Degas mène la danse à Orsay
Degas “Le manque d’opéra est une souffrance véritable “ lettre de la nouvelle Orléans, 5 décembre 1872
Degas à l’Opéra
Le Musée d’Orsay ouvre le bal de la rentrée pour une exposition désirée, celle de Degas à l’Opéra.
La danse et la musique un univers qu’aimait tant l’artiste. Un écrin à sa mesure, les muses entrent en scène et c’est un lever de rideau somptueux qui nous attend. Des tableaux rarement ou jamais vus sont accrochés aux cimaises.

Toute une éducation
Degas a la musique dans le sang, son père Auguste de Gas se passionne pour la musique ancienne et tient salon le lundi dans les années 1860.
Il peint un portrait très affectueux de son père complètement absorbé par ce qu’il écoute
Fauteuil d’orchestre
Sa première reconnaissance au Salon en tant que peintre lui est donnée par la commande du portrait du bassoniste Désiré Dihau en 1870 “Mon orchestre”, Sur ce tableau, l’artiste retranscrit fidèlement une scène, on l’imagine au premier rang, La fosse d’orchestre est au premier plan avec au centre le musicien, et les danseuses paradent au dessus On aperçoit dans un coin en haut à gauche, comme décapitée et posée sur un coussin rouge la tête du compositeur Emmanuel Chabrier.

Entrez dans la danse
Mais c’est dès 1867, qu’il met les pieds à l’Opéra, pour toujours, avec le portrait de la danseuse Eugénie Fiocre. Il en tombe amoureux et la représente dans une pose très mélancolique, penserait elle a lui ?
“Vous voulez me décorer, c’est donc que vous voulez me faire plaisir, eh bien ! Donnez-moi mes libres entrées à l’Opéra, ma vie durant. “

Finesse, exquisité , élégance…
Emile Zola est seul à remarquer cette peinture et note à ce sujet les mots : “finesse, exquisité , élégance ..”
Degas a connu l’Opéra de la rue Le Peletier puis l’opéra Garnier . La façade est dévoilée en 1867 au moment de l’Exposition Universelle.
Les coulisses, Degas les adore
Degas se prend au jeu et adore ses visites dans les coulisses, être à l’envers du décor de la scène. Il suit les danseuses, assiste au répétitions et retient les gestes, préparatifs , il nous emmène dans les secrets des alcôves .

Et au bout un succès très rentable…
Il obtient beaucoup de succès avec ses danseuses qui se vendent comme des petits pains! Et lui assurent une clientèle. Il interprète.. jetés, pirouettes, fouettés “… (Il ne représente jamais un lieu précis )

1,2,3,4,5e position, il les étudie toutes et sans doute les connaît peut-être mieux que ces petites danseuses. plongée contre-plongée ou sotto in sù,
Et comme il le dit si bien : “une fois que j’ai la ligne, je la tiens. Je ne la lâche plus.” , Degas à Walter Sickert.
“Sérieux dans un endroit frivole “
Ludovic Halévy, son ami du lycée Louis Le Grand, dramaturge, romancier, l’introduit dans ce milieu des danseuses qui a cette époque, il ne faut pas l’oublier est très proches des bordels .
Procédés par contact
Degas illustre ses nouvelles en noir et blanc, ce sont les fameux “monotypes cardinal “ les danseuses sont en blanc et les hommes en noir. De charmantes interprétations ! L’idée de créer une série.

Il était passionné de photographie, entre 1895 et 1896, il avait presque abandonné la peinture pour la photo. D’ailleurs Degas est à la pointe de procédés reprographiques : du monotype à l’héliogravure, Degas réfléchit à la multiplication de son travail .
Négatifs / Positifs
Les gens s’enthousiasment pour ces “Petites Cardinal “ de Halévy qui raconte les histoires galantes de Pauline et Virginie.
Noir et blanc, mais un peu de gris…
Photo gauche : “Virginie se faisant admirer devant le marquis Cavalcanti” vers 1876-1877. Pastel sur monotype à l’encre noire, rehauts de pastel. Washington, National Gallery of Art
Photo droite : “Le Foyer de l’Opéra” vers 1876-1877. Monotype à l’encre noire seconde épreuve. Washington, National Gallery of Art
Degas crée ses “dessins faits à l’encre grasse et imprimés”, il joue sur l’ambiguïté, les belles choses et l’envers du décor avec la prostitution.
Avec l’opéra, Degas utilise toutes sortes de supports ..photographie, monotype, éventails et bien-sûr, la sculpture…
Une si jolie danseuse, elle s’appelait Marie
La jolie danseuse en bronze si réaliste avec ses vrais cheveux et si connue, chef d’œuvre du Musée d’Orsay. Le modèle avait 14 ans et s’appelait Marie Van Goethem, elle est présentée au Salon en 1881 dans une cage en verre, la sculpture est jugée scandaleuse par son réalisme. (Seule sculpture exposée de son vivant.)

Comme au cinéma
Séquence cinéma:
1879 tournant dans son œuvre, il crée les “tableaux en long”. Le 1er est la “Leçon de danse” en 1880 double carré, pourquoi ?
Deux sujets fétiches : la danse et les jockeys. C’est un format très cinéma, on attend la suite de l’histoire, cela donne une impression de prolongation comme au spectacle, on suit attentivement le quotidien de ces danseuses gracieuses, qui répètent leurs ballets.
Bis
Ovation pour cette belle visite dans ce lieu que j’affectionne particulièrement. Un léger bémol sur les couleurs des murs , le gris commence sérieusement à m’ennuyer !
Réservez vos places surtout, le spectacle est à Orsay !
Florence Briat Soulié
Merci à l’artiste Rodney van den Beemd pour cette belle interprétation de The Gaze & Degas. http://www.rodneyvandenbeemd.nl/en/

Informations :
Musée d’Orsay
Jusqu’au 19 janvier 2020
https://m.musee-orsay.fr/fr/expositions/article/degas-a-lopera-47631.html
Commissariat :
Commissaire général : Henri Loyrette
Leïla Jarbouai, conservatrice arts graphiques au musée d’Orsay
Marine Kisiel, conservatrice peintures au musée d’Orsay
Kimberly Jones, conservatrice des peintures françaises du XIXe siècle à la National Gallery of Art de Washington
“Degas à l’Opéra” Musée d’Orsay – Crédit photo / EDTR. Photography


2 commentaires
francefougere
Merci pour ce reportage de grande qualité : )
ReinventIngrid
Magnifique de découvrir cette expo au travers de ton blog, Florence: merci🙏🏼
J’avais vu une expo Degas Sculpteur au Norton Simon de Pasadena et pour faire écho à ton commentaire sur la couleur des murs, ils étaient vifs de bleu pétrole, burnt orange etc…détachant les formes et les pauses des sculptures magnifiquement.
Les tablotins de danseuses parmi les falaises et les negatifs, wow… de pures merveilles! Merci encore!