Artcurial

Vente Mobilier & Objets d’Art – 22 juillet 2020 

¤ SUITE DE MOBILIER ROYAL À CHÂSSIS D’ÉPOQUE LOUIS XVI PAR GEORGES JACOB ET JEAN-BAPTISTE RODE
LIVRÉE POUR LE COMTE D’ARTOIS (1757-1836) AU CHÂTEAU DE BAGATELLE
VERS 1778-1779

Vendu 1 174 500 €



En bois sculpté, doré et patiné façon canon de fusil, composé d’une paire
de fauteuils et d’une paire de chaises, les montants du dossier en faisceau de lances, ceints d’enroulements de laurier grainé, les pieds en forme de faisceaux de flèches ornés des mêmes enroulements et surmontés d’une massue, réunis par des barres d’entrejambes à tiges et enroulements de laurier noués, les dossiers à châssis, deux chaises et un fauteuil avec une marque au feu B sous couronne pour le comte d’Artois à Bagatelle ; non garnis, éclats et manques mineurs au décor
Dimensions des fauteuils :
H. : 92,5 cm (36 1/2 in.)
l. : 60 cm (23 1/2 in.)
P. : 55 cm (21 1/2 in.)
Dimensions des chaises :
H. : 93,5 cm (36 3/4 in.)
l. : 48 cm (18 3/4 in.)
P. : 47 cm (18 1/2 in.)

Georges Jacob, reçu maître en 1765.
Jean-Baptiste Rode (1735 – 1799), sculpteur, reçu maître en 1766.
Daniel Aubert, doreur, actif dans les années 1770.

Provenance :
Livrée en 1778-1779 au comte d’Artois pour sa chambre à coucher du château de Bagatelle.
Possiblement le Prince Ferdinand Victor Amédée de Faucigny-Lucinge (1789-1866) et Charlotte-Marie Augustine, comtesse d’Issoudun (1808-1886) – fille de Charles-Ferdinand de Bourbon (1778-1820),
duc de Berry et petite fille du Comte d’Artois (1757-1836) et de Marie-Thérèse de Savoie (1756-1805) – au château de Chermont en 1866
Possiblement Maurice de Chacaton (1862-1937) au Château de Chermont puis par descendance jusqu’à la fin du XXe siècle.
Vente de la paire de fauteuils par leur propriétaire à la fin du XXe siècle – en 1994, selon un article de Vincent Noce (1).
Vente à Dijon le 14 mai 2000 lot 150 puis vente à Paris, le 21 juin 2000 pour la paire de chaises.
Galerie Camille Burgi où acquis par l’actuel propriétaire, collection privée suisse.

Exposition :
Biennale des Antiquaires de Paris, en septembre 2000 pour la paire de chaises.

Bibliographie :
J.M. Franc, « Dictionnaire des menuisiers, ébénistes, sculpteurs, tourneurs et doreurs du XVIIIe siècle », Tome 1, 2000, illustrée en couverture (paire
de chaises).
J.N. Ronfort, D. Augarde « Chaises de la chambre du comte d’Artois au château de Bagatelle », Catalogue Camille Burgi, Biennale 2000, pp.32-37

Bibliographie comparative :
Henri Gaston Duquesne, « Le château de Bagatelle (1715-1908) : d’après les documents inédits des Archives Nationales », Paris 1909.
Pierre Verlet, « Les meubles français du XVIIIe siècle », Paris, Presses universitaires de France, 1982, 2e éd., 291 ill. 25.
J.L. Gaillemin, D. Alcouffe, C. Baulez et al. « La Folie d’Artois », Antiquaires
à Paris, 1988.
C. Baulez, « L’ameublement du Comte d’Artois », pp.89-97, dans M. Constans, Bagatelle dans ses jardins, Paris, 1997.

A Louis XVI royal gilt and patinated wood mobilier a chassis comprising a pair of armchairs and a pair of chairs by Georges Jacob and Jean-Baptiste Rode delivered to the comte d’Artois (1757-1836) at the chateau de Bagatelle

* Veuillez noter que les chaises n’ont pas de certificat de bien culturel mais peuvent sortir d’Europe car sont sur le territoire en importation temporaire.
Les fauteuils quant à eux ont un certificat de bien culturel et sont également en importation temporaire.
* Please note that the chairs to not have a certificate but can be exported out of Europe as they are in France on temporary admission.
The fauteuils do have a certificate and are also in France on temporary admission.

* Information aux acheteurs :
Lot en provenance hors CEE : aux commissions et taxes indiquées aux conditions générales d’achat, il convient d’ajouter la TVA à l’import (5,5% du prix d’adjudication).

* Information to buyers :
Lot from outside the EEC : to the commissions and taxes indicated in the general conditions of purchase, additional import tax (5,5 % of the hammer price) will be due.

Cet ensemble de sièges témoigne d’une inventivité et originalité rares, dignes de leur commanditaire, le comte d’Artois (1757-1836), futur roi Charles X. Portant les marques au feu du château de Bagatelle, il est exceptionnel tant par sa provenance que par son dessin avant-gardiste. Destiné à être placé dans la célèbre chambre à coucher du comte, fameuse par son décor de campement militaire, il est parvenu jusqu’à nous dans un état de conservation remarquable.

LA CHAMBRE À COUCHER DU COMTE D’ARTOIS À BAGATELLE

À la suite d’un pari avec la reine Marie-Antoinette, le comte d’Artois
fit mener la construction du château de Bagatelle en quelques semaines sur le domaine nouvellement acquis. Les travaux commencèrent le 21 septembre 1777 pour s’achever le 26 novembre de la même année sous la direction de l’architecte François Joseph Belanger (1744-1818). L’exécution du décor dans le goût arabesque prit cependant plus
de temps.

Le rez-de-chaussée était composé d’ « un vestibule, une salle à manger, un billard, un salon et un boudoir orné dans le goût de l’époque.
Puis un escalier en acajou, coupé avec une légèreté incroyable et suspendu sur lui-même, conduit au premier étage où se trouvent plusieurs chambres à coucher qui ont un air de famille avec
les délicieux boudoirs des Trianons; celle du maître du logis montre
une décoration toute militaire (2) et représentait une riche tente
de campement militaire, avec son lit à fers de lances, son plafond
à gros plis retenus par les foudres de Mars, et sur les murs drapés, c’étaient des boucliers, des panoplies, des attributs guerriers. La cheminée avait pour jambages deux couleuvrines en cuivre ciselé posées sur leur culasse et portant un riche entablement à frises de symboles militaires. Les chenets avaient la forme de boulets et de bombes ; la pendule dessinée par Belanger et exécutée par Lepaute figurait un trophée d’armes antiques ; les bras de lumière : des instruments de musique guerrière. C’était une allusion à la charge de grand maître d’artillerie dont fut investi le duc d’Angoulême, aujourd’hui comte d’Artois ». Il y eut des hésitations pour la soierie qui devait revêtir la pièce et la moire jaune livrée en 1781 fut écartée pour un meuble de couleur bleu et blanc (3).

Des projets de l’architecte Bélanger conservés à la bibliothèque Nationale et illustrés dans J.L. Gaillemin et al. La Folie d’Artois, Antiquaires à Paris, 1988, pp.132-133 nous laissent davantage imaginer sa fantaisie qu’ils ne donnent une idée précise de son décor. Ils font ainsi apparaître un lit dont le dossier est en arbalète. Les faisceaux d’armes sont enrubannés alors qu’ici il s’agit d’enroulements
de branchages de laurier.

MÉMOIRES DU MENUISIER JACOB ET DU SCULPTEUR RODE

Des traces de la commande de notre mobilier figurent dans les documents d’archives relatives au château de Bagatelle.

Le « Mémoire des ouvrages faits et fournis pour Monseigneur le Comte d’Artois sous les ordres de Monsieur Jubault par Jacob menuisier
en meubles rue Meslée » (4) rédigé en 1781, mentionne « un lit, deux fauteuils en bois de noyer faits à double assemblages les pieds tournés en entier et des chassis aux dossiers pour recevoir les garnitures
a 42…. 84 /pour la ferrure des quatre chassis des dossiers posées
et ajustées de…10//deux chaises pareilles a 30….60 « et un pied
qui sert à porter un coffre-fort […] » Le mémoire de sculpture par Jean-Baptiste Rode pour les meubles du Comte d’Artois
en 1778 et 1779 décrit les détails du décor des « articles de la chambre à coucher » et permet ainsi de l’identifier formellement. Sont en effet précisément mentionnés les baguettes en faisceaux, les enroulements de branches de laurier, les massues, les flèches, les petites bossettes sur les dés de raccordement des sièges : « Les deux pieds de derrière sont faits à quatre lances chaque le petit bouton sur les bouts des piques de lances portant en bas sur un petit soc en champignon enveloppé de feuilles de branches de laurier depuis le bas jusqu’en haut le cintre du fauteuil en faisceau de huit baguettes enveloppé de branches de feuilles de laurier en sottoire,, le petit daussier a huit baguettes en fesseaux egallement enveloppé de branches de feuille de laurier sur les quatre pieces d’assemblage six baguettes en fesseaux d’armes enveloppé
de branches de feuilles de laurier fesant partie et contre party a chaque pied de devant une massu fesant consolle le bas de pieds avec quatre fleches portant sur un soc fesant champignon enveloppé de branche de laurier depuis le bas jusque haut avec huit petites bosette sur les quatre socles a l’asemblage, le tout fait à la main pour prit de la sculture d un fauteuil la somme de cent vingt Livres le pour prit de la sculture des deux fauteuils ensembles la somme de…..240 l-. (5).

[…] Suite des articles de la Chambre à coucher

Avoir fait la sculture de deux chaise meme composition de sculture et lances ainsi que laurier fesseaux massu qu’aux fauteuils
ci desus pour prit de la sculture d’une chaise la somme de cent quinze livres le pour prit de la sculture des deux chaises en sembles la somme de…..230 l-« .

Les motifs décoratifs décrits se répètent pour tout le décor
de la chambre et repris dans chacun des éléments sculptés comme le lit et le piétement du coffre d’armes.

« […] Suite des articles de la Chambre à coucher

Avoir fait la sculture d’un pied de cofre d’arme a quatre bas
de pieds, chacun est composé de huit faisseaux d’arme avec […] aux milieux isolé le fleuron […] des deux coté et une branche
de feuille de laurier qui enveloppe le faisseaux d’armes a chaque case au dessus des pieds de deux faces une bosette taillé en feuille fesant en tout six bosette, le cofre a trois pieds neuf pouces de long sur un pied dix pouces de largeur sur la piece de vant six lances a teste beches formant faissaus d’arme enveloppe de branches de feuille de laurier noué en sottoir les deux pieds dix pouces les deux […] de costé qui est deux fesaux d’armes envelloppé de branches de feuilles de laurier, les bas de pieds en dix sept pouces de haut pour prit de la sculture du pieds de cofre d’arme la somme de….144 l –

Fin des articles de la chambre à couché »

Alors que le terme « en sottoir » se rapportant aux enroulements de laurier signifie en diagonal, l’usage du mot « cintre » dans le mémoire de Rode laisse imaginer la forme d’un dossier enveloppant ou un sommet arrondi.

Cependant, à aucun moment Georges Jacob qui réalisa la menuiserie et donc définit la forme des sièges ne mentionne de cintre alors qu’il le précise pour d’autres sièges qu’il exécuta la même année pour Bagatelle comme par exemple dans la salle à manger et de Billard « Un grand canapé de 7pds ceintré en plan et elevation puis vingt-quatre chaises ceintrées en plan et elevation ». Pour l’antichambre de Monseigneur à nouveau « six chaises de forme nouvelle ceintrées en plan et elevation ». Encore pour la chambre à coucher « un fauteuil de toilette fait en bois d’acajou ceintré orné et profilé de belles moulures, les pieds en gaine cannelés, … »

Notons également qu’à la différence du présent ensemble, Jacob précise pour ces autres livraisons non seulement la forme mais aussi le décor. Est ainsi signifié clairement qu’il se cantonna à la menuiserie tandis que le décor fut laissé au monopole du sculpteur comme c’était alors l’usage pour les sièges les plus riches.

Est-ce que Rode, dans la rédaction de son Mémoire, aurait voulu dire par le terme « cintre » que les bois étaient arrondis pour être sculptés de faisceaux ? Ou utilise-t-il ce terme comme dérivant de « cinctura » (Furetière 1666) en tant que ceinture ou cadre ? Ou encore comme cage ou armature ?

Aucun mémoire de doreur ayant été retrouvé on ne peut se fier qu’au « Répertoire des dépenses faites au Garde-Meuble de Monseigneur le comte d’Artois » (6), qui cite pour l’année 1778 le doreur Ramier pour une somme de 1100 livres puis pour les « années 1778.1779 » et « Six premiers mois » 1780 Aubert pour 6500l et Ramier 1100l (7).

On peut alors supposer que Daniel Aubert réalisa la dorure étant donné le prix lié à la préciosité de ce travail de dorure, d’argenture composé d’or blanc et de la patine canon de fusil.

Bien que les archives donnent de nombreux détails sur le choix des tissus, le nom du tapissier reste inconnu. On peut supposer que le travail de garniture fut mené par l’équipe autour de Pierre Thomas Jubault (1742-1837), « valet de chambre tapissier » et « concierge » du Garde Meuble du Comte d’Artois et donneur d’ordre de ces commandes.

LES DÉCORS DU COMTE D’ARTOIS

Le comte d’Artois, le plus jeune frère du roi Louis XVI, fut l’un des personnages les plus influents et fantasques du règne en matière de goût, entrainant dans ses pas sa belle-sœur la reine Marie-Antoinette. Écarté dès son plus jeune âge de la politique, il était destiné à une carrière militaire. Le décor de sa chambre à coucher à Versailles lors de son mariage en 1773 flattait déjà le rôle et les qualités guerrières du prince (8), comme ce fut le cas quelques années plus tard à Bagatelle.

En 1775-1776, le thème des turqueries qui commençaient à apparaître dans les intérieurs envahit le décor du boudoir de ses appartements de Versailles. Les tentures, draperies et passementeries, les murs tendus d’étoffe de Perse lui donnent un caractère opulent. Le mobilier garni de ce même tissu, sculpté de motifs de perles et draperies est exécuté par le menuisier Louis Delanois et le sculpteur Jean-Baptiste Rode. En 1777, le comte d’Artois est le premier membre de la famille royale à s’adresser au menuisier Georges Jacob pour le boudoir turc du Palais du Temple, sa demeure parisienne. Georges Jacob put alors donner libre cours à son talent pour créer de nouvelles formes et de fastueux ornements qui codifièrent le vocabulaire du répertoire dit « ?à la turque? ».

Pour le second cabinet turc du comte d’Artois à Versailles, Jacob exécuta en 1781 deux bergères et six chaises dont les montants des dossiers sont composés de faisceaux de licteurs ceints de guirlandes de perles qui s’entrecroisent et les pieds fuselés prennent la forme de carquois ceints d’un enroulement de perles (9).
Il semble alors reprendre le schéma des sièges de Bagatelle, interprété cette fois dans un registre galant lié au goût à la turque.

DESTIN DE L’AMEUBLEMENT DE BAGATELLE

Emigré dès 1789, le comte d’Artois séjourna successivement en Italie, en Westphalie, en Belgique et en Russie, avant de s’établir définitivement à Londres, où il demeura exilé jusqu’à la Restauration.

Au départ conciliant, le gouvernement révolutionnaire, dans un contexte de guerre, durcit lourdement les sanctions s’appliquant aux émigrés. L’Assemblée nationale, le 8 avril 1792, vota une loi relative à la confiscation des biens des émigrés partis depuis le 1er juillet 1789, puis la vente de ceux-ci à partir du 2 septembre 1792. L’ensemble du mobilier de la famille royale et des aristocrates émigrés fut alors saisi. Selon les situations, les pièces de mobilier furent conservées au Garde Meuble National ou vendues aux enchères. La Commission des Monuments décida qu’à Bagatelle rien n’était digne d’être placé au Museum (10).

Les biens de Bagatelle firent l’objet d’une vente en 1793 tandis que la demeure était affectée aux réjouissances populaires. Les revenus furent alors alloués aux créanciers du prince émigré depuis 1789 et aux dépenses engagées pour le château.

« Le 23 juillet 1793 la municipalité était invitée à nommer des commissaires pour assister au récolement et estimation des effets mobiliers qui se trouvaient dans la maison de Bagatelle ; elle désignait Jean-Claude Sabat, officier municipal, et Jean-Louis Delaizement pour assister à cette opération… » (11).

Quant au château de Bagatelle, il fut acquis aux enchères en 1797 par un groupe d’entrepreneurs de divertissements publics avant de revenir aux domaines en 1806 par l’intervention de l’Empereur. Au retour de la royauté, le duc de Berry, fils du Comte d’Artois, en prit possession et renouvela entièrement son ameublement. Le château passa ensuite aux mains de son petit-fils le duc de Bordeaux.

Depuis, certaines pièces d’ameublement provenant de Bagatelle réapparaissent sur le marché.Une marquise réalisée par le menuisier Jean-Baptiste Boulard et le doreur Daniel Aubert livrée au comte d’Artois en 1778 pour le salon du château de Bagatelle, a fait partie des collections du peintre Charles-Polycarpe Séchan (1803-1874), vente le 20 mai 1863, lot 65, avant d’être acquise par le Mobilier Impérial. Elle est aujourd’hui conservée au Mobilier National (GMT 11560) (12).

Une chaise provenant du mobilier commandé en 1778 pour le grand salon circulaire de Bagatelle, réali-sée par Georges Jacob, Jean Baptiste Simon Rode et le doreur Aubert est conservée dans les collections Rothschild en Angleterre à Waddesdon Manor (81.1998) (13).

Le coffre de la chambre à coucher fourni le 8 décembre 1778 par la marchand mercier Delaroue, rue de la Verrerie (14) figura dans les collections des Princes Demidoff à la villa Demidoff de Pratolino dès 1872. Il fut vendu avec le contenu de cette villa en 1969 et fut présenté aux enchères par Sotheby’s à Londres le 15 juin 1990, lot 70, puis par Christie’s le 18 mai 2006, lot 771, alors remis dans son état d’origine, gainé de cuir bleu. Le décor de son piétement également exécuté par Jacob et Rode est semblable à celui qui ornent nos sièges. Le cadre est formé de faisceaux d’armes enveloppés de branches de laurier et les angles surmontés de massues.

Un fauteuil commandé à Georges Jacob par le Garde-meuble du comte d’Artois en prévision de la venue de Louis XVI à la fête de Bagatelle du 12 juillet 1784, sculpté par Rode et doré par Ramier, fut vendu par Christie’s à Londres le 23 juin 1999, lot 30 étant resté avec certitude dans la même famille depuis 1914 et très probablement depuis la fin du XIXe siècle.

Une série de six chaises de Georges Jacob, sculptées par Rode et dorées par Aubert, qui fut livrée en 1778 « pour son pied à terre champêtre » de Bagatelle figura à la vente d’une partie de la collection Greffulhe du 6 mars 2000, lot 89.

D’autres œuvres par leur décor martial sont parfois rapprochées de Bagatelle et du comte d’Artois. Ce fut le cas de deux appliques en forme de fût de canon et aux armes de France vendues par Sotheby’s, provenant de la collection Dillée, le 19 mars 2015, lot 129, qui s’apparentent à celles représentées sur le projet de Bélanger, ou encore dans cette même vente d’une paire de flambeaux à motif de carquois (lot 120) qui pourraient être comparés aux « deux paires de petits flambeaux à carquois en trépied, très richement ciselés et dorés d’or mat » livrés par Prégermain.

CHÂTEAU DE CHERMONT

En mai 2000, la paire de chaises réapparut sur le marché lors d’une vente aux enchères à Dijon. Le catalogue indique qu’elles proviennent du château de Chermont à Creuzier-le-Neuf dans le Bourbonnais.

La propriété de la terre de Chermont par la famille Guérin de Chermont est attestée depuis le XVe siècle. En 1785, Jean Baptiste Guérin (1749-1788) vendit la terre de Chermont ainsi que son château et le droit de dîme de Creuzier-le-Vieux, à Gilbert François Louis Anne, marquis de Durfort (1758-1794) pour la somme de 193.000 Livres. Le II thermidor an II (20 juillet 1794), ce dernier fut guillotiné à Paris. La propriété des terres de Chermont et son château, échut à sa fille ainée Louise Joséphine de Durfort (1788-1861).

Le mariage entre Louise Joséphine de Durfort et Gaspard de Faucigny Lucinge (1792-1866) fut célébré en 1836. Le couple resta sans descendance et le château entra dans le patrimoine du Prince Ferdinand Victor Amédée de Faucigny-Lucinge (1789-1866), frère de Gaspard.
Celui-ci proche de la famille royale épousa Charlotte-Marie Augustine, comtesse d’Issoudun (1808-1886), fille de Charles-Ferdinand de Bourbon (1778-1820), duc de Berry et ainsi petite fille du Comte d’Artois (1757- 1836). Leur fils, Charles de Faucigny-Lucinge, à son tour, hérita du château.

Suite au krach boursier de l’Union générale des banques de 1882, la famille Faucigny-Lucinge se trouva au bord de la ruine. Charles de Faucigny-Lucinge fut alors contraint de vendre plusieurs propriétés dont le château de Chermont en 1899.
Il fut acquis avec son mobilier par Maurice de Chacaton (1862-1937), fils du peintre orientaliste Henry de Chacaton (1813-1886), issu d’une famille aristocratique du bourbonnais, qui exposa au Salon des Indépendants de 1835 à 1857.

Le château ayant disparu dans un incendie vers 1960, on en garde l’image dans son état de 1907. Ce mobilier aurait donc pu entrer au château de Chermont lorsque Ferdinand de Faucigny-Lucinge et son épouse, petite fille du comte d’Artois en héritèrent en 1866 avant de revenir aux derniers propriétaires du château de Chermont au moment de sa vente avec son contenu à la fin du XIXe siècle ; et ainsi, nous
être parvenu jusqu’à la fin du XXe siècle par descendance.

(1) Libération, le 15 juin 2000.
(2) Henri Gaston Duquesne, « Le château de Bagatelle (1715-1908) : d’après les documents inédits des Archives Nationales », Paris 1909, p 140-141.
(3) J.L. Gaillemin, D. Alcouffe, C. Baulez et al. « La Folie d’Artois », Antiquaires à Paris, 1988, p 134
(4) A.N. R1 264
(5) Idem.
(6) A.N. R1260
(7) A.N. R159
(8) J.J. Gautier, « les appartements du comte et de la comtesse d’Artois à Versailles. Distribution et décor intérieur (1773-1792) », « Versalia », Revue
de la Société des amis de Versailles, n°13, 2010, pp. 29-54.
(9) une chaise est illustrée dans B. Chevallier, « Saint Cloud, le Palais retrouvé », 2013, p.282.
(10) L. Turtey, « Procès-Verbaux de la Commission des Monuments », T. II, 1903, p.20, séance du 27 septembre 1793.
(11) Bulletin de la Commission municipale historique et artistique de Neuilly sur Seine, 1904, p.69.
(12) Illustrée dans J.J. Gautier et al., « Sièges en société, histoire du siège du Roi Soleil à Marianne », Gourcuff, 2017, p.65, fig 43.
(13) Ulrich Leben, « An Armchair and folding screen for the comte
d’Artois at Bagatelle », Furniture History, the Journal of the Furniture History Society, vol. XLIII, 2007, p.127-141.
(14) Pierre Verlet, « Les meubles français du XVIIIe siècle », Paris, Presses universitaires de France, 1982, 2e éd., 291 ill. 25.



Estimation 300 000 – 500 000 €

Vendu 1 174 500 €
* Les résultats sont affichés frais acheteur et taxes compris. Ils sont générés automatiquement et peuvent subir des modifications.

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Artcurial vente du 24/05/2011
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Une belle image pour une une belle cause… 

NECKER AT HEART 

29 femmes – 29 photos

Vendredi 14 novembre 2014 à 18h30

chez ARTCURIAL

Hier soir chez Artcurial, pari réussi, un produit de plus de 110000 euros pour ces photos offertes généreusement par ces 29 femmes au profit de l’hôpital Necker.

 

Marie-Laure de Clermont-Tonnerre devant la photo de l’artiste Claire Adelfang (galerie Thaddaeus Ropac) adjugée 7000€

La salle était remplie de jolies femmes réunies par le Spot et prêtes à enchérir.

 

Carolina Pardellas Tardy et Leticia Amas (Galerie Espace L. Genève). Photo de Gabriela Maciel adj : 3500€

Une belle enchère de 11000€ pour la photo de Eric de Ville, choix d’Isabelle Séjournet. 7000 € pour les photos de Enrique Ramirez, choix de Angeles Alonso et celle de Miguel Rothschild, choix de Paula Obligi. 2800 € la photo de l’artiste Maria Laet et ses empreintes dans le sable, choisie par Sandra Mulliez.

 

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