Walasse Ting (1928-2010) : Le voleur de Fleurs, Musée Cernuschi

© The Estate of Walasse Ting/ADAGP, 2016/Photo Michel Nguyen
Le Musée Cernuschi présente une magnifique rétrospective de l’oeuvre de Walasse Ting. La mise en scène “kaleidoscopique” de ses oeuvres retrace l’évolution créative de l’artiste, depuis ses racines Chinoises jusqu’à son travail en Occident. Chaque pièce introduit un nouvel élément de son vocabulaire artistique, qui se rajoute aux précédents, jusqu’à la fin de la visite, où il atteint une forme de synthèse. Depuis le Noir et Blanc jusqu’aux rouges et bleus détonnants, laissez vous séduire par le language visuel de Ting.
1 an, première chanson
5 ans, premier dessin d’un dragon Volant
6 ans, première fois que je sens une fleur
16 ans, premier amour…

De son enfance à Wuxi, proche de Shanghai, où il eu la possibilité de cotoyer un environnement à la fois rural et cosmopolite, Ting a nourri un Art multiforme. A l’entrée de l’exposition, deux oeuvres de ses jeunes années donnent une première idée du paysage artistique de cette époque. Ces tableaux, imprégnés de peinture calligraphique, révèlent l’influence de l’art traditionel Chinois. Un poème, écrit par l’artiste au titre éponyme “Walasse Ting” accompagnent les images. Les mots retracent les “premières fois” de sa vie qui ont inspiré son travail polymorphe.
18 ans, première fois que je quitte la Chine
19 ans, première aquarelle vendue
21 ans, première exposition personnelle
22 ans, première traversée maritime pour Paris…

Sa carrière grandissant, il se pare d’une nouvelle identité : “le voleur de fleurs”, un personnage fictif qui incarne sa multi-culturalité et la richesse de ses références artistiques. Ting crée des pièces imprégnées du geste expresionniste, de la spontaniété du mouvement “Action painting”, tout en conservant certains codes de la calligraphie Chinoise. Ainsi son tableau “L’araignée noire et le serpent blanc” de 1957 illustre cette rencontre: il y présente un sujet traditonnel Chinois, avec des technique de répresentation tirées d’un expressionnisme à la Pollock. L’image parait sortir de la toile.
28 ans , première fois que je ne crois plus en rien
29 ans, premier poème
30 ans, première fois en Amérique…

© Matchteld Appel/ Photo Frédéric Charron
Durant les années 50, Ting voyage entre l’Europe et les Etats Unis, et collabore avec les artistes du mouvement Cobra. A son initiative, se crée un collectif réunissant 27 artistes autour du projet “One Cent life”. S’y mêlent Pop art, Expresionnisme abstrait et textes. Ting contribue à ce projet au cours de séances “d’improvisation de peinture”, comme les nomme son contemporain et proche ami, Pierre Alechinsky. Cet assemblage d’oeuvres est représentative de l’énergie et la variété de la scène artistique internationale de l’époque. Des créations de Joan Mitchell, Roy Lichenstein, et Andy Warhol sont partie prenantes du projet.
32 ans, première fois que je mange un hot dog
37 ans, première fois que je suis père d’une petite fille
38 ans, première fois que j’achète une télévision

Dès les années 50,Tings se fascine pour les femmes, créant une série de nus érotiques évocateurs, dans des pastels intenses. On y retrouve la grand Odalisque d’Ingres et la belle Olympia de Manet revisitées sur les toiles de Ting. Il pare le corps féminin de couleurs vibrantes, rappelant celles des Fauvistes .
44 ans, première fois que je vois mon père dormir dans un cercueil
45 ans, première fois que je suis un Américain
46 ans, première fois que l’argent a l’odeur du mensonge …

La disposition de series d’oeuvres colorées entre des salles de Noirs et Blanc, souligne la diversité des styles de l’artiste et l’influence continue de ses racines Chinoises. Toute sa vie durant, il a pratiqué l’art de la calligraphie, ré-interprétant sujets et materiaux traditionnels avec la modernité de son regard .
48 ans, première fois que je réalise que la vie est un cycle
51 ans, première fois que j’achète une lettre de Gauguin
55 ans, premier petit déjeuner sous un arc-enciel

La dernière partie de l’exposition , ma préférée, présente l’apogée du travail de l’Artiste, où tous les différents aspects de son vocabulaire trouvent une magnifique unité. Une synthèse des multiples influences et de sa créativité personnelle donne naissance à un style unique . Ce dernier espace présente des oeuvres monochromes et polychromes, saisissantes par leur élégance et leur singularité. Les compositions de Ting racontent un monde de fleurs, d’oiseaux et de femmes sensuelles. Elles ébouissent par leur infinie sophistication et finesse. L’étendue de son talent artistique, son sens du merveilleux, son style éclatant font tout l’Art de Ting.

Vous avez jusqu’à fin Février pour admirer la séduisante rétrospective de Ting au Musée Cernuschi. Vous pourrez y découvrir également le reste des collections dédiées à l’Art Asiatique du Musée, avant vous offrir encore quelques instants de rêverie, en flânant dans le ravissant Parc Monceau.

© The Estate of WalasseTing/ADAGP,2016/Photo John Sturges
67 ans, première pêche en mer
68 ans, première fois que je peins une baleine
69 ans, première fois que j’achère un Boudha blanc
70 ans, première fois que j’achète 2 étoiles filantes…
Tess Holland -Wesleyan University 2018, Vassar-Wesleyan Program in Paris Fall 2016
Ting Walasse
Le Voleur de Fleurs
Musée Cernuschi
Until 26 February 2017

