D’une galerie à l’autre, rive droite/ rive gauche

Un week-end, il fait beau, c’est tellement agréable de flâner dans les rues de Paris, découvrir une façade d’immeuble, un passage oublié, un trompe-l’oeil, un mur paysagé c’est si beau, je ne m’en lasse pas !

Une idée, s’arrêter dans les galeries, écouter les galéristes passionnés qui me présentent leur exposition, parlent de leurs projets et investissements auprès des artistes. J’aime beaucoup regarder et découvrir les oeuvres de tous ces artistes. Je vous propose une petite sélection qui m’a plu ce jour là des galeries Gilles Drouault, Isabelle Gounod, Vallois, A2Z Art Gallery, Virginie Louvet, Agathe Gaillard et Diane de Polignac

Galerie Isabelle Gounod

Burn the Witch tel est le programme de Pierre Aghaikian chez Isabelle Gounod. Des toiles de grand format qui nous immergent littéralement dans un univers visuel de bruit, de couleurs et de fureurs. Des tableaux dignes du Space Opera se déploient devant nous et semblent illustrer les grandes épopées comme « les Rois des Étoiles » de Edmond Hamilton (1946) ou celle, impériale, de Napoléon. Car Pierre Aghaikian est aussi un admirateur de l’Empereur et de son bicorne, dont Bonaparte semble avoir été le premier à lancer la mode. Isabelle Gounod a repéré cet artiste précoce en première année de Beaux-Arts au talent furieux et sonore car ses toiles s’écoutent  autant qu’elles se regardent.

Pierre Aghaikian – BURN THE WITCH 31.08.2019 – 24.09.2019

Dans cette même galerie, j’ai un petit faible pour Lenny Rébéré que je suis depuis ma découverte à Drawing Now, il y a quelques années.

Lenny Rébéré

Pierre Aghaikian – Burn the Witchhttp://galerie-gounod.com/

Galerie Diane de Polignac

Quelle famille d’artistes !
Le père, Fred Klein, le fils : Yves Klein et la mère : Marie Raymond.

Marie Raymond et Fred Klein et au centre leur fils : Yves. ©Archives Yves Klein


Marie Raymond (1908-1989), qui est-elle ? un peintre tombé dans l’oubli ? Une jeune femme indépendante, proche de Mondrian, elle a étudié à La Grande Chaumière, exposé chez Denise René, écrit dans des journaux et entre-autres a interviewé Matisse. Quelle vie trépidante ! Elle se marie très jeune avec un autre peintre Fred Klein.Ils ont un fils Yves Klein et là tout s’arrête pour elle en tant qu’artiste, avant tout elle est une mère et elle et sans aucun doute, celle d’un génie ! Marie Raymond reçoit chez elle de nombreux artistes qui vont constituer l’entourage d’Yves Klein et autour de sa mère, se cristallise une pensée artistique dont il se nourrit. Elle donne tout à ce fils qui devient le grand artiste que nous connaissons, mais malheureusement il meurt à 34 ans Diane de Polignac nous offre l’occasion de découvrir les toiles lumineuses et abstraites exposées dans sa galerie.

Talk de Dominique Gagneux, conservateur en chef du patrimoine et Michèle Gazier sa biographe à la galerie Diane de Polignac à l’occasion du vernissage de l’exposition Marie Raymond Vers la lumière.

Marie Raymond, Vers la lumière jusqu’au 29 novembre. https://dianedepolignac.com/

Galerie Agathe Gaillard

Giorgia Fioro est photographe et voyage beaucoup, et n’hésite pas à s’arrêter en Irak. Une exposition de ses oeuvres a lieu au Musée de Bagdad qui conserve des trésors, le musée qui avait été pillé pendant la guerre à réouvert ses portes depuis 2015, une grande partie des pièces volées a été récupérée.

Giorgia Fiorio « The lady of Warka » Uruk, Mésopotamie 3200 av. J.C Irak Musée de Bagdad

La tête de la Dame de Warka l’a particulièrement touchée, cette tête est un des joyaux du Musée de Bagdad en Irak, pays très symbolique, berceau de notre civilisation. Giorgia Fioro cherche dans ses nombreux voyages à capturer l’image de la figure humaine, elle nous propose une réflexion sur nos origines qui peut passer par l’archéologie comme cette tête de femme d’Uruk. Une exposition très intéressante et belle.

Giorgia Fioro Derviche Mevlevi, Konya Turquie, 2004

Exposition Le Don dans le cadre de la Biennale du Monde Arabe, jusqu’au 19 octobre. https://galerieagathegaillard.com/

A2Z Art Gallery

Un dimanche à la galerie, exposition anniversaire des 10 ans de A2Z Art Gallery. Vu une œuvre de Adeline Calosci little boy  2019. Geste artistique intrépide et transgression que cette juxtaposition qui se regarde comme une anamorphose entre le portait officiel, tout en raideur académique, de Harry Truman, le président américain qui a décidé de lancer les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, et la figure joviale et juvénile d’une héroïne de dessin animé japonais.

Adeline Calosci – « Little boy » 2019 – A2Z Art Gallery – les 10 ans

Adeline Calosci a voulu interroger le rapport entre la politique, la moralité et la guerre ainsi que « l’absolue » bonne conscience occidentale, ou plutôt américaine. La fin de la guerre avec le Japon justifie-t-il les moyens ? Cet acte de destruction par la bombe atomique, le seul et unique jusqu’à présent dans l’histoire humaine, fait encore consensus dans l’opinion américaine. Ce consensus est revisité et remis en perspective par l’artiste, où le sourire frais et innocent de la « kyarakuta » disparaît petit à petit derrière la mâchoire crispée de Harry Truman

Wei Li « The Hollow Men » 2018 – Au 1er plan : Emeric Chantier « Lucy » 2016 – A2Z Art Gallery

10 ans déjà jusqu’au 5 octobre http://www.a2z-art.com/

Galerie Virginie Louvet.

Cette exposition me fait penser à un cabinet de curiosités, l’artiste Giulia Manset nous offre un univers original. Ses oeuvres sont comme des boîtes à icône avec toutes sortes d’objets disposés soigneusement dans de petits casiers et entourant l’oeuvre.

Giulia Manset – Galerie Virginie Louvet

Elle s’inspire des maîtres anciens comme Jérôme Bosch Le jardin des délices. Elle modèle ses sujets avec de la pâte à modeler, cela donne curieusement un effet très précieux, impression de découvrir des strates de roches dans un dégradé de couleurs.

Giulia Manset – Galerie Virginie Louvet

Giulia Manset Crépuscule jusqu’au 12 octobre 2019 https://virginielouvet.com/en/home-page/

Galerie Vallois

Et hop, un tour chez Nathalie et Georges-Philippe Valois pour Jean Tinguely et ses « machines ». Nous voici face à une arborescence de sculptures mécaniques qui constituent autant de clins d’œil ironiques à la société de consommation. Car si Tinguely semble très « sixties » ou « seventies » dans sa critique des choses et de la société de consommation (relisez Perec ou « Halte à la croissance ! » du club de Rome), son art est aussi une anticipation de nos angoisses actuelles sur l’écologie et l’épuisement de nos ressources.

C’est un vrai bonheur et moment d’hilarité lorsque les mécanismes se déclenchent : avons-nous affaire à des robots dotés de conscience ou de simples objets inanimés, la question se pose lorsque le spectateur assiste au concert ou, plutôt, la déambulation de ces grands escogriffes métalliques. Là aussi une belle rencontre et un échange impromptu avec Georges-Philippe Valois qui nous fait découvrir l’alphabet de Gilles Barbier, travail minutieux de copiste et d’enlumineur à partir des pages du Larousse, y compris les pages roses des citations latines ! Le codex de papier se déroule sur les murs comme une grande tapisserie avec, humour de l’artiste, les errata qui s’imposent

Jean Tinguely Bricolages et Débri(s)collages jusqu’au 20 octobre 2019 http://www.galerie-vallois.com/

Galerie Gilles Drouault

En regardant ces tableaux on ne peut manquer d’être saisie par les sentiments mêlés de la mélancolie et de la « Gemütlichkeit » mot allemand intraduisible en français (qui peut signifier confort intime, bien être). Régine Kolle étend sur des aplats d’un ton gris, bleu ou vert, avec des couleurs froides, sa vision d’artiste née à Cologne mais qui vit et travaille en France, à Paris et à Nîmes où elle enseigne.

Régine Kolle – Galerie Gilles Drouault

La couleur est également présente avec des petits personnages vifs, extraits de ses souvenirs d’enfant, qui semblent se mouvoir ou courir comme des petits jouets (on pense aux dessins animés de la série « Toy Story »). Une peinture qui s’inspire du graphisme, de la publicité, de la Pop culture ou du dessin animé, revisité sous les coups de pinceaux de l’artiste

Régine Kolle – Galerie Gilles Drouault – Polaroïds souvenirs

Régine Kolle Daisy jusqu’au 26 octobre 2019 http://www.galeriedemultiples.com/en/expositions/presentation/208/daisy

Florence Briat Soulié

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