L’ouverture-événement de la Fondation Pinault à la Bourse de Commerce
“Depuis longtemps, je caressais l’espoir de pouvoir un jour présenter ma collection à Paris, dans cette ville que j’aime” François Pinault

Enfin! Pour la première fois, les oeuvres de la célèbre collection Pinault seront exposées à Paris dès Samedi , dans la mythique Bourse de Commerce, désormais confiée au bons soins du grand entrepreneur et mécène d’Art Français. Il est vrai que l’histoire s’est amusée à prendre des détours avant de lui permettre de dévoiler ses trésors dans la capitale Française.

Après l’échec du projet de l’île Seguin à Boulogne, François Pinault choisit en 2005, l’enchanteresse Venise pour y accueillir et montrer sa collection -plus de 10 000 pièces d’art contemporain- au sein du Palazzo Grassi et de La Punta della Dagona. Puis, une fois la reprise de la Bourse de Commerce assurée et la rénovation par son architecte fétiche Tadao Ando terminée, le collectionneur a du encore ronger son frein pendant un an, du fait de la Covid, avant de pouvoir enfin ouvrir son nouveau lieu d’exposition au public, le 22 Mai 2021.
Visite en avant-première de ce nouveau temple de l’Art Contemporain.
Le thème de l’accrochage des nombreux espaces d’exposition tourne autour de la figure humaine et de l’ “Ouverture”- nom donné d’ailleurs à la présentation elle-même; y sont abordés les enjeux d’aujourd’hui : post-colonialisme, identité, genres, place de le femme, sexualité.

Le Salon
L’entrée nous emmène dans le Salon, dédié à une grande fresque de Martial Raysse, Ici Plage, comme ici bas (2012), vibrant de ses couleurs acidulées électriques. La première impression est celle d’une échappée au pays de nos envies: maillots de bain, plages, voyages, danses, excentricité, rassemblements, énergie…. tout ce qui nous manque tant en ce moment! Pourtant cette immense toile est aussi attirante qu’effrayante, les danses ressemblent à des gesticulations diaboliques, la foule oppresse, certains visages se couvrent de masques inquiétants… l’ambiguité entre plaisir et menace captive.
La Rotonde
Puis, oh merveille, nous arrivons dans la Rotonde!. De là, on perçoit tout le génie de Tadao Ando. Son gigantesque cylindre de béton modernise et structure l’espace sans dénaturer l’âme du majestueux édifice du XVIIIème. La sublime coupole, baignée de lumière, conserve ses immenses toiles du XIX ème siècle, tandis que les pigeons de Maurizio Cattalan, plus vrais que nature, perchés sur la corniche, nous observent bizarrement.

Au coeur de la Rotonde, les étonnantes sculptures -bougies de l’artiste suisse Urs Fisher attendent qu’on allume leurs mèches. Au centre de l’installation, on découvre une spectaculaire réplique monumentale de l’Enlèvement des Sabines de Jean de Bologne (1582), autour de laquelle sept chaises diverses -allant du tabouret au fauteuil d’avion- sont positionnées et enfin une sculpture à taille humaine de son ami l’artiste Rudolf Stingel également en cire. Les oeuvres bougies seront allumées au premier jour de l’exposition, elles se consumeront au fil du temps, perdant peu à peu leurs détails, puis leur forme enfin leur matière pour n’être plus qu’une flaque liquide. Une manière d’aborder les thèmes du temps qui passe, de l’altération et de l’impermanence des choses et des êtres, avec toute la fantaisie décalée qu’on aime tant chez Urs Fisher.

La visite continue avec l’exposition des oeuvres de l’artiste afro-américain David Hammons, qui récupère dans la rue toutes sortes d’objets, mégots de cigarettes.. il les rapporte à son atelier leur donne une nouvelle vie artistique en les utilisant pour créer ses sculptures ou installations. Il est aussi très connu pour ses Body Prints , impressions corporelles. La restauration de la Bourse de Commerce a permis des découvertes et c’est le cas dans la dernière salle de l’exposition Hammons où de très belles peintures de planisphères sont apparues.

Tout autour de la rotonde se trouvent vingt-quatre vitrines où sont installées les oeuvres d’objets détournés et détonnants de Bertrand Lavier.
La galerie de la photographie

Au premier étage, ce sont les photographes qui sont à l’honneur avec des séries iconiques : celle de Michel Journiac en 1974, le photographe s’est travesti en 24 heures de la vie d’une femme ordinaire, des portraits aux titres sans équivoque faisant allusion à la femme des années 70. A côté se trouvent les photographies de Cindy Shermann, même époque, même procédé et on quitte cette galerie avec les cow-boys de Richard Prince.

Tout au long du parcours vous verrez des chaises insolites The Guardian de l’artiste française Tatiana Trouvé, une allusion aux gardiens des salles souvent invisibles pour les visiteurs qui passent sans les voir.
La galerie des peintures
Au 2e niveau, se trouve la galerie de peintures, les noms connus défilent Peter Doig – et son légendaire red canoe , Marlene Dumas, Thomas Schütte ou encore Kerry James Marshall.

C’est Rudolf Stingel qui ouvre le bal avec trois magnifiques portraits où apparaissent sa galeriste new-yorkaise Paula Cooper, le peintre Ernst Ludwig Kirchner et son ami artiste Franz West. De la peinture? Ses oeuvres ressemblent à si méprendre à des photographies. L’artiste les a en effet réalisées à partir de photos qu’il a agrandies, avant d’en restituer parfaitement l’effet avec de la peinture à l’huile.

Suivent les créations de Claire Tabouret , également nourries de photographies personnelles ou anonymes. Ôtant toute contextualisation , l’attention se porte sur le ou les personnages et sur un très beau travail de couleurs.

L’artiste afro-américain, Kerry James Marshall, quant à lui, revisite les archétypes de l’histoire de l’Art (dont l’Olympia de Manet) en y intégrant de belles figures noires . Il crée ainsi une union symbolique de l’histoire de l’art Occidental et de l’art Africain.
Dans cette même intention mais avec son style propre, Lynette Yiadom-Boakye, occupe tout un bel espace (galerie 7) avec ses oeuvres. Elle remplace les portraits de riches bourgeois ou dignitaires d’hier représentés dans la peinture historique occidentale par des personnage anonymes noirs.

Pour accéder aux différents niveaux, très amusant de noter ce bel escalier à double révolution, on imagine ces porteurs de grains qui montaient et descendaient sans se croiser.
Le côté gastronomie

Vite ! penser à réserver le restaurant au dernier étage avec sa magnifique vue sur le Centre Pompidou et sur Saint Eustache (en quittant le lieu vous pouvez y faire un tour, un sublime triptyque La vie du Christ de Keith Haring se trouve dans l’église). Ce nouveau restaurant La Halle aux grains est tenu par les chefs père et fils Michel et Sébastien Bras, le menu semble fabuleux ! il ouvrira ses portes le 10 juin. Le design a été conçu par Ronan & Erwan Bouroullec.
Si vous ne l’avez pas encore fait , réservez vite vos places gratuites pour les trois jours d’inauguration les 22, 23, 24 Mai!
Florence et Caroline
LA COLLECTION PINAULT A LA BOURSE DE COMMERCE
2 Rue de Viarmes, 75001 Paris
https://www.pinaultcollection.com/fr/boursedecommerce
RESERVATION RESTAURANT LA HALLE AUX GRAINS

Ouverture
La Collection Pinault à la Bourse de Commerce
Auteur :Caroline Bourgeois, Martin Bethenod



2 commentaires
eimelle Toursetculture
Merci pour cette visite! Ce sera l’occasion d’une prochaine escapade parisienne!
sophia Noguier
Merci pour cette belle visite en avant-première! Superbe photo de vous en rayures parmi les œuvres !