations que les individus tissent entre eux. Je suis fascinée par son oeuvre Name Day dinner, où des jeunes se retrouvent les uns à côté des autres; les traits de chaque visage sont détaillés ainsi que les mains qui manient téléphone ou verre de vin, alors que les corps semblent se fondre les uns avec les autres. Jabre illustre, avec une infinie poésie, les liens qui unissent ce groupe dont “l’unité apparait comme une fusion d’individualité” , commente Barbara Polla.

Plus loin, Falling, une grande installation murale représente l’artiste planant dans les airs dans une voltige gracieuse. Plus charnelle et érotique , Mark and I, nous fait rentrer dans l’intimité de son couple. Une superbe découverte !

Alexandra Jabre, Falling, installation murale, aquarelle Galerie Analix Forever photo ©Thegazeofaparisienne
Alexandra Jabre, Falling, installation murale, aquarelle Galerie Analix Forever photo ©Thegazeofaparisienne

  • Laure Tixier , aquarelle galerie Analix
  • Laure Tixier, Maison Plaid (Plaid House) Galerie Analix Forever photo © Andres Lejona | Mudam Luxembourg

Célébrée en France comme à l’étranger, Laure Tixier mène depuis des années une réflexion sur le thème de l’habitat qui peut être maison-cocon protectrice, refuge pour rêver et jouer ou au contraire prison, contrainte et souffrance. Ce paradoxe est abordé dans chacune des oeuvres présentées avec subtilité et poésie.

Laure Tixier s’exprime avec une riche variété de mediums, l’aquarelle où elle excelle, le dessin, la sculpture, la broderie ou encore le textile.. Dans l’exposition, elle évoque les centres pénitenciers pour enfants encore présents jusqu’au milieu du XXème siècle, les “maisons du bon pasteur” où étaient envoyées les jeunes filles, elle crée des “maisons édredons” à l’aquarelle, des sculptures d’habitation-ruche et présente une de ses fameuses immenses “maisons plaid”.

Jusqu’au 15 Novembre , Galerie Analix Forever , Rue du Gothard 10, Chêne-Bourg

Il y a une véritable charme nostalgique dans les aquarelles et huiles sur toile de cette artiste indienne (née en 1983 à Mumbay). On y découvre des paysages de Goa, souvenirs de son enfance , qui se transforment au fil du temps du fait du développement du tourisme et de l’urbanisation de la région. Elle y évoque la disparition progressive des champs agricoles, l’appauvrissement de sa biodiversité l’altération de la beauté de ses côtes marines.

Karishma D'Souza , aqurelle, Galerie Xippas ©thegazeofaparisienne
Karishma D’Souza , aqurelle, Galerie Xippas ©thegazeofaparisienne

J’aime particulièrement ses harmonies de couleurs, la répétition de motifs évoquant les tissus précieux indiens et la grâce infinie de son travail.

Karishma D'Souza , aquarelle Galerie Xippas photo ©Thegazeofaparisienne
Karishma D’Souza , aquarelle Galerie Xippas photo ©Thegazeofaparisienne

Jusqu’au 28 Octobre , Xippas Genève, Rue des Sabons 6 et du Rue du Vieux-Billard 7, Genève

M'hammed Kilito, Galerie Gowen Photo ©thegazeofaparisienne
M’hammed Kilito, Galerie Gowen Photo ©thegazeofaparisienne

Partageant ces mêmes préoccupations, M’hammed Kilito, photographe reconnu à l’internationnal, présente des images absolument magnifiques d’oasis marocains et d’AlUla en Arabie Saoudite . Son objectif? Mettre en lumière la dégradation de ces oasis – véritables écosystèmes pour les populations locales- due à la crise climatique et aux changements des modes de vie. Très belle exposition illuminée par la beauté de ces photos.

M'hammed Kilito, Galerie Gowen Photo ©thegazeofaparisienne
M’hammed Kilito, Galerie Gowen Photo ©thegazeofaparisienne

Au cours des dernières années, j’ai visité de nombreuses oasis,(…) J’ai pu comprendre la richesse de cet environnement, mais aussi ses réalités criantes. J’ai réalisé que la désertification, les sécheresses et incendies récurrents, les changements de pratiques agricoles, la surexploitation des ressources naturelles, l’exode rural et la forte baisse de la nappe phréatique sont autant de menaces imminentes pour l’existence des oasis” M’hammed Kilito

Jusqu’au 11 Novembre , Galerie Gowen, Grand Rue 23, Genève

Caroline d’Esneval

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