Biennale de Paris
Au Grand Palais éphémère
Quelle belle surprise de retrouver la magie de la Biennale , un soir pluvieux automnal.

Ancien et contemporain se côtoient dans cette sublime scénographie orchestrée par Henri Jobbé-Duval, le directeur artistique de la manifestation, co-fondateur de la Fiac et proche des Ateliers d’art.
Les larges allées, bordées des 70 stands présents sont ponctuées de sculptures d’artistes contemporains installées par les galeries et les institutions présentes, Sèvres, le Mobilier National, le musée Maillol, le musée départemental des Flandres à Cassel.

Posant ses jalons sur quatre axes : les Beaux-Arts, les Antiquités, le Design et la Joaillerie, cette 32e édition est prometteuse d’un cours nouveau et renoue avec l’esprit de fête et de beauté ce que l’on attend de cette manifestation tout en y associant la modernité de la création artistique.

L’accueil est fracassant avec les deux gigantesques Pigeons voyageurs (Die Taubenpost) de l’artiste Adel Abdessemed surplombés par la coupole de l’Ecole Militaire. On aperçoit la statue du Maréchal Joffre incluse dans l’architecture de Jean-Michel Wilmotte, comme dans une bulle, en surplomb de ces pigeons (ou colombes), peut-être un clin d’oeil à la vocation militaire de ces volatiles pendant la Première guerre mondiale. Le visiteur est mis dans le bain de cette toute nouvelle Biennale avec cette oeuvre choc.


Allée centrale, une sculpture de Wim Delvoye Daphnis & Chloë (Counterclockwise) appartenant au musée des Flandres à Cassel dialogue avec le stand des galeries Perrin, Coatalem et Sarti où se trouve présentée, dans une alcôve, un très beau panorama de Pierre Prévost. L’artiste Eva Jospin, qui a exposé “Panorama” dans la cour carré du Louvre, aurait adoré cette mise en perspective à 180 ° depuis les toits du pavillon de Flore, au sommet du château des Tuileries (dessin préparatoire de 1810 miraculeusement conservé, à l’inverse des panoramas eux-mêmes aujourd’hui disparus).

Un circuit où à chaque fois le promeneur est confronté aux différents univers, le grand écart avec les milliers d’années qui séparent parfois les oeuvres se fait naturellement, on passe des canopées égyptiennes de la 12e dynastie, ou encore aux terres cuites des Olmèques et des Mixtèques aux Fragments du temps de Christian Lapie, galerie RX. La juxtaposition des siècles, la dialogue des civilisations, autant de correspondances qui n’auraient pas déplu à André Malraux, l’inspirateur et le créateur de la Biennale en 1963.


J’adore les objets de curiosité entreposés dans les vitrines de Hervieux et Motard, un porte-bouquet porté au doigt d’une élégante ou encore ce coffret en marqueterie de paille.


Le savoir-faire des ateliers d’art français est aussi souligné, sur le stand du Mobilier National, les pixels de Miguel Chevalier (qui a exposé sa nouvelle production numérique sous l’oeuf dessiné par Oscar Niemeyer au siège du parti communiste) s’incrustent sur ce magnifique tapis de la célèbre manufacture de la Savonnerie, installée il y a très longtemps, sous Louis XIII sur les bords de la Seine à la place d’une fabrique à savon, d’où le nom, elle est depuis 1826 rattachée aux Gobelins, le Mobilier National. Depuis longtemps, le Mobilier national a compris que la tradition des métiers d’art est également la source de la modernité.


Table basse Dacryl posée sur le tapis, collaboration de l’Atelier de Recherche et de Création.

Les peintures des grands maîtres défilent sous nos yeux celle du Maître de Guebwiller, galerie Dreyfus, une nature morte de Claude-François Desportes (1695-1774), galerie Perrin, ce panorama extraordinaire représentant une vue de Paris vue du pavillon de Flore, d’autres natures mortes, souvent anciennes mais aussi d’autres plus contemporaines, je pense aux côtelettes de Guy de Malherbe, galerie La Forest Divonne ou les Still Life rebaptisées “Nature tranquille” d’Alexandre Hollan, aux effets de loupe critstallins agrandis jusqu’à l’excès, provoquant l’effet d’être le héros du film de Richard Fleisher, Le Voyage fantastique (1966), plongé dans l’exploration des vaisseaux sanguins du corps humain.


La joaillerie est très représentée et en particulier par cette célèbre maison Vever créée il y a 200 ans par Pierre-Paul Vever à Metz, puis Paris, rue de la Paix en 1872, ses deux petits-fils Paul et Henri auteur de l’ouvrage La bijouterie française développeront amplement l’affaire !


Aujourd’hui ce sont ses descendants qui relancent le savoir-faire de la maison éteinte dans les années 80. Un mot d’ordre dans cette nouvelle entreprise : eco-responsable ! Les motifs Art Nouveau inspirés de la nature sont repris et modernisés c’est au tour des fleurs de Ginkgo, les nymphes, de faire leur apparition sur des bagues, pendentifs… pavés de diamants de synthèse, tout est fait en France.
Le stand est décoré d’une très belle installation à base d’amarante teintée naturellement par la maison Désirée Fleurs.


Et maintenant à vous de voir ! La Biennale est une fête à ne pas manquer.
INFORMATIONS

Du 26 novembre au 5 décembre 2021
Grand Palais Éphémère
Champs-de-Mars – Place Joffre 75007 Paris
HORAIRES
En semaine de 12h à 19h
Week-end, de 11h à 19h
Nocturne le jeudi 2 décembre jusqu’à 22h Dimanche 5 décembre, de 11h à 17h

