Six expositions à voir dans les galeries en ce moment à Paris, dans le Marais : Jeanne Vicerial, Brigitte Aubignac, Pascal Convert, Alkis Boutlis John Chamberlain, et Persona
Une impression étrange règne dans la galerie, toutes ces sculptures tissées en noir au rez-de chaussée et blanc au sous-sol sont fascinantes, à la fois belles et irréelles. Jeanne Vicerial est la première docteure en design de mode par la pratique. Elle a été pensionnaire de la Villa Médicis en 2020. Il s’agit de sa première exposition à la Galerie Templon. L’artiste parle de son armée féminine, des femmes guerrières qui portent une armure tissée de cordes où “amour” et “armure” se rejoignent et donnent le titre de l’exposition ARMORS.
Surtout ne pas oublier de regarder le film projeté à la galerie qui montre Gisant.e.s une Re-Naissance, une exposition de Jeanne Vicerial à la basilique Saint-Denis qui vient de se terminer.
« Telle une armée, ces présences se redressent et exposent leurs cicatrices de fils suturés. Parées de leurs « armors», elles marchent fierement vers l’avenir et nous content ainsi leur histoire de la féminité. »
Brigitte Aubignac – à gauche : Petite salle I ; à droite : Petite salle II. Deux gouaches sur papier 25 x 17,5 cm -Courtesy Pierre-Alain Challier
Que se passait-il dans les musées pendant les confinements, lorsqu’ils étaient fermés, jamais cela n’était arrivé. Brigitte Aubignac, pense que lorsque les portes de toutes ces institutions sont fermées, les oeuvres ne restent pas statiques, elles vivent ! et c’est ainsi que la petite danseuse de Degas, rencontre l’homme qui marche de Giacometti ou encore l’araignée de Louise Bourgeois… Une exposition que lui ont inspirée une photo noir et blanc d’atelier et son expérience de gardienne de musée le weekend lorsqu’elle était étudiante.
“Donner à voir en miroir la multiplicité et la richesse de nos cultures et face à l’avalanche d’images sur les réseaux et autres plateformes culturelles de nos sociétés contemporaines servir de point d’ancrage comme un frein au gaspillage dans une sorte de « recyclage » d’images et représentations diverses, dans des situations inhabituelles, inattendues, joyeuses, parfois inquiétantes afin de retenir ce qui me semble aujourd’hui disparaitre ou se perdre dans le grand bazar du monde”
Brigitte Aubignac, extrait du catalogue de l’exposition “Statues etc”
Pascal Convert, Les voix qui se sont tues, galerie RX
Jusqu’au 8 mars 2023
Henri van Melle, commissaire de cette première exposition de Pascal Concert à la Galerie RX a choisi comme sujet la mémoire et le temps. Le titre « les voix qui se sont tues » montre des oeuvres, témoins du temps, de la guerre, de l’actualité, l’artiste est à la fois archéologue et plasticien. Il utilise la photographie, le cristal, la laque.. Ses oeuvres muettes sont des avertissements, elles nous disent de ne pas oublier. On est à la fois saisi par la beauté des sculptures laquées par le maître laqueur, trésor national vivant japonais et le symbole de ces bois posés sur sur ces socles qui sont des empreintes de cerisiers à Hiroshima et ont subi les radiations de la bombe atomique, . Les livres synonymes du savoir, de la connaissance sont aussi très présents, ils sont en cristal rouge ou blanc posés sur des étagères ou isolés comme une sculpture sur son piédestal comme si leur première raison d’être était tombée dans l’oubli.
Pascal Convert. Empreinte d’un cerisier atomisé le 6 août 1945 au Seiju-Ji temple, Hiroshima, 1998. Résine laquée (Urushi); Réalisation sous la responsabilité de Shogyo Oba, maître laqueur de l’université des Beaux-Arts de Kanazawa, trésor vivant. 4 éléments, 125 x 75 cm, 120 x 40 cm, 50 x 50 cm, 50 x 60 cm. Pièce unique. Courtesy RX
“Une voix qui s’est tue peut être proche, ou lointaine. Celle d’un frère dans la lande au soleil couchant, là où personne ne pourrait le trouver. Celle d’une journaliste traquant les crimes commis par le pouvoir en Russie, assassinée dans une cage d’escalier en guise de cadeau d’anniversaire à Vladimir Poutine. Celles d’enfants hazaras qui courent en dévalant la falaise de Bâmiyân, réveillant dans un cristal de rire les Bouddhas géants protecteurs, se moquant de la folie mortifère des Talibans…”
Alkis Boutlis, A Libretto for an Unfinished Journey
Galerie Suzanne Tarasieve
Jusqu’au 18 mars 2023
Je connais bien Alkis Boutlis, artiste grec qui s’est pris de passion pour un roman de Balzac, plutôt complexe Seraphita, cela avait donné une exposition il y a quelque temps à la Maison de Balzac. Alkis s’intéresse à la littérature, aux auteurs et à l’histoire de la peinture, on pense beaucoup à Gustave Moreau, ses personnages idéalisés, avec une multitude de détails précieux, les couleurs fortes, une peinture qui ne laisse pas indifférent. L’artiste s’intéresse beaucoup aux techniques de la photographie, il avait réalisé des clichés verre et cette année on peut découvrir les chimigrammes qui associent peinture et matériaux photographiques, les oeuvres sont uniques. La couleur atteint par ce procédé une profondeur singulière, le bleu laisse penser à un océan dans la tourmente.
Alkis Boutlis- A gauche : Ménade, 2022 Huile sur toile . 50 x 45 cm – A droite : un chimigramme. Courtesy Galerie Suzanne Tarasieve
“Comme souvent chez cet artiste essentiellement profond, les références littéraires et picturales sont nombreuses. Les œuvres font écho à Charles Baudelaire, Marcel Proust, Tennessee Williams, Gustave Moreau, Ovide… La mythologie est omniprésente, notamment la figure d’Orphée. Toutefois, contrairement au poète, Alkis n’a pas cherché à pénétrer dans le pays des morts : il a entrepris une quête artistique et spirituelle dans les abysses de la poésie et de la création. Que chercher ? Et où aller ? Comment le savoir…”
Les Filles du Calvaire, nouvel espace, exposition inaugurale Persona
Jusqu’au 1er avril 2023
Katinka Lampe 2115224, 2022. Huile sur lin. 240 x 150 cm – Courtesy Les Filles du Calvaire
Pour cette première exposition dans ce nouvel espace que je découvre rue Chapon derrière une porte cochère, la galerie présente une exposition collective de plusieurs artistes. On retrouve Kenny Dunkan qui s’inspire de la culture des Caraïbes,des carnavals, Charles Freger, photographe, lui aussi s’inspire de différentes cultures, on connait sa série sur “les esprits” japonais, les coiffes bretonnes. Au rez-de chaussée je découvre Katinka Lampe qui peint des visages dissimulés par les coiffures, à côté se trouvent les merveilleux dessins d’Ethan Murrow, un monde imaginaire peuplé de personnages étranges et ainsi on peut voir les oeuvres d’une quinzaine d’artistes.
John Chamberlain, Sculpture, galerie Karsten Greve
Jusqu’au 18 février 2023
John Chamberlain – – Courtesy Karsten Greve
Encore quelques jours pour voir l’exposition de John Chamberlain (1927-2011), considéré comme le maître du pliage et très grand coloriste. L’artiste se sert des carcasses de voitures qu’il récupère dans des casses automobiles, qui deviennent de magnifiques terrains de jeu. Andy Warhol avait acquis une de ses oeuvres emblématiques de 1967 Papagayo, une sculpture géante de l’artiste qui avait été exposée au Guggenheim de New-York. John Chamberlain disait de lui-même qu’il créait des collages en trois dimensions.