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La Master Collection d’Henri Cartier Bresson

Nous sommes en 1970; « l’Oeil du siècle » le photographe Henri Cartier Bresson renonce peu à peu à la photographie pour se consacrer au dessin.
A la demande de John et Dominique de Menil, soutiens de Magnum et très grands collectionneurs vivant à Houston, Henri Cartier-Bresson sélectionne 385 photos qui deviennent la Master Collection ou le Grand Jeu.

En 1973, il choisit de faire développer par Georges Fèvre (laboratoires Picto) cette série d’épreuves au format 30 × 40 cm, en 6 jeux complets, chaque jeu sera parsemé dans le monde et sera placé dans des institutions, la collection Menil à Houston, la BNF, la Victoria & Albert Museum, l’Université des Arts à Osaka, la Fondation Henri Cartier-Bresson et la dernière depuis peu, la collection Pinault.

Ce Grand Jeu est un regard du photographe sur sa propre vie à travers ses images. On est emmené à chercher la signification de cette sélection, ce Grand jeu nous cache t-il un secret, comment le comprenons-nous, qu’y voyons nous et comment l’artiste a-t-il procédé au choix ?

Saul Steinberg, Sans titre (Leica factice) vers 1974. Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris. A gauche : Henri Cartier-Bresson pendant sa captivité au Stalag V-A, 12 juillet 1942. Fondation Henri Cartier-Bresson Sélection Wim Wenders.

Matthieu Humery, commissaire général a eu cette idée d’exposition : proposer à 5 commissaires de sélectionner 50 photos de ce Grand Jeu, en toute liberté sans se concerter.

La règle du jeu

Les 5 commissaires ont fait en quelque sorte cette expérience inverse du photographe, ils ont dû définir un fil conducteur, se laisser porter dans cette lecture de ces 385 photos que je regarde accrochées sur ce mur impressionnant face à nous !

5 commissaires, 5 personnalités, le collectionneur : François Pinault, l’écrivain : Javier Cercas, le cinéaste : Wim Wenders, la photographe : Annie Leibovitz, la conservatrice : Sylvie Aubenas. Cinq angles de vue très différents, avec parfois les mêmes images doubles ou triples piochées dans les collections. Le résultat : une exposition qui devient très didactique et qui tout en exprimant les sentiments de chacun des protagonistes, nous éclaire sur le propos de l’artiste.

François Pinault

Henri Cartier-Bresson – Sélection François Pinault.

Je commence par la sélection de François Pinault qui retracerait les Choses de la vie des bonheurs simples, les aléas de tous les jours comme saisis au vol par l’objectif du photographe, parfois étranges, souvent dans les rues  comme ces deux femmes qui font salon dans des piles de cageots.

Des sentiments bien alignés dans ces images accrochées aux murs de l’exposition. Chaque commissariat a son code couleur, bleu, rose, gris…

Javier Cercas

Henri Cartier-Bresson / Sélection Javier Cercas

Je poursuis ma visite et découvre la série choisie par Javier Cercas racontant l’histoire d’un drame qui semble se jouer pendant qu’un ouvrier dort paisiblement dans son usine. L’écrivain espagnol a choisi également les portraits d’autres écrivains, celui de Samuel Beckett illustre bien le propos de Vladimir dans En attendant Godot « Alors on y va ? » 1952. Un roman qui se lit à travers les images qui défilent sous nos yeux.

Albert Camus , l’homme révolté, 1951.

« Qu’est ce c’est qu’un homme révolté ? C’est un homme qui dit non. « 

Wim Wenders

A côté ambiance cinéma, on est dans le bain, accessoire et héros du film nous accueillent à l’entrée plongée dans le noir d’une salle de projection.

L’accessoire est l’œuvre de Saul Steinberg, une sculpture sans titre un Leica factice, marque emblématique de l’œuvre de Cartier Bresson

Henri Cartier-Bresson – Sélection Wim Wenders – Au centre portrait d’Albert Camus

Henri Cartier Bresson se prend au jeu de faire semblant de photographier , cela le rend heureux .
Dans cette série on y rencontre les acteurs de sa vie, les écrivains, les gens qu’il croise dans ses voyages…
Le cinéaste souligne l’importance du regard très explicite qui veut dire tant de choses, révèle les émotions  des gens devant l’objectif dans un épisode de leur vie.
Wim wenders met en avant toutes ces expressions qui deviennent évidentes dans le regard du cinéaste : Les yeux de Beckett, ceux de Camus chaleureux, celui espiègle de Calder.

Sylvie Aubenas

Henri Cartier Bresson

« Photographier est une attitude dans la vie »
« Mais je ne crois pas au hasard »
Henri Cartier-Bresson – Sélection Sylvie Aubenas

Sylvie Aubenas, murs roses, légendes des photographies inscrites sur les murs, tout s’éclaire, elle est dans son rôle d’historienne de l’art et nous dirige dans la compréhension de l’oeuvre de L’œil du siècle , l’importance de la lumière, du cadrage , la dualité, des livres qu’il composait.

Annie Leibovitz

Annie Leibovitz

« Voir l’œuvre de Cartier-Bresson m’a donné envie d’être photographe »
Henri Cartier-Bresson / Sélection Annie Leibovitz

Je termine par Annie Leibovitz, jeune photographe pour la revue Rolling Stones , elle décide de faire des portraits de photographes, celui qui ne répond pas à l’appel est Henri Cartier Bresson, elle se rend alors à Paris pour le trouver et réussit à prendre quelques clichés à son insu, il se sent trahi, mais l’invite à déjeuner.. et lui donne l’autorisation.

Finalement ce sont cinq portraits de femmes et d’hommes qui se dévoilent en acceptant de jouer au Grand Jeu. 5 caractères, 5 vies, 5 rencontres avec Henri Cartier-Bresson.

A voir également à la BNF

En transit : photographies de Paul Ickovic

Paul Ickovic – Vue d’ensemble

Les photographies de Paul Ickovic, 40 instantanés pris dans les rues, au cours de ses voyages à travers le monde. Ces photographies viennent d’être données par l’artiste et rejoignent les collections de la BNF. C’est la première fois qu’une exposition dans une institution en France montre son oeuvre.

Henri Cartier-Bresson, photographe. Paris Delpire, 1979 et à droite : lettre de Paul Ickovic à l’éditeur Robert Delpire à propos des contitions d’impression de l’ouvrage Henri Cartier-Bresson, photographe, paru en France en 1979 . Coll. part de Paul Ickovic

Paul Ickovic aimait beaucoup Brassaï qui l’inspirait ainsi qu’Henri Cartier-Bresson et le hasard des dates fait que leurs expositions soient au même moment à la BNF. Paul Ickovic avait collaboré avec Henri Cartier-Bresson à un livre Henri Cartier-Bresson, photographe des éditions Delpire, paru en 1979.

Vue d’ensemble

A propos de l’oeuvre de Paul Ickovic, Milos Forman, 2014 :

« J’aime les histoires. Chacune de ces images en raconte une, complexe et saisissante. Sans paroles – son langage n’en a pas besoin. Les photographies racontent tout. « 

Photographe humaniste, grand voyageur, il a eu une carrière de pilote de ligne pendant un temps, ses images laissent transparaître la profonde empathie qu’il ressent auprès de ses sujets.

INFORMATIONS :

Henri Cartier-Bresson Le Grand Jeu

Exposition de la Bibliothèque nationale de France, co-organisée avec Pinault Collection-Palazzo Grassi, en collaboration avec la Fondation Henri Cartier-Bresson

19 mai – 22 août 2021

Galerie 2
BnF I François-Mitterrand
Quai François Mauriac, Paris 13e

RESERVATION OBLIGATOIRE

Exposition Henri Cartier-Bresson. Le Grand Jeu – Dossier de presse – BnF

Commissaire général

Matthieu Humery, spécialiste de la photographie, conseiller pour la photographie auprès de Pinault Collection

Commissaires

Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la photographie de la BnF

Javier Cercas, écrivain


Annie Leibovitz, photographe


François Pinault, collectionneur

Wim Wenders, réalisateur

Exposition

En transit : photographies de Paul Ickovic

Galerie des donateurs

BNF I François Mitterrand

19 mai – 22 août 2021

Commissariat :

Dominique Versavel, conservatrice au département des estampes et de la photographie

https://www.bnf.fr/fr/agenda/expositions



Henri Cartier-Bresson / Le Grand Jeu – © The Gaze of a Parisienne
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