« En perspective » à la Villa Cavrois

Carte blanche à Philippe De Gobert

Villa Cavrois – Robert Mallet-Stevens

Fabuleuse visite de la Villa Cavrois, ce château moderne imaginé par Robert Mallet Stevens (1886-1945), fondateur de l’UAM, un chef d’œuvre de l’architecture moderniste dont la construction s’est achevée en 1932 avec son plan d’eau miroir comme dans l’ancien temps. Une maison de rêve où on aimerait s’arrêter, poser nos valises, tout est conçu pour un confort et une douceur de vivre maximales. Les grandes baies vitrées tournées vers la nature, les espaces intérieurs aménagés pour recevoir ou simplement bouquiner au coin du feu dans un charmant petit boudoir, chaque pièce à son point de vue vers le jardin, comme un écran qui s’intègre au décor imaginé par l’architecte. Le propriétaire, Paul Cavrois, possédait une usine à Roubaix spécialisée dans le textile, plus particulièrement le lin , comment a-t-il eu cette idée de faire appel à Robert Mallet Stevens, l’a-t-il rencontré lors de l’exposition Universelle de 1925 où se trouvait aussi un pavillon du textile roubaisien ?

Chambre

La couleur des briques les joints noirs horizontaux et couleur ocre pour ceux verticaux donnent cette allure si reconnaissable à la façade. De la terrasse on aperçoit toutes les essences d’arbres du parc.

Cette villa aurait pu disparaitre, elle a été entièrement restaurée dans les règles de l’art à l’identique de ce qu’elle était lorsqu’elle était habitée par cette famille d’industriels du Nord. Au décès de Madame Cavrois, abandonnée à son triste sort, la villa est en ruines, lorsqu’elle est reprise par l’état en 2001, après avoir été squattée, taguée et vidée de son mobilier vendu par les enfants et dispersé à l’encan. 23 millions d’euros ont été nécessaires pour la restauration de l’ensemble dirigée par l’architecte en chef Michel Goutal, il a fallu faire appel aux artisans d’art pour refaire le décor d’origine et la plupart de ces meubles en bois précieux de palmier, sycomore, zingana, dessinés par Mallet Stevens.

Villa Cavrois, rez-de-chaussée, fauteuils et table du hall salon © Robert Mallet-Stevens

Pour cette table de salle à manger, 200 heures ont été nécessaires pour obtenir ce rendu noir laqué. Certains meubles ont été retrouvés dans les ventes aux enchères comme ce mobilier présenté par l’étude Ader et acquis à Drouot par le CMN en 2018 : il comprend les chaises de la grande salle à manger, l’enfilade de la chambre des parents, des fauteuils et tabourets. Une table en bois de palmier est achetée à un antiquaire, un bureau double en chêne cérusé et ses deux chaises, idem proviennent d’une galerie parisienne et ainsi de suite, il a fallu chercher, enquêter, étudier les archives et documents afin de donner à la villa son lustre d’antan.

Salle de bains des parents. Tabouret © Robert Mallet-Stevens

La lumière intérieure est à elle-seule un chef-d’oeuvre d’ingéniosité celui de André Salomon, auteur de Notions d’éclairagisme, Dunod, 1939, les éclairages s’effacent dans les murs, laissant croire à une lumière naturelle.

Salle à manger J. MARTEL . Belette. 1929. H : 25 cm, l : 44 cm et larg : 8 cm.

Peu d’artistes de l’UAM ont participé à la création de la villa, on retrouve cependant des créations des deux frères Jan et Joël Martel, une belette, un chat ainsi qu’un bas-relief réinterprété d’après photo par Sylvain Bieth dans la salle à manger des enfants.

Imaginer, rêver c’est ce que le photographe Philippe De Gobert de formation d’ingénieur, réalise depuis toujours, la photo d’un bâtiment aperçue dans un livre, un détail architectural et il se lance dans la construction d’une maquette, une seule condition ne jamais visiter le lieu, il pousse le détail jusqu’à ne consulter que des documents exempts de descriptions trop précises car il cherche à se faire lui-même son idée, rigueur et simplicité l’intéressent, il a créé ainsi une maquette de la villa Malaparte plus vraie que nature.

Philippe De Gobert – à gauche : Photographie de la maquette et à droite : maquette

De cette manière, il s’approprie le bâtiment et une fois ses maquettes terminées, il les photographie. Cela faisait quelque temps que la Villa Cavrois faisait partie de ses travaux, Philippe De Gobert s’est intéressé aux dessins de Mallet Stevens, trouvés dans Une Cité Moderne et a construit à son habitude des petites maquettes. Invité à une carte blanche sur les lieux cela lui a permis de poursuivre sa réflexion sur la villa qu’il n’avait jamais visitée jusqu’alors. Les photographies de l’artiste installées in-situ sont sidérantes, tous les détails , mobilier, éclairage, échelle semblent très réels alors que ce n’est qu’illusions. Une mise en abîme des oeuvres de Philippe De Gobert à découvrir dans un de leurs décors initial. Philippe De Gobert est représenté par la galerie Aline Vidal.

Philippe De Gobert

« Il y a quelques années que je m’intéresse à l’œuvre de Robert Mallet- Stevens. Une première approche en découvrant aux archives de l’Architecture un recueil de dessins « Une cité moderne » de 1922. Cet ensemble m’inspira pour une série de photographies : des maquettes d’architectures modernistes dans un paysage minimaliste que j’intitulai « Modern landscape » en 2005. »

Philippe De Gobert

« En perspective » Carte blanche à Philippe de Gobert

Jusqu’au 10 septembre 2023

Villa Cavrois
60, avenue John-Fitzgerald Kennedy 59170 Croix
Tél. : 03 28 32 36 10

www.villa-cavrois.fr

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