L’exposition en 9 minutes et 43 secondes #1
PAR BENOIT GAUSSERON
Circulus à la Galerie Papillon
Une invitation à Colette Barbier
L’exposition en 9 minutes et 43 secondes #1. En hommage à Anna Karina, Sami Frey et Claude Brasseur qui visitent en courant le Louvre dans « Bande à part » de Jean-Luc Godard (1964), la visite au pas de course d’une exposition par Benoît Gausseron.

Le sexe des Clowns
Les bêtes féroces et les clowns se sont évadés des cirques. Enfin libres, lions et panthères ont déserté les chapiteaux pour entrer à l’hospice et panser leurs blessures, loin des hommes qui leur avaient infligé les barreaux et les coups. Chassés par des enfants vieillis trop vite, les clowns ont a leur tour perdu leur public et déserté la piste de cirque. Ils ont traîné longtemps leurs chaussures trop grandes et pointé leurs nez ronds et rouges dans des coins reculés. Ils ont pleuré beaucoup, tiré des révérences silencieuses et disparu des écrans.
Voici, qu’à la faveur de l’exposition Circulus à la galerie Papillon, nous découvrons qu’ils ne nous avaient jamais quittés.
Dans nos villes, nos maisons et nos chambres, ils n’avaient cessé de nous regarder dans les yeux. Sans nous. Car il faut avoir ri comme un enfant pour les reconnaître, cru comme un fidèle pour déceler la face du Christ dans leurs visages à la larme trop noire collée sur du mascara blanc, vécu assez vieux pour savoir que les larmes et les rires sont des frères siamois.
Une image et une seule, cette œuvre de Valérie Belin qui trône en retable au fond de la galerie : le visage est plus maquillé qu’un camion volé, le masque est de papier grimé, le sfumato de la ville est en toutes lettres. L’enfant prodigue de Marylin Monroe et d’un tatoueur de Tokyo sort des langes de pixels, de collages, de liner et de strass. Les sexes se mélangent car, au fond, nul n’est censé connaître le sexe des clowns.

“Cette figure du clown agit donc dans cette exposition comme un prétexte à regarder les choses de biais, à faire surgir la nature grotesque des conventions qui régissent nos existences contemporaines. Fascinante, elle retient notre regard dans un espace de questionnement et d’incompréhension, nous renvoyant sans cesse à notre condition individuelle, à la manière dont nous nous emparons des sujets qui parsèment nos quotidiens. A tous ces drames plus ou moins avérés, le clown répond par un grand éclat de rire, qui fait l’espace d’un instant tourner le monde en sens inverse.”
Colette Barbier
LES ARTISTES : Carlotta Bailly-Borg, Valérie Belin, Nina Childress, Michele Ciacciofera, Erik Dietman, Sylvie Fanchon, Arnaud Labelle-Rojoux, Natacha Lesueur, Lucile Littot, Mathieu Mercier, Chloé Quenum, JC Ruggirello, Elsa Sahal, Thomas Schütte.

Circulus
Le fond de ma nature est, quoi qu’on en dise, le saltimbanque (Gustave Flaubert dans une lettre à Louise Colet)
Une invitation à Colette Barbier
Galerie Papillon
Du 11 mars au 6 mai 2023
13, rue Chapon Paris 3


Un commentaire
christinenovalarue
❤️❤️