Art Basel 2023

Le succès du lancement de sa soeur parisienne en Octobre dernier ne l’a pas affectée le moins du monde. La foire de Bâle reste la plus courue des grandes foires internationales. “C’est la plateforme incontournable de découvertes et rencontres du monde l’Art” commente Vincenzo de Bellis, directeur des foires Art Basel. L’édition 2023 témoigne une fois de plus de sa puissance . Comme chaque année, un foule de collectionneurs venus des quatre coins du monde, s’est engouffrée, pressée et impatiente, dans le grand temple de l’art dès l’ouverture VIP Mardi matin. 4000 oeuvres les attendaient présentant un art contemporain foisonnant de richesses et de diversités, et un art moderne qui ne cesse de nous éblouir. En avant !

Unlimited, en quelques oeuvres

Pour moi, la foire commence par la monumentalité vertigineuse de la section Unlimited. L’espace immense ouvre un champ de liberté infinie à la création. Les oeuvres s’exhibent en grand format, de la lumière aux salles obscures, sur le sol ou sur les murs, 76 créations composent un ensemble hors norme, hétéroclite et immersif. Sky is the limit !

Or irrésistible … C’est l’éclat doré d’une gigantesque tapisserie de toute beauté qui m’accueille à l’entrée. Serge Attukwai Clottey a créé Sea Never Dries , inspiré par les magnifiques robes et fonds de Klimt ainsi que par les précieuses mosaïques byzantines. En m’approchant je découvre que ce sont en fait des morceaux de plastique ronds, réunis par des fils de cuivre, qui forment cette oeuvre remarquable. L’artiste a découpé des containers à huile en plastique jaune du Ghana, utilisés de nos jours pour recueillir l’eau devenue rare dans ces régions. Les voici magnifiés en vagues géantes éblouissantes.

Lumineux, le disque de lumière blanche de Robert Irwin (Light and Space group), me captive. L’auréole mystérieuse semble sortir du mur, projetant des ombres kaléidoscopiques qui sculptent l’espace. L’oeuvre me fait (évidemment!) penser à celles de James Turrell, membre de ce même mouvement artistique. Lumière encore avec les escaliers suspendus, Light Steps, de Brigitte Kowanz qui semblent nous mener jusqu’au ciel !

Minéral … La pierre est à l’honneur à Unlimited cette année. Par centaines dans l’oeuvre imposante et minimaliste de Richard Long, en blocs de quartz et pans de “verre intelligent” formant un étrange labyrinthe créé par Mika Tajima, ou en sculptures enchâssées sur des tiges colorées dans l’installation de Bronwyn Katz.

  • Richard Long Unlimited 2023 Photo ©thegazeofaparisienne
  • Bronwyn Katz Unlimited 2023 Photo ©thegazeofaparisienne
  • Mika Tajima Unlimited 2023 Photo ©thegazeofaparisienne

Jeux de portes! Avec l’oeuvre vidéo de Christian Marclay, nous passons une multitudes de portes. Son montage d’extraits de films mythiques, ponctué par ces passages répétés, est réalisé avec une maestria telle, que les séquences semblent se suivrent naturellement. L’artiste nous mène, comme par magie, d’une situation à une autre, nous embarquant dans un filage burlesque, déroutant…. j’adore!

Kaloki Nyamai , Dining in Chaos Unlimited 2023 Photo ©thegazeofaparisienne
Kaloki Nyamai , Dining in Chaos, Unlimited 2023
Photo ©thegazeofaparisienne

Saisissant ! Le triptyque de Kaloki Nyamai dresse le portrait social du quotidien des populations dans des contextes de crise mondiale. Dining in Chaos présente, à travers trois peintures vibrantes, la transformation sociale engendrée par le chaos. La vie et le rituel des repas peuvent-ils continuer comme avant ou s’arrêteront-il brutalement?

Après les impressions spectaculaires d’Unlimited, je rejoins le centre névralgique d’Art Basel et ses 286 exposants.

Art Basel, pièces choisies

Les plus grandes galeries du monde présentent une sélection réunissant pièces majeurs et belles découvertes!!

Mes 10 coups de coeur de l’édition 2023

  • Alexander Tovborg , Madonna of the mystery Galerie Nicolaï Wallner photo ©thegazeofaparisienne
  • Justin Caguiart photo ©thegazeofaparisienne
  • Shara Hughes David Kordansky photo ©thegazeofaparisienne
  • Nicolas Party Hauser&Wirth photo ©thegazeofaparisienne

Icône sacrée …L’éclat chatoyant des couleurs et la composition de cette divine Madonna of the mystery d’Alexandre Tovborg m’attire immédiatement (Galerie Nicolai Wallner). Nuances flamboyantes également avec deux magnifiques oeuvres de Justin Caguiart , jeune artiste dont je suis tombée sous le charme l’année dernière à Art Basel. Ses oeuvres abstraites et mystérieuses aux éléments organiques sont constellés de mythes anciens et d’éléments célestes. Je pourrais passer des heures à en regarder les détails tant ses ensembles sont riches et poétiques.

Beauté de la nature. L’irrésistible bouquet de fleurs si joyeux de Shara Hughes me fait de l’oeil chez David Kordansky, l’adorable nuage égaré de Léandro Erlich (Continua) me donne envie d’ouvrir la vitre pour le toucher et les oniriques montagnes bleues de Nicolas Party (Hauser& Wirth) m’emportent dans un rêve éveillé.

Valérie Belin Edwynn Houk Gallery photo ©thegazeofaparisienne
Valérie Belin, Edwynn Houk Gallery,
photo ©thegazeofaparisienne

Leiko Ikemura est pour moi une belle découverte! Elle est exposée par plusieurs galeristes cette année. J’aime particulièrement une tempera sur jute toute en finesse, douce comme un poème ( Karsten Grève). Côté photo, je suis captivée par une oeuvre (The Girl who Never Died ) de la dernière série de la talentueuse photographe Valérie Belin. Cette femme grimée en clown semble si fragile dans cet univers énigmatique et troublant.

Et les sculptures? Le troublant Youth de Ron Mueck fascine et dérange par son hyperréalisme… on dirait un homme vivant que l’on a réduit par un mauvais sort ! L’artiste jouit actuellement d’une grande exposition personnelle à la Fondation Cartier à Paris. Do ho Suh, quant à elle, magnifie le fonctionnel avec ses sculptures en délicates toiles colorées. Chez Lehmann Maupin, elle présente une belle installation de 21 objets tissés. Enfin un peu de sérénité dans la frénésie de cette foire avec une très méditative sculpture en corde tissée d’Ernesto Neto.

Quelques oeuvres “mythiques”

Hauser & Wirth ont sorti de leurs réserves, pour cette édition, une sublime Spider de Louise Bourgeois, moins grande que celle vendue à Paris + , mais tout à fait exceptionnelle. Elle a trouvé un acquéreur pour 22,5 Millions US-$ dès le premier jour VIP. Une oeuvre fascinante de Germaine Richier , L’eau , est mise à l’honneur chez Dominique Levy, alors que sa grande retrospective au Centre Pompidou de paris fermait ses portes la veille de l’ouverture de la foire. Chez Karsten Grève, j’ai découvert les superbes crucifix de céramique de Lucio Fontana. J’ai été éblouie par la délicatesse et le mouvement gracieux de ces sculptures murales.

Pour clore cette visite express, une image de la mise en scène du stand Tornabuoni en jeux de miroir, où une série de Concetto Spaziale rouge vif de Fontana se reflète dans un superbe miroir de Pistoletto …je ne résiste pas à l’envie de les rejoindre!

Vue du stand de la galerie Tornabuoni . Mise en scène en jeux de miroir, avec le reflets des oeuvres de Lucio Fontana qui dans le miroir de Pistoletto .
Vue du stand de la galerie Tornabuoni . Mise en scène en jeux de miroir, avec le reflets des oeuvres de Lucio Fontana dans le miroir de Pistoletto .

Caroline d’Esneval

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