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Balenciaga, l’oeuvre au noir – Musée Bourdelle

 

Balenciaga
Musée Bourdelle –

Quand la mode s’invite au musée, ça donne toujours envie. Je veux dire, pas dans un musée de la mode, dans un vrai musée. Car installer des robes, des manteaux et des chapeaux au milieu des toiles ou des sculptures, c’est faire du vêtement une oeuvre et d’un couturier un artiste. Structure, démarche, exploration : ce n’est plus l’artisanat poussé à l‘excellence que l’on voit mais la beauté pure d’un drapé, la subtilité des étoffes, l’alchimie des couleurs, la magie d’un detail. Ne manque plus que le mouvement, mais on l’imagine.

Musée Bourdelle – Atelier

Alexander Mc Queen au Metropolitan de New York en 2011 ou Jean-Paul Gauthier au Grand Palais en 2015 sont sans doute les exemples les plus réussis de la reconnaissance des enfants terribles de la mode par les institutions culturelles les plus prestigieuses.

Alors évidemment Balenciaga au Musée Bourdelle, première partie de la saison espagnole imaginée par le Musée Galliera, est une belle promesse, tant le maître ibère s’impose comme le couturier des couturier, “notre maître à tous” disait Christian Dior.

Musée Bourdelle – Photo de famille

Et il ajoutait : “le vêtement était sa religion”. Car il y a effectivement une inspiration monacale dans son travail, que ce soit ce noir omniprésent, comme une condition de la pureté, ou les coupes apparemment si simples. Balenciaga est d’abord un technicien qui refuse toute concession, ne confiant au hasard que le tombé d’un tissu. Tout le reste n’est que travail et précision comme on on peut le voir dans le Hall des plâtres. Des toiles de percale annotées de repères, traversées de piqûres, crans de montage, points de bâti : couture et sculpture ne font qu’un. Il faut ensuite se perdre dans les ateliers et descendre au sous-sol, la magnifique extension moderne signée Christian de Porzamparc, pour découvrir les extraordinaires silhouettes auxquelles ce subtil travail de déconstruction puis de jeu entre sctructure et volume, a donné naissance.

Musée Bourdelle – Extension l’architecte Christian de Portzamparc

On regrettera alors que ces pièces devenues mythiques soient si mal éclairées, écrasées dans la pénombre ou parfois partiellement éblouies de spots, finalement presque toutes égales. Quelle frustration de perdre en route brillances, matités et transparences sans lesquelles le noir n’est plus qu’obscurité. On préférera remonter dans les galeries et retrouver les dessins préparatoires de Balenciaga. A la mine, tout est déjà là, le corps de la femme sublimée en plus.

Balenciaga
Antoine Bpurdelle statuette de son élève et une des premières femmes pilote Madeleine Charnaux (1902-1943)

Et l’on pourra alors prendre son temps pour (re)découvrir les ateliers, verrières et jardins de ce musée Bourdelle qui n’a de musée que le nom. Il s’agit en fait de l’un des derniers témoignages des cités d’artistes parisiennes qui fleurissaient à Paris à la fin du XIXème et début du XXème siècles. Bourdelle y vécut et y travailla de 1885 jusqu’à sa mort en 1929. Si vous ne connaissez pas cet écrin niché au coeur de Montparnasse, saisissez le prétexte de cette exposition pour vous coupez un instant du monde et du temps, au pied des sculptures monumentales de Bourdelle, plongés dans son intimité

Charlotte Le Grix de la Salle

BALENCIAGA, L’OEUVRE AU NOIR

DU 8 MARS AU 16 JUILLET 2017

MUSÉE BOURDELLE
18, rue Antoine Bourdelle 75015 Paris
Tél : 01 49 54 73 73

Commissaire : Véronique Belloir, chargée du Département Haute Couture au Palais Galliera
Direction artistique / scénographie : Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera.

Balenciaga – Musée Bourdelle – grand hall des plâtres
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