La Vallée de Fabrice Hyber

à la Fondation Cartier pour l’art contemporain

« J’ai toujours considéré que mes peintures étaient comme des tableaux de classe, ceux sur lesquels nous avons appris à décortiquer nos savoirs par l’intermédiaire d’enseignants ou de chercheurs. On y propose d’autres mondes, des projets possibles ou impossibles. Dans cette exposition, j’ai choisi d’installer des œuvres à la place de tableaux d’une possible école. »

Fabrice Hyber
Fabrice Hyber

Hyber Santé (sans T) , Hyber Marché, Hyber Nation et surtout Hyber Nature…

Qui est Fabrice Hyber avec un T ou sans le T ?

Celui qui fabrique le plus grand savon du monde ou 1 mètre carré de peinture exécutée avec une vingtaine de rouges à lèvres.

Ou encore ce jeune artiste provocant à la Biennale de Venise qui représente le pavillon français en imaginant une chaîne de télévision.

Il est l’artiste qui a inventé une peinture si reconnaissable, avec ce vert Hyber, couleur des jeunes pousses au début du printemps.

Et aujourd’hui il est celui qui ose nous faire revenir à l’école, mais à la Fondation Cartier.

Retour sur les bancs de l’école

Chaises et tables sont installées, bureau du professeur dos au tableau, nous voilà assis à nouveau sur les bancs de l’école, mais ce sont de drôles de classes, les visiteurs se retrouvent dans cette école pas ordinaire, les cours sont dispensés par les tableaux de Fabrice Hyber accrochés aux cimaises. La Fondation Cartier est entièrement transformée en salles de classe, une scénographie voulue par l’artiste qui montre son désir absolu de partager ses connaissances, de nous apprendre ce que lui découvre depuis tant d’années et de nous faire aimer ses paysages tels qu’il les voit, qu’il les aimerait en soulignant les dangers auxquels ils sont confrontés.

Vue de l’exposition Fabrice Hyber, la Vallée à la Fondation Cartier

Fabrice Hyber est un semeur d’idées, d’hypothèses, d’actions par ses installations, peintures qui exposent le propos, suites logiques, équations à résoudre, solutions, tout se reporte sur ses toiles. Ses pensées deviennent des dessins inspirés par la nature, sa grande inspiratrice. une nature qu’il compose depuis son enfance avec ses parents dans cette vallée qu’il n’a jamais quittée.

L’artiste est conscient très tôt de la valeur des arbres, depuis quarante ans, il sème une forêt comme il sème ses peintures en Vendée dans sa Vallée, sa terre. Sa terre qu’il a protégée en rachetant tous ces champs désertés par les activités agricoles et replantée par lui. La première graine qu’il sème est celle d’un cormier, un arbre fruitier devenu rare, la cause principale étant la suppression des haies qui bordaient les champs. Enfant avec sa mère, il aimait ramasser ses fruits.

D’un dessin d’une graine de plante, les propositions fusent, s’entourent de mots, de phrases, se couvrent d’eau, une peinture très diluée, avec des coulures et cette légèreté qui sont l’essence de son art. Il compare ses tableaux à des arbres qui disparaissent et revivent. Je me rappelle ce grand chêne emblématique de ce château de Trévarez dans le Finistère, terrassé par une tempête, on le croyait disparu et un jour, grâce à un jardinier qui avait eu l’idée de conserver et de planter un gland, cet arbre est réapparu à ce même endroit. Et c’est cela que Fabrice Hyber laisse transparaître dans son oeuvre : les cycles de la vie exposés sur ses toiles et dans la forêt qu’il a créée.

Fabrice Hyber
Devant le : Paysage biographique de Pierre Giquel, 2017. Aquarelle, fusain et peinture à l’huile sur toile, 250 × 700 cm. Collection de l’artiste.

Sa rencontre dans les années 80 avec l’écrivain, poète et critique d’art, Pierre Giquel est très importante, il lui rend hommage dans une peinture “biographique”.

Un message qu’il répète inlassablement depuis tant d’années, le Palais Royal a célébré les 30 ans de son messager, l’ Homme de Bessines en 2022, multiplié par “30 plus 1 femme de Bessines », tous installés dans une fontaine du jardin. Cette sculpture est présente partout à travers le monde, de la Chine aux Etats-Unis.

Fabrice Hyber
De gauche à droite : Placenta, 2017. Aquarelle, fusain, peinture à l’huile et or sur toile. 250 x 150 cm.
Herb, 2022. Fusain, peinture à l’huile, pastel, tige végétale et punaise sur toile. 250 x 150 cm.
Tubercule, 2022. Fusain, peinture à l’huile et pastel sur toile. 250 x 150 cm.
Grain de sable, 2022. Fusain, peinture à l’huile et pastel sur toile. 250 x 150 cm

Les peintures de Fabrice Hyber se regardent comme des tableaux de classe, il nous entraîne dans son école et nous apprend inlassablement la nature, sa richesse et bien-sûr les arbres héros de notre temps.

Une exposition à la Fondation Cartier, une Vallée où nous sommes invités à comprendre, à réfléchir, à apprendre la valeur de la biodiversité et les enjeux climatiques. L’artiste nous enseigne dans son “école” les fondements de cette diversité, les connections qu’il met à jour.

Au tableau vert, jeudi 8 décembre à 19h “La voix de la Vallée” avec le philosophe Emanuele Coccia et l’astrophysicienne Fatoumata Kebe.

La Vallée est son paysage idéalisé d’où tout converge et qui se retrouve dans ses tableaux.

Transmettre et partager ces valeurs sont les volontés de l’artiste très concerné par l’écologie, les cycles de la vie, le corps humain, son fonctionnement, le sport, le temps, tout y passe. Cette scénographie voulue par l’artiste est très novatrice et inhabituelle, une autre façon de regarder de l’art et de participer à son histoire. En quittant la Fondation Cartier, chacun de nous se souviendra de cette mer de plastiques, de la beauté et de la poésie des paysages et donnera peut-être envie d’agir et de protéger notre planète.

Vue de l’exposition avec au fond : Watch, 2006. Fusain, peinture à l’huile, système électrique et papier marouflé sur toile, 200 × 200 cm. Collection privée, Suisse.

Une action concrète entreprise par Fabrice Hyber : pendant toute une année, treize classes d’écoles primaires et de lycées horticoles de Vendée et de la région parisienne seront accueillies en résidence. Fabrice Hyber va accompagner des étudiants dans leur apprentissage, ils iront à l’atelier et à la Fondation et réfléchiront ensemble sur des thématiques qu’il aura choisies. L’aboutissement de ce projet sera entre autres un film documentaire À main levée.

Polyptique du sport, 2018. aquarelle, fusain, peinture à l’huile, pastel et crayon de couleur sur toile, support en bois. 200 x 700 cm. Collection Editions Amaury.

Tous les jeudis de 19h à 20h, seront enregistrés Les Voix de la Vallée que nous pourrons soit écouter en direct sur le site, soit à Duuu Radio ou encore en podcast, avec des interventions de philosophes, intellectuels, scientifiques, des paroles d’acteurs engagés dans la la lutte contre le dérèglement climatique et la préservation de la biodiversité (comme, par exemple, les interventions du philosophe Emanuele Coccia et de l’astrophysicienne Fatoumata Kebe).

Fabrice Hyber est optimiste, très fédérateur d’ides, de solutions, il rêve d’un monde meilleur où les erreurs passées nous aident à rebondir,

Un dernier mot sur cette collaboration avec la maison Camille Fournet, spécialisée dans la maroquinerie avec un savoir-faire qui vise l’excellence depuis 1945, deux fois par an la marque fait appel dans le cadre de ses rencontres Equinoxes. à un artiste qui réalise une oeuvre, exposée ensuite dans le magasin de la rue Cambon. En mars dernier, c’était au tour de Fabrice Hyber qui a créé une sculpture “Surprise”, l’artiste a également réalisé une ligne de maroquinerie, vert Hyber, bien-sûr.

Fabrice Hyber

Fabrice Hyber – La Vallée

Fondation Cartier pour l’art contemporain

Commissariat :
Jeanne Barral, assistée de Margaux Knight

Jusqu’au 30 avril 2023

261, boulevard Raspail 75014 Paris

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