Libres comme les impressionnistes de Paul Durand Ruel
Paul Durand-Ruel.
Le pari de l’impressionnisme
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard, 75006 Paris
« Il ne suffit pas de faire [des chefs-d’œuvre]. Il faut les montrer. »
Paul Durand-Ruel, lettre à Claude Monet, 22 février 1882

Huile sur toile, 81,3 x 59,7 cm
Philadelphie, Philadelphia Museum of Art

Paul Durand Ruel (1831-1922)
Je pense aux impressionnistes de Paul Durand-Ruel et je me dis que grâce à cette liberté d’expression, nous pouvons aujourd’hui les admirer au musée du Luxembourg.
Edgar Degas, Auguste Renoir, Claude Monet, Edouard Manet, Camille Pissaro, Berthe Morisot, Marie Cassatt, Alfred Sisley sont mis à l’honneur dans ce musée du Luxembourg qui autrefois les refusaient. Nous sommes accueillis par les portraits de Paul Durand Ruel, ses trois fils et ses deux filles par Renoir.

“Le Pont de chemin de fer à Argenteuil”, 1874 Philadelphia Museum of Art
Paul Durand-Ruel, bon père de famille, était un précurseur, il a su repérer ces peintres, les aimer et les faire connaître dans sa galerie musée, dont l’entrée était ouverte à tous et inventer une nouvelle forme de marché de l’art.

Dans un décor suggérant la galerie-appartement de la rue de Rome, nous sommes touchés par la force de cette peinture, encore aujourd’hui, l’avant-gardisme d’une toile de Monet nous éclate aux yeux. Nous rentrons dans l’intimité de “la femme à sa toilette” de Berthe Morisot, tableau que Durand-Ruel acheta 600$ en 1896 (vente de la collection Meritt Chase) et qu’il présenta à la rétrospective organisée un an après la mort de l’artiste, Julie Manet, sa fille, participa à l’accrochage.

© Chicago, The Art Institute of Chicago
un très beau tableau de Delacroix “L’amende honorable” du musée d’art de Philadelphie, père de l’impressionnisme un peu plus loin, ou également “L’enfant à l’épée” de Manet conservé à New York au Metropolitan Museum of art.
L’émotion nous gagne devant les portraits de Renoir : la timidité d’une petite fille sage, un rare portrait de danseuse ou encore l’imposant portrait de Paul Durand-Ruel de 1910, les liens d’amitié qui unissent le marchand à l’artiste sont très solides et Renoir a su retranscrire sa véritable personnalité, il suffit juste de le regarder, il vous donne les clés de l’exposition..
Paul Durand-Ruel est partout, Boston, Londres, Berlin, New-York, il est à l’origine de grandes collections impressionnistes américaines : les Havemeyer à New York, les Palmer à Chicago, mais aussi Alexander, le frère de Mary Cassatt à Philadelphie.
Extrait de lettre de Paul Durand Ruel à Claude Monet, Paris, 1882.15 pages. (vente Artcurial des archives de Claude Monet du 13/12/2006 n°59 adjugé : 8016€) : “…La vente ne marche pas mais je m’y attendais. Vous savez que j’ai demandé des prix élevés. J’aurais demandé moitié moins que je n’aurais vendu davantage et je n’aurais pas posé les tableaux dans l’esprit des amateurs de la même façon. On trouve que je suis exagéré, mais je suis enchanté que l’on en soit arrivé à faire ce progrès de ne plus rire de mes goûts et déclarer que j’étais fou… “

et Le Défilé, entre 1866 et 1868 Paris, Musée d’Orsay
Cette extrait nous démontre que Paul Durand Ruel a su non seulement imposer l’Impressionnisme, mais aussi agir en marchand avisé. Il utilisait tous les moyens à sa disposition : comme mettre des prix élevés, se servir des ventes aux enchères pour faire grimper les côtes de ses artistes en rachetant parfois ses propres tableaux, investir jusqu’à la faillite, obtenir l’exclusivité des artistes, organiser de grandes expositions comme celle des Grafton Galleries à Londres, en 1905, ou encore se servir des écrivains qu’il contactait directement comme Octave Mirbeau qui parlait de lui en ces termes : ..”en avance de plusieurs années sur le goût du public ..”.

A sa mort, en 1922, Paul Durand Ruel possédait des milliers de tableaux, une majorité de Renoir et Monet, mais aussi Degas, Cassatt, Pissarro, Manet, Sisley… Sa galerie new-yorkaise fermera en 1950 et celle de Paris en 1974.
De nombreux tableaux exposés viennent des Etats-Unis, ou de Londres et nous avons la chance de pouvoir les voir réunis.
C’est le critique d’art du Charivari Louis Leroy qui donnera son nom aux impressionnistes en découvrant le tableau de Monet “Impression, soleil levant” en 1872. Il titrera son article “L’exposition des impressionnistes” ironiquement.
Louis Leroy « Que représente cette toile ? Impression ! Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans »
Vite, vite, vite, ne ratez pas cette exposition de chefs-d’oeuvre et faites moi part de vos impressions!!!
Florence Briat-Soulié
Artcurial archives Claude Monet vte 13/12/2006
http://thegazeofaparisienne.com/2014/10/29/la-colere-du-tigre
http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/paul-durand-ruel-le-pari-de-limpressionnisme
Commissaires : Sylvie Patry, conservateur en chef au musée d’Orsay, Anne Robbins, Christopher Riopelle,
conservateurs à la National Gallery de Londres, Jennifer A. Thompson, Joseph J. Rishel, conservateurs au
Philadelphia Museum of Art.


5 commentaires
Caroline d'Esneval
Paul Durand Ruel, l’ aventurier de l’Art…cette expo à l’air superbe!
Pour ceux qui sont intéressés par la vie des grands marchands d’art du 19 ème siècle jusqu’à aujourd’hui, il y a un très bon livre: “Chercheurs d’ART” de Yann Kerlau – le portrait de 7 hommes, dont bien sur Durand-Ruel, qui ont inventé ce métier et l’ont transformé au fil du temps.
Marie José Tulard
Bravo pour cet article enthousiaste sur une exposition que j’ai aussi beaucoup aimée. J’ai trouvé très intéressante votre citation de la lettre de Durand-Ruel révélatrice de la façon dont il concourait à la valorisation des premières oeuvres impressionnistes en les proposant à un prix élevé sur un marché qui ne “mordait ” pas encore. “C’est la nuit qu’il est beau de croire à la Lumière” comme disait Edmond Rostand.
Anne Lesage
En effet beaucoup de tableaux méconnus comme les galettes de claude Monet. Durand Ruel Marchand qui a acheté ce qui ne se vendait pas quand d’autres n’achetaient que ce qui se vendait… On voit le résultat : sublime.
Bruno Soulié
Vous étiez lassés des longues files d’attente devant le portail de la cathédrale de Rouen (les variations de Monet) au Musée d’Orsay ? Vous êtes saturés par l’impressionnisme. Et bien courez au Musée du Luxembourg dans le lieu même où a été déposé le legs Caillebotte en 1897. Ce musée est devenu son lieu de rédemption : vous y découvrirez avec un regard neuf et émerveillé des tableaux qui sortent rarement des collections américaines. Ce bijou rare doit se savourer lentement comme une longue dragée de communn.
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