Emmanuelle Briat, Manifeste Naturel et Auvers sur Oise

Manifeste Naturel, le teaser

Manifeste Naturel lors de la résidence Emmanuelle Briat au Malévoz Quartier Culturel en octobre 2020 en Suisse avec la danseuse Rozenn Dubreuil.

Pièce chorégraphique avec Rozenn Dubreuil, danseuse Mise en scène/scénographie Emmanuelle Briat, plasticienne, land artiste Réalisation du film : Aylin Gökmen

Château d’Auvers sur Oise

Château d’Auvers sur Oise

Le village d’Auvers-sur-Oise est devenu par le hasard des histoires personnelles un petit cénacle de l’impressionnisme autour de Charles-François Daubigny, peintre installé dans le village vers 1850 et dont le bateau, le « Botin », devient l’image flottante des premiers temps de l’essor du mouvement artistique. Autour de Daubigny s’installent Corot, Cézanne, Pissarro (installé à quelques kilomètres, à Pontoise) puis Van Gogh qui rend visite au docteur Gachet dans sa maison. Séjournant à l’auberge Ravoux, Vincent Van Gogh a créé 80 œuvres pendant sa période de 70 jours passés à Auvers sur Oise.

Le château d’Auvers domine le village. Immortalisé par Van Gogh dans son tableau le château d’Auvers au coucher du soleil, il est adossé à la falaise au sommet de la vallée de l’Oise. L’installation de Land Art composée par Emmanuelle Briat est constituée de trois stations qui rythment le parcours du visiteur.

« Nymphée » folie du Prince de Conti, XVIIIe siècle

En ouverture, en amont du « Nymphée », la grotte décorée de pierres et de coquillages, petite folie du prince de Conti dont le monogramme orne les parois, « l’Arbre – découpé/décalé » est une invitation à saisir la fragilité et la puissance de l’arbre. Il est une évidence aujourd’hui à force d’être rappelée, avec le succès de l’ouvrage sur la vie secrète des arbres  de Peter Wohleben ou l’exposition  Nous les arbres par la Fondation Cartier, que les arbres sont aujourd’hui un élément vital de notre écosystème. Il suffit, pour s’en convaincre de se souvenir de l’émotion créée par la tempête de 1999 et des parcs et forêts décimés. L’arbre est fort mais aussi fragile : il suffit d’apercevoir ces arbres posés au sol, sans racines, peints en rouge et serrés par de petits rubans.

Ainsi posés et reliés, ces arbres « coupés/décalés » ressemblent à de longues tiges de pâtes japonaises. Il faut apprécier la poésie de cette installation qui forme des propylées végétales en introduction de la descente douce vers le château d’Auvers et le « nymphée ». Les hautes cimes des arbres du parc dominent l’installation tout en formant une voûte protectrice. Elles invitent à la réflexion sur la nécessité de l’arbre, son rôle dans la photosynthèse et la production du vivant, sa capacité de résilience, l’empreinte de l’homme sur la géologie et l’environnement, la nouvelle ère de « l’anthropocène » où l’homme devient un créateur de son environnement géologique. Il faut être attentif à la performance artistique et technique de ces arbres finement coupés à la base et posées sur la terre du parc : leur maintien est une prouesse pour les stabiliser, les enraciner, leur conférer une vigueur.


 » L’Arbre –  Coupé/Décalé « Installation land art in-situ
« l’Arbre Coupé/Décalé » a été sélectionné pour l’appel à projet Science de l’art 2019,
« Wood wide web, l’intelligence des plantes en question ».

La seconde étape nous conduit à l’accueil du musée installé dans le château. Une arche végétale nous accueille, constituée de branches torsadées, nouées, qui nous replonge dans le primitivisme de la civilisation du bois, de la vannerie, des cordes et des branches. Cette introduction nous rappelle que la première production matérielle de l’homme repose sur l’économie de la cueillette et la chasse. « Multiplication végétative » est une installation de Land Art in situ ayant pour thème la végétation invasive, tout autant créatrice que destructrice de l’ouvrage de l’homme. Des pensées se bousculent dans le regard du visiteur : les ruines d’Hubert Robert et sa mélancolie, l’opéra d’Iquitos dévoré par la végétation tropicale dans Fitzcarraldo de Werner Herzog, la folie des hommes assoiffés d’or dans Aguirre ou la colère de Dieu.

» Multiplication végétative «  Installation land art in-situ
Les plantes sont fixes, elles ne peuvent se déplacer. La démarche de ce projet a pour objectif de créer une réflexion sur la colonisation des végétaux. Comment les plantes peuvent-elles coloniser de nouveaux milieux, de nouveaux continents ? 

Nous parvenons ensuite à la dernière station, la plus spectaculaire. Reconstituée dans une salle du château, elle se découvre comme un forêt de lianes et de feuilles en suspension, avec des arbustes de charme, de la clématite sauvage, où le visiteur est immergé dans une ambiance ouatée et onirique. La mousse est répandue sur le sol et la lumière, douce, et elle se diffuse comme celle d’un soleil vert, apaisant et régénérateur. Une musique se répand comme un parfum d’ambiance, le son de la Nature, avec des mots parlés, des chansons d’enfants, le récitatif des poèmes de Catherine Urien et des effets de lumière procurés par la vidéo, qui renforce le caractère méditatif de l’installation.

« Impressions Naturelles  » Scénographie végétale composée de lianes conceptuelles avec des textures, de végétaux comme une multitude de traits de pinceaux qui rendent hommage aux techniques impressionnistes qui ont marqué Auvers sur Oise.

L’artiste plasticienne a reconstitué la quiétude et la sérénité d’un sous-bois où l’esprit du promeneur s’apaise dans les sons naturels. Cette couleur verte, qui nous baigne comme une couleur à la liqueur de la Grande Chartreuse, fait penser au vitriol des alchimistes. En alchimie mystique, l’acronyme V.I.T.R.I.O.L. se décrypte Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem et se traduit par « Visite l’intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée ». Il y a donc quelque chose d’initiatique dans ce passage vers le sous bois, un rite de passage qui clôt le cheminement du visiteur. Les reflets et les ombres dansent sur les murs et le promeneur se détend dans une mangrove tropicale, comme dans un bayou de Louisiane. L’installation est magnifiquement expressionniste, avec les petits farfadets de lumière verte qui dansent sur les visages et les silhouettes.

L’espace est une ode consacrée à la forêt, aux arbres, à la musique des bois et de la nature. La scénographie végétale s’inscrit comme un écrin, un sanctuaire qui fait écho au cri de Greta Thunberg, « Comment osez-vous ? » « Des gens souffrent, des gens meurent, et des écosystèmes s’écroulent. Nous sommes au début d’une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez c’est d’argent, et de contes de fées racontant une croissance économique éternelle. Comment osez-vous ? »

La scénographie végétale rend hommage aux peintres impressionnistes qui ont marqué Auvers -sur-Oise, qui sont aussi les peintres de la nature, les premiers à sortir de l’atelier et du cénacle pour peindre en pleine nature, dans les champs, la campagne ou en bord de mer. L’installation célèbre ces peintres de l’impressionnisme, les premiers peintres de la subjectivité et de la lumière.

http://www.chateau-auvers.fr/fr/exposition-land-art-par-emmanuelle-briat-au-chateau-dauvers/

https://emmanuellebriat.com/

Festival Art & Science en Essonne et à Paris « Wood Wide Web » du 15/10 au 15/12/2019 : http://sciencedelart.fr/les-artistes-2019/ CONFÉRENCE
Dimanche 20 octobre à 11h à l’occasion du finissage de l’exposition d’Emmanuelle Briat
Conférence de Damien Deville, géographe et anthropologue de la nature, organisée dans le cadre du Festival « La Science de l’Art » / Gratuit

Affiche de l’exposition

INFORMATIONS

NFORMATIONS PRATIQUES
Exposition d’Emmanuelle Briat du samedi 21 septembre au dimanche 20 octobre 2019 dans les jardins et le Château d’Auvers-sur-Oise
(*oeuvres en extérieur visibles jusqu’au 15 novembre 2019 dans le cadre du Festival « La Science de l’Art »)
Entrée publique du Château d’Auvers-sur-Oise
Rue François Mitterrand – 95430 Auvers-sur-Oise
Tél . + 33 (0)1.34.48.48.48
Pour en savoir + : http://www.chateau-auvers.fr

Emmannuelle Briat & Florence Briat Soulié

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