Vu à Drouot Mallet Stevens le 7 décembre 2018
Robert Mallet Stevens (1886-1945) UAM Mobilier de la Villa Cavrois aux enchères
A l’Hôtel Drouot par l’Etude Ader Nordman https://www.ader-paris.fr/
Voir article The Gaze Une aventure moderne à Beaubourg
Cet après-midi à Drouot, le Centre des Monuments Nationaux a fait valoir à six reprises son droit de préemption pour acquérir 15 meubles réalisés par Robert MALLET-STEVENS (1886-1945) pour la Villa Cavrois. Présenté dans une vente d’art décoratif de la maison Ader, l’ensemble des acquisitions s’élève à 323 840 €*.
Les meubles retournent ainsi dans le « château moderne » des Cavrois commandé à Robert Mallet-Stevens et inauguré en 1932. Monument majeur de l’architecture du XXe siècle, cette « œuvre totale » reflète toute la pensée architecturale de Mallet-Stevens. Il imagine le bâtiment, les décors intérieurs, le mobilier et le parc.
Après le décès de Madame Cavrois en 1985, la villa est vendue et le mobilier dispersé. C’est alors qu’un particulier acquiert les meubles de cet ensemble, hormis le tabouret qui est acheté par une galerie pour entrer ensuite dans une collection particulière parisienne.
Laissée à l’abandon malgré son classement au titre des Monuments historiques en 1990, la bâtisse est achetée par l’État en 2001. Après une importante campagne de restauration, le monument retrouve sa grandeur et le public est invité, depuis 2015, à visiter l’édifice tel qu’il avait été imaginé par son concepteur. L’intérieur est progressivement remeublé afin de reconstituer l’atmosphère qui régnait dans cette demeure familiale depuis son inauguration, le 5 juillet 1932.
L’ensemble préempté par le CMN aujourd’hui comprend :
80 ROBERT MALLET-STEVENS (1886-1945) POUR LA VILLA CAVROIS Enfilade, conçue pour la Chambre des parents, pièce unique, 1929/32, le bâti et l’intérieur changés par Pierre Barbe (1900-2004) vers 1947/48 à la demande de M. Paul Cavrois Exceptionnel meuble ouvrant en façade par quatre portes en placage de bois de palmier. Les doubles platines, formant entrées de serrure et recevant les prises cylindriques, en métal pat adjugé 64000 €
N 81 Paire de bergères pour le hall salon 1929/32 adjugé 76800
82 ROBERT MALLET-STEVENS (1886-1945) POUR LA VILLA CAVROIS Lampe à poser, pour le Hall-salon, 1929/32 estimation 5000/8000 adjugé 83200 €
83 ROBERT MALLET-STEVENS (1886-1945) POUR LA VILLA CAVROIS Suite de neuf chaises, pour la Salle à manger des parents, 1929/32 adjugé 40960
84 ROBERT MALLET-STEVENS (1886-1945) POUR LA VILLA CAVROIS Chaise de type visiteur pour le bureau de de M. Cavrois 1929/32 adjugé 38400
Valets, pour l’une des Salles de bain, 1929/32 Est 4/6000 (non vendus)
87 & 88 tabourets de salle de bains 1929/32 adjugés 20480 et 25600 €
LA VILLA CAVROIS, UN CHÂTEAU MODERNE En France, quatre œuvres architecturales auront marqué l’entre-deux-guerres : la Villa E1027 à Roquebrune-Cap-Martin créée par Eileen Gray et Jean Badovici entre 1926 et 1929, la Maison de verre à Paris conçue par Pierre Chareau et construite entre 1928 et 1931, la Villa Savoye à Poissy dessinée par Le Corbusier et construite également entre 1928 et 1931 et, enfin, la Villa Cavrois, du nom de ses commanditaires, édifiée à Croix (Nord) entre 1929 et 1932 d’après les plans de Robert Mallet-Stevens, membre fondateur de l’U.A.M., qui assura aussi une très grande partie de la conception du mobilier. Cette dernière appelée de nos jours Un château moderne, après avoir été classée au titre des Monuments historiques en 1990 puis acquise par l’état en 2001, fera l’objet d’une campagne de restauration sans précédent pour une bâtisse du XXe siècle dont le montant s’élèvera à 23 M€. Ouverte au public depuis 2015, elle est devenue le symbole de la modernité, en matière d’architecture, de la première moitié du siècle dernier.
UN MOBILIER POUR LA VILLA Robert Mallet-Stevens, neveu d’Alphonse Stoclet riche financier bruxellois, a été fortement marqué par le Palais créé pour son oncle par Josef Hoffmann entre 1905 et 1911. Il reprend à son compte et à sa manière, près d’un quart de siècle plus tard, le concept d’œuvre d’art totale du célèbre artiste viennois à la faveur du chantier pour M. et Mme Paul et Lucie Cavrois et la villa qui allait porter leur nom. Aussi, l’architecte conçoit la quasi-totalité du mobilier pour la villa ;ses propresthéories,sesinfluences, ses échanges avec les autres membres de l’U.A.M., son expérience, notamment comme décorateur pour le cinéma, nourriront ses créations pour ce lieu, tant dans la conception de chaque œuvre en particulier que dans la composition des ensembles. Parmi d’autres choix déterminés par Robert Mallet-Stevens dans l’aménagement de la demeure, il est celui, tout à fait remarquable et servant de fil rouge à cette décoration intérieure, de ne retenir qu’une seule et unique essence de bois par pièce. Ainsi, le noyer sera utilisé pour le Hall-salon, le palmier pour la Chambre des parents, le sycomore pour le Boudoir de Mme Cavrois, le poirier pour le Bureau de M. Cavrois, etc. Bien au-delà d’un simple systématisme facile et dénué de sens, l’usage d’un matériau unique pour le mobilier de chaque pièce permet dans de tels espaces, très vastes, d’être en parfaite adéquation avec leur destination ; il s’agit donc là d’une vision fonctionnaliste de l’équipement de la maison, l’usage induit la forme et le rendu esthétique. D’autre part, ces essences de bois variées, mais utilisées par univers, donnent la possibilité aux Cavrois de voyages au quotidien dans leur propre maison. UN MOBILIER À DÉCOUVRIR En 1985, Mme Lucie Cavrois disparaissait, soit vingt ans après le décès de son époux M. Paul Cavrois. L’année suivante, en 1986, les héritiers Cavrois prirent la décision de se séparer de la totalité du mobilier de la villa, plus personne n’y demeurant. Des meubles qui en provenaient et qui furent vendus par les enfants Cavrois en 1986, presque tous ont déjà vécu une seconde, voire un troisième vie, parfois une quatrième, passant des mains de galeries aux mains de collectionneurs, de mains de collectionneurs à celles de commissaires-priseurs, de celles de commissaires-priseurs à celles de galeries, etc. Il est arrivé aussi que des instituions, souvent au profit de la réhabilitation de la Villa Cavrois, se portent acquéreurs de mobilier. Or, et c’est un fait unique, les 16 meubles ou objets mobiliers(une enfilade, une paire de fauteuils, neuf chaises de salle à manger, une lampe, une chaise de bureau, deux valets) qui sont proposés dans cette vacation sont tous issus de l’acquisition initiale de 1986 auprès des héritiers Cavrois et sont restés la propriété du même acheteur depuis cette date, aucun n’est passé dans le giron d’une galerie ou dans celui d’un autre collectionneur entre-temps. Ce sont là les uniques œuvres provenant de la villa qui peuvent encore bénéficier de ce pedigree, aucune autre ne pourra plus s’en prévaloir” Extrait du catalogue de la vente ADER du 8 décembre 2018
DIVERS
19 DAUM NANCY Mineur se frayant un chemin et s’éclairant à la lanterne dans une forêt houillère, œuvre réputée unique et conçue pour Charles Barrois en 1909, offerte à ce dernier par la Société de Forges et Aciéries du Nord et de l’Est19 DAUM NANCY Mineur se frayant un chemin et s’éclairant à la lanterne dans une forêt houillère, œuvre réputée unique et conçue pour Charles Barrois en 1909, offerte à ce dernier par la Société de Forges et Aciéries du Nord et de l’Est
adjugé 40000 €
*100 MARCEL BREUER (1902-1981) DESIGNER & EMBRU-WERKE A.G. FABRICANT/ÉDITEUR & WOHNBEDARF A.G. DISTRIBUTEUR 313 dit aussi 1094, le modèle conçu en [1933], 1er prix du concours Alliance Aluminium Compagnie organisé à Paris fin 1933, sa commercialisation réputée entre seulement 1934 et 1936 dans la version initiale en aluminium adjugé 8000
128 VALENTINE SCHLEGEL (NÉE EN 1925) Le Cœur, vers 1952/53 Est 25000/35000 (R23000)
142 SERGE MOUILLE (1922-1988) Agrafée deux rotules (à double orientation), le modèle conçu vers [1957] Lampe de bureau orientable à double articulation et à fixation mobile.adjugé 4200 €
143 JEAN PROUVÉ (1901-1984) Bureau (à équipement variable) dit de type CPDE (Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité), le modèle créé vers [1934/35] Bureau rectangulaire à un tiroir en ceinture (manquent les deux latéraux). Tôle d’acier pliée recouverte de laque-émail adjugé 8500 €
Vente à Drouot Richelieu
9 rue Drouot – 75009 Paris
Etude ADER NORDMAN
Expert : Emmanuel Eyraud

