Site icon THE GAZE OF A PARISIENNE

Jean Honoré Fragonard (1732-1806) au MET

 

ENGLISH VERSION (Click here)

Une exposition consacrée aux dessins du maître français au Metropolitan Museum of Art.
C’est un retour en arrière assez surprenant à l’heure ou l’art contemporain bat son plein dans la ville qui ne dort jamais.

Le MET qui a toujours su affirmer son indépendance nous offre alors un retour à nos sources : nourrir notre âme par la beauté de ces dessins qui en réalité nous rappelle notre histoire (faute de trop souvent l’oublier).

Jean Honoré Fragonard (French, 1732–1806).

Cette petite exposition – uniquement trois salles – est composée de plus de cent oeuvres que nous n’avons pas l’habitude de voir. En effet, la majorité des dessins exposés proviennent de collections privées. C’est d’ailleurs comme cela qu’est née l’idée de cette exposition. La ville de New-York regroupe un nombre important de collectionneurs de dessins anciens. L’originalité de l’exposition en plus de la beauté des dessins qu’elle nous donne à voir, vient de la provenance de ces derniers. Quel plaisir  de pouvoir admirer des oeuvres qui ne sont pas dans le domaine public, qui ne l’ont jamais été et qui ne le seront peut-être jamais. Un léger sentiment d’exclusivité s’installe chez le visiteur qui a conscience de l’éphémérité de ce moment.

C’est une sorte de privilège que de pouvoir les contempler tous en même temps. Le rapport collectionneur / Musée aux États-Unis se différencie fortement de celui des institutions françaises. Effectivement, il y’a une réelle collaboration des collectionneurs, une volonté d’organiser des expositions – celles-ci sont également rendues possibles par le financement de ces collectionneurs passionnés. Un cadre juridique vient nécessairement entourer cette pratique afin d’éviter les jeux de spéculation – certes moins courant pour les oeuvres du XVIIème comparativement à l’art contemporain.

L’exposition constituée de sanguines, dessins, craies apparait comme une réelle introspection. Par ces dessins si minutieux, qui attention,  ne sont pas forcément que des dessins préparatoires; – nous tentons de comprendre nos racines. Nous sommes trop souvent confrontés à des oeuvres qui jouent sur la notion de rapidité. Les formes, les matières et les couleurs se succèdent sans que nous nous questionnons sur leur sens. Cette exposition nous offre alors la possibilité de contempler, de prendre le temps, d’accorder à  nouveau une importance aux détails – chose que nous ne savons certainement plus faire à l’heure ou les minutes défilent.

Jean Honoré Fragonard (French, 1732–1806).

Il est intéressant également d’étudier le rapport entre les oeuvres provenant de la collection du MET et celles provenant des collectons privées. On établit des liens formels ou même historiques entre ces dernières : les diverses histoires se rencontrent. C’est aussi un moyen de connaitre la vie de l’artiste. Les américains insistent évidement sur le fait que Fragonard soit français, qu’il soit né à Grasse ville des parfums. Tout a besoin de narration, raconter des histoires ou raconter l’Histoire. C’est d’ailleurs un peu cela que nous retrouvons dans l’oeuvre de Fragonard, à la fois ces dessins nous apportent des témoignages sur l’Histoire (comme de nombreuses oeuvres en général – il s’agit d’un testament sur les coutumes et les événements de l’époque) mais ces dessins nous racontent aussi des histoires.

L’originalité de cette exposition réside aussi dans le fait que la plupart des dessins exposés ne sont pas des dessins préparatoires comme mentionné plus haut. En effet, les dessins de Fragonard ne doivent pas être perçus comme des outils ou des études. Cette exposition s’attache aussi fortement sur les changements opérés dans la culture visuelle du XVIIIème, au XVIIIème d’après la curactor de l’exposition l’art occupe une nouvelle place dans la société. Il est vrai que de plus en plus d’expositions sont organisées, l’Académie Royale a une place centrale et les critiques font leur apparition. Dès la première salle on peut y voir quelques dessins de Charles-Joseph Natoire et de François Boucher, afin de comprendre l’univers de Fragonard et aussi de son rapport avec ses ainés. La deuxième salle de l’exposition s’attache plutôt à Fragnoard paysagiste, peintures pastorales et son inspiration des peintres hollandais. Il s’attarde sur des scènes de la vie, de la rue ; une magnifique craie rouge de 1774 représentant un pêcheur est exposée. La troisième galerie s’attache au thème de la mémoire et de l’imagination, c’est la période de son retour d’Italie. Fragonard explore différente technique tout en gardant son propre style.

Jean Honoré Fragonard (French, 1732–1806).

L’exposition est joyeuse. C’est un moment important que de se concentrer sur notre histoire dans un monde où tout va trop vite. Nous avons désormais perdu ce souci du détail. Cette volonté de représentation minutieuse. Les avancées technologiques en sont en grande partie responsable. En effet, l’instantéinté permise par nos appareils photos actuels nous permettent de capturer chaque moment sans limite de quantités. Nous nous retrouvons ainsi envahis par les images, sans avoir le temps de réellement regarder ce dont nous disposons en face de nous.

Cette exposition organisée par Perrin Stein (curator in the Departements of drawings and prints) est une réussite, un vrai enchantement.

La scénographie de l’exposition a été réalisée par Biran Olivier Butterfield.

Le catalogue a été rédigé par Marie-Anne Dupuy-Vachey et Eunice Williams.

C’est au MET jusqu’au 8 janvier 2017.

Et pour terminer la visite en beauté, le meilleur cappucino de New York est sur Madison au Sany Ambroeus. Ce café mythique est délicieux, on peut y grignoter toutes sortes d’encas italiens. http://www.santambroeus.com/

Emilie Julie Renault

Jean-Honoré Fragonard
“Portrait de Joseph-Jérôme Lefrançois de Lalande ?” vers 1769
Huile sur toile
Petit Palais – Paris

Petite parenthèse : l’autre jour,  j’ai pu admirer  encore  le talent de Fragonard au Petit Palais à Pars , avec ce portrait sublime présumé de Joseph Lefrançois de Lalande.

Sant Ambroeus

MET MUSEUM – Fragonard – Drawing Triumphant

6 OCTOBRE 2016-JANVIER 8, 2017

Restaurant :

Sant Ambroeus  – 1000 Madison Avenue, NY 10021
Tél. 212-570-2211

Horaires : 8 h – 23h 

 

Catalogue de l’exposition : 

 

By Perrin Stein
Contributions by Marie-Anne Dupuy-Vachey, Eunice Williams, and Kelsey Brosnan
This catalogue accompanies The Metropolitan Museum of Art Department of Drawings and Prints exhibition.

 

 

 

40.775053-73.965151
Quitter la version mobile