Salon de Montrouge 2016
Un lundi de printemps au soleil, on en rêvait ! Emilie et moi nous dirigeons vers le salon de Montrouge, tous les bourgeons sont en fleurs. Les oeuvres de ces 60 jeunes artistes sont aussi en pleine éclosion. C’est vivant, coloré, C’est de toute beauté. S’en suit une succession de matières, installations éphémères. On se perd dans ce labyrinthe, dans ces différents univers.
Cette année Ami Barak est le nouveau directeur artistique, associé à Marie Gautier, ils ont imaginé pour nous une sorte de carte artistique divisée en cinq familles d’artistes, sortes de départements poétiques “Je t’aime moi non plus” “Ironie de l’histoire”…

Chaque artiste nous parle, nous raconte ces expériences. L’art, les oeuvres d’art sont avant tout une histoire personnelle, une retransmission du vécu, du visible de ces talentueux inspirés. Communiquer par la beauté, telles sont leurs particularité. On en ressort rafraîchies… Un peu étourdie face à tant de poésie !
Nous sommes impatientes de les écouter, de les comprendre, cette année beaucoup de vidéos, les artistes s’approprient tous les supports sans complexe, ils passent du dessin à la vidéo en y associant sculpture, photo…
Romain Vicari n’hésite pas à me parler de cuisine et réutilise à volonté les ingrédients ou matériaux divers qu’il récupère dans des lieux abandonnés comme ces deux trombones géants auxquels il associe des sculptures en résine , vidéo, tout l’espace est occupé, même le mur recouvert de plâtre sculpté, où se placent des objets incongrus comme un nez, cela me fait penser à David Altmejd.

©Thegazeofaparisienne
La visite continue et nous nous arrêtons au hasard des rencontres, Mathilde Lavenne nous explique ses dessins réalisés entre Rome et Naples sur des terres volcaniques, à côté sa vidéo montre un très beau paysage au pied d’un glacier en Norvège, c’est la confrontation entre l’humain et la nature qui l’intéresse particulièrement.

©Thegazeofaparisienne
Nous continuons sur les vidéos avec Julie Vacher et ses camouflages “BRÂME – La vie primitive qui habite les ombres”, puis si nous sommes curieux nous découvrons derrière ce carré blanc une image de paysage à Taiwan où elle se trouvait en résidence, constituée de deux photos superposées répercutant cette idée d’écho avec au dessus de nos têtes une “douche sonore”, des sons enregistrés sur place et peut être les esprits des GaGas ! (
François Roux, lui a trois écrans deux vidéos, l’une nommée “Insomnie” bat au rythme des clignements des yeux, il se pose la question du regard, le déplacement dans le paysage autour de l’énigme “Lorsqu’un arbre tombe dans une forêt sans personne pour l’entendre, fait-il encore du bruit ?” Le mystère du visible, du son le passionne..

“Insomnie”
©Thegazeofaparisienne
Mario D’souza m’explique son monde bi-culturel entre l’Inde et la France, deux lieux qu’il met en scène ici en y associant sa symbolique la chaise occidentale et le tapis oriental, les matières mousse, pailles, fibres du tapis sont l’air que nous respirons, les couleurs rouge “la vie” et jaune “l’espoir”. Son langage oscille entre la sculpture et le dessin représentés ici par ces tableaux aux belles enluminures, “ses jardins” réalisées par des artisans indiens entourant ses dessins.

©Thegazeofaparisienne
Ici même les murs sont habités et c’est le cas d’Anna Tomaszewski qui perce le mur à deux reprises , dans le premier on aperçoit une bille sur un socle en plomb et dans le deuxième minuscule une autre bille qui cette fois-ci a augmenté considérablement de taille et se trouve au centre d’une installation avec reflet du Beffroi de Montrouge recréé pour l’occasion qui nous apparait. L’artiste joue avec la réalité et l’abstraction.

“En suspens” 2013
©Thegazeofaparisienne
Keita Mori nous intrigue devant son installation de fils tous fixés par de minuscules points de colle, il aime ces lignes droites, froides, industrielles, créées par les fils. Sur un autre mur sont placés deux tableaux triangulaires avec toujours ces fils, il appelle l’ensemble “Fausse circulation coupée en deux” !

©Thegazeofaparisienne
Nous terminons par Messouma Marie-Claire Manlanbien, son invitation au voyage, inspirée par les Yobwes, éléments hérités du matriarcat qui permettent de peser la valeur des choses, très importants dans l’institution Akan, au Ghana et en Côte d’Ivoire. J’admire son soleil représentation en céramique de la féminité ; à côté une sculpture phallique effrayante recouverte de lames de rasoir nous rappelle les violences faites aux femmes dont l’excision.

©Thegazeofaparisienne
Je n’oublie pas Mathieu Dufois croisé et vu il n’y a pas ci longtemps à Drawing Now et il y a un an au prix Sciences Po pour l’art contemporain avec toujours ses décors impressionnants de précision et dessins ou vidéo. Voir prix Sciences Po 2015

©Thegazeofaparisienne
A la suite du Salon de Montrouge, Johanna Benaïnous & Elsa Parra initiatrices de l’installation A couple of them 2014/2015 se retrouvent au Prix Emerige 2016 – Une Inconnue d’avance.
Johanna Benaïnous & Elsa Parra / Prix Emerige 2016 Johanna Benaïnous & Elsa Parra – A couple of them 2014/2015 Johanna Benaïnous & Elsa Parra – A couple of them 2014/2015
Ce soir seront annoncés les lauréats 2016, plusieurs prix seront attribués dont le Grand prix du Salon.
Il y a beaucoup d’autres artistes qui sont exposés et que j’ai aimé : un article n’y suffirait pas. C’est un catalogue qu’il me faudrait rédiger et sa lecture lasserait mes chers abonnés. Alors rien ne remplace le regard.
Chaque objet sorti de son contexte nous interpelle, nous touche, nous éveille. Une balle de tennis, un saut de peinture, la nature. Tout est si touchant, si frappant, C’est tellement vivant et accessible ! Les artistes et les oeuvres sont à portée de mains et des yeux : car il n’y a pas ici l’aspect un peu intimidant du seuil à franchir, une galerie, une foire ou une exposition. Le salon de Montrouge est un peu la Peinture 2.0. : pas d’intermédiaires mais le contact direct entre l’amateur et l’artiste.
Et n’hésitez pas courez faire votre choix, les oeuvres sont à vendre directement par ses artistes de demain que nous verrons ensuite dans les musées, foires, galeries… Les artistes de demain sont aujourd’hui au Salon de Montrouge !
Florence Briat Soulié et Emilie Renault
http://www.salondemontrouge.com/
Du 4 au 31 mai 2016
Entrée libre 7 jours sur 7
Le Beffroi
2, Place Emile Cresp
92120 MONTROUGE
Lauréats 2016
LE GRAND PRIX DU SALON : Anne Le Troter
Le Palais de Tokyo accueillera un projet personnel du lauréat en février 2017, dans le cadre de sa mission de soutien à la création émergente.
LE PRIX DES BEAUX-ARTS DE PARIS : Clarissa Baumann
Le lauréat bénéficiera d’un aide à la production de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris (ENSBA).
LE PRIX DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DES HAUTS-DE-SEINE : Anne-Charlotte Finel
Le lauréat recevra le soutien du Conseil Départemental des Hauts de Seine pour la réalisation d’un projet inédit.
et aussi
LE PRIX ADAGP DES ARTS PLASTIQUES : Clarissa Baumann
Le lauréat, choisi par un jury composé de l’artiste Hervé Di Rosa, Meret Meyer (vice-présidente du comité Marc Chagall), l’artiste Mounir Fatmi, Aude Cartier (directrice de la Maison des Arts de Malakoff et du réseau Tram), et par Anaël Pigeat (rédactrice en chef d’Art Press et commissaire d’exposition) recevra une dotation de l’ADAGP. Le lauréat aura également son portrait filmé par Arte et diffusé sur le site d’Arte Créative.
LE PRIX KRISTAL : Julien Fargetton
Le lauréat, choisi par le Conseil Municipal des enfants de Montrouge, bénéficiera d’une dotation de la Ville de Montrouge et d’une exposition à l’automne 2016 à la Galerie Artyfamily, à Paris.


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