Artgenève 2017: une 6ème édition de toute beauté.
“Là , tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ” (Baudelaire)
Mercredi, Artgenève a ouvert ses portes à des nombreux collectionneurs et amateurs d’Art venus découvrir, en preview, les oeuvres d’Art Moderne, Contemporain ou Design, présentées par les 85 galeries exposantes. Les créations de 800 artistes y sont proposés. Pour notre bonheur, ce salon manifeste sa volonté de rester un “salon” de taille humaine, afin d’offrir aux visiteurs un environnement soigné, feutré, propice à la délectation artistique. On se promène, passe et repasse à notre aise pour revoir une oeuvre qui nous a touchés ou pour échanger avec des galeristes souriants, qui s’offrent le luxe de la discussion.

La spécificité d’Art Genève s’affirme par la part belle faite aux galeries Suisses de grande qualité (Simon Studer Art, Gui Bartschi, Blondeau &Cie, Von Vertes, Laurence Bernard etc…), jouissant d’une présence congrue dans les autres foires d’Art, tout en accueillant également des marchands internationaux incontournables (Lelong, Marlborough , Xippas, Mayoral, Gagosian etc…). C’est aussi un lieu de rencontre entre Institutions indépendantes, Centres d’Art, Ecoles, et Edition.

©thegazeofaparisienne
Place à la visite: venez partager avec moi les pépites de ce salon!

L’ arrivée est surprenante: nous sommes accueillis, juste en haut de l’escalator, par un immense squelette humain de 17 m, qui pourrait être effrayant si son créateur, Adel Abdessemed, ne l’avait affublé d’un énorme sourire. Me voilà rassurée ! Juste à coté , je suis invitée à passer un rideau, derrière lequel je découvre, surgissant de l’obscurité, l’installation époustouflante et monumentale d’Anthony Mc Call . Ce maitre de la “Lumière solide” a crée un ensemble de huit pièces. Chacune d’elle projette, jusqu’au sol, un voile lumineux diffus qui se transforme en dessin de courbes géométriques. L’oeuvre est saisissante, sublime, et me procure une sensation de paix étrange . J’aurais pu rester des heures dans cette ambiance surréelle … si ma curiosité de découvrir le reste du salon ne m’avait poussée vers la sortie!

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Juste en face, mes yeux sont attirés par des formes de ballons lumineux qui tournent montent et descendent en diffusant des rayons colorés. C’est l’oeuvre de deux jeunes artistes, Martin & Visser, qui est présentée dans l’espace du “Ball Room”. Une oeuvre visuelle, séduisante.

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Couleur rouge, tissage gracieux et captivant pour les tableaux de Chihuri Shiota à la galerie Blain/Southern. L’artiste y présente également des boites tissées où sont suspendues des clés énigmatiques, avec en commun le désormais célèbre fil rouge de l’artiste.

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Du rouge encore avec deux magnifiques oeuvres vibrantes de François Morellet, qui ont le don quasi magique de nous recharger en énergie positive. Le galeriste en demande 200.000 € par tableau.

Un peu plus loin, Je m’arrête pour admirer un très beau Sam Francis des années 60, à la galerie Von Vertes. Même décennie, mais autre lieu: le grand artiste Espagnol Manolo Millares, créateur du mouvement “El Paso”, est mis à l’honneur par la galerie Mayoral, au côté de son contemporain Antoni Tapiès. On retrouve la force, la fougue, et la matière brute si caractéristique de ces peintres Espagnols.

Je remonte l’allée et le temps pour me retrouver dans le centre névralgique du Paris Russe des années 1910 à 1930, ” Chez la Baronne d’Oettingen”. Cette femme avait réuni, autour d’elle, de nombreux artistes Russes, qu’elle exposait dans ses salons. Dont le talentueux Serge Férat, ou encore François Angiboult – pseudonyme d’Artiste de la Baronne d’Oettingen! Une découverte passionnante.

Cette 6 ème édition me frappe par la présence très importante des image d’arbres. Signe de notre temps? Avons nous besoin de la protection rassurante de leurs branchages touffus, de la force nourricière de leurs racines, de l’immuabilité de ces espèces centenaires? Cette année, elles se présentent sous de multiples formes et médium: la sublime photo noir et blanc très clair de Mitch Epstein chez Les filles du Calvaire, le “Tree” de Vik Muniz, ouvrant très largement ses “bras”(galerie Xippas), ou la très étonnante peinture en N&B “Relic ” de Lu Chao (Nathalie Obadia) dont l’expression formelle fait penser à des caricatures satiriques.

@The gazeofaparisienne

Chez Daniel Templon, je tombe en arrêt devant un dessin de Robert Longo. De cette tête d’enfant émane tant de grâce, de douceur, de paix. Une fois de plus, la technique bluffante de l’artiste me prend au piège : il y’a a tant de perfection et de vie dans ce dessin que j’ai du mal à imaginer que ce n’est pas une photo, mais une oeuvre au fusain. Sûrement mon grand coup de coeur de ce salon!

Plus loin, je m’intéresse au solo show photographique de Vincent Fournier ( Perpitch et Bringand),où figurent notamment quatre oeuvres remarquables de la Série Brasilia. A la galerie Daniel Templon, je m’immerge dans l’univers mystérieux de la photo de Prune Nourry, représentant l’enterrement de ses Terracotta Daughters en Chine.
Côté Edition, les magnifiques livres d’Art des éditions Take5, dirigés par Céline Fribourg méritent que l’on s’y arrête. Sur le thème existentiel d’Eros et Thanatos. l’éditrice a sorti simultanément 3 livres exceptionnels ,en collaboration avec plus de 20 grands artistes: « Un Sentiment Empoisonné », »Argent de Nuage » et « Eros et Pulsion de mort ». Chacun est placé dans un coffret – oeuvre d’Art en soi- réalisé par Studio Nucleo, John Armleder et Prune Nourry.

La sculpture est également présente. A Palexpo, j’ai particulièrement aimé celle de Bernar Venet chez Blain/Southern, ou encore une très délicate oeuvre d’Andréa Wolfensberger aux nuances subtiles de blanc allant du rosé et au blanc acide. Mais pour apprécier toute l’étendue de cette discipline , il faut absolument faire un détour autour du lac Léman et admirer les installations ArtGenève/sculptures: des pièces spectaculaires, dont l’impressionnante et architecturale création de Séverine Hubard, présentée par la Galerie Laurence Bernard.

Courtesy galeries Eva Meyer, Paris et Laurence Bernard, Genève.
Remerciements aux Associés Successeurs des Ateliers Casaï de Genève et artgenève, Palexpo
Une grande question trotte dans nos têtes tout au long d’Art genève 2017… mais quelles oeuvres du salon va donc choisir le MAMCO (Musée d’Art Moderne et Contemporain de Genève) pour enrichir ses collections? Idée très créative de son directeur Lionel Bovier, le MAMCO présente, au premier jour du salon, un stand aux cimaises vides. Cimaises qui se remplissent au cours des jours, suivant ses choix d’acquisition auprès des exposants.
Je souhaite terminer cette promenade artistique par des représentants emblématiques de la création contemporaine Suisse: John Armleder et ses très reconnaissables tableaux colorés, vivants, pailletés, ou encore Sylvie Fleury avec son installation adressant notre fascination pour les marques de luxe…. je n’ai pu moi-même y résister !!

@Thegazeofaparisienne

Galerie Andrea Caratsch
@Caroline d’Esneval pour thegazeofaparisienne
Un rendez-vous incontournable qui, chaque année, inaugure avec bonheur le calendrier des foires d’Art. A l’année prochaine pour Art Genève 2018!
Caroline d’Esneval

