Inès Longevial, étoile montante de la peinture contemporaine

Sélection du Prix Balzac pour la création contemporaine.

Pour Inès Longevial (née en 1990), la couleur est une obsession, l’élément clé dans sa compréhension du monde, tout comme la peau, cette frontière ténue entre soi et l’extérieur, sur laquelle elle « projette ses envies et ses désirs ». Ses dessins et peintures révèlent ses impressions, ses souvenirs se gravent sur la peau des visages et des corps sensuels, présentés en close-up cinématographiques. Sa magnifique palette raconte la nostalgie des saisons, la saveur d’une glace parfumée, l’émotion d’un poème, la douceur des caresses. Elle vous dira ainsi que ses inspirations sont multiples et quotidiennes, puisées dans les détails de sa vie, la lecture, le cinéma, la gastronomie, les voyages et surtout la nature.

Du dessin à la peinture

La pratique du dessin d’Inès Longevial est instinctive. Comme dans un journal intime, elle pose chaque jour sur le papier ses pensées et sentiments d’un trait libre et spontané. Cette activité exutoire et intimiste lui permet ensuite d’aborder la peinture de façon réfléchie et aboutie. Ses tableaux se présentent exclusivement sous forme d’auto-portraits ou de rares représentations de proches, elle aurait trop peur de “voler l’âme d’inconnus en les mettant ainsi à nu”, commente-t-elle. J’aime ses constructions en plans géométriques et ses couleurs vibrantes imbriquées aux airs d’un cubisme très actuel.

En duo avec le Chef Julien Chevallier (Parcelles) pour le Prix Balzac*

C’est justement le pouvoir évocateur des couleurs chez Balzac qui a inspiré les créations du duo, réunissant le chef Julien Chevallier et l’artiste Inès Longevial. Cette agilité avec laquelle l’illustre écrivain en use dans ses descriptions pour dépeindre les émotions d’un personnage, la lumière d’un paysage et en particulier côté saveurs, pour éveiller notre plaisir gustatif en parcourant les couleurs « de ses tableaux gastronomiques » (La Peau de Chagrin, Honoré de Balzac). S’ajoute un clin d’œil du duo au café, dont la consommation excessive par Balzac stimulait son abondante production littéraire. Les nuances de la peintre font écho à la saveur des mets conçus pour l’occasion par le cuisinier, l’ingrédient café unit leurs deux créations.

Hommage au roman éponyme de Balzac sur l’émancipation féminine, La femme de trente ans, créée par Inès Longevial, se couche sur plusieurs feuilles réunies, à l’image des pages d’un livre que l’on tourne. Comme chacune de nous, l’artiste porte en elle une partie des combats et des affres de l’héroïne Julie d’Aiglemont; En découvrant cet émouvant autoportrait au pastel, je suis captivée par la forte détermination de son regard malgré sa position à terre de vaincue. Une oeuvre qui résonne avec l’actualité de notre monde actuel.

Prendre les chemins de traverse…

Inès Longevial est une artiste ancrée dans notre temps. Visionnaire, elle a été un des premiers artistes à « exposer » ses créations sur Instagram dès 2012. Rapidement, elle se fait remarquer par une large communauté (340 mille abonnés, aujourd’hui !) issue des quatre coins monde, ainsi que par des professionnels du milieu de l’art . En 2017, la revue américaine Juxtapoz fait d’elle sa couverture, des galeristes outre-Atlantique l’exposent à Los Angeles, San Francisco et New York. C’est également sur Instagram que j’ai découvert son talent, au hasard d’une image qui m’a immédiatement captivée, au milieu des centaines qui défilent sans cesse. Très touchée par sa peinture, j’ai proposée Inès Longevial pour la sélection “artistes” de la 2e édition du prix Balzac.

Son diplôme en Art appliqué en poche, Inès Longevial s’installe à 23 ans à Paris. Depuis 2020, l’artiste est représentée par la galerie parisienne Ketabi Bourdet, où son travail est régulièrement montré. Après des présentations chez Christie’s Paris, à l’Alliance Française de NY, ou encore au Musée des Beaux-Arts d’Agen et à Bruxelles, vont suivre des expositions chez Almine Rech à Londres (Dec.2023) et New York (en 2024), ainsi qu’à Paris à la galerie Ketabi Bourdet (Oct. 2023).

Une artiste fascinante à suivre de près.

Caroline d’Esneval

*Prix Balzac pour la création contemporaine