L’espionne aux tableaux : Rose Valland face au pillage nazi sur FR3 à 23h45 lundi 4 mai

Entretien avec la réalisatrice Brigitte Chevet.
Lien pluzz 7 jours pour visionner le film : http://pluzz.francetv.fr/videos/l_espionne_aux_tableaux.html

«L’espionne aux tableaux»
70 ans après la guerre, resurgissent du passé, des événements incroyables comme l’affaire Gurlitt, qui déchaînent les médias, alors qu’un destin extraordinaire comme celui de la résistante Rose Valland est passé sous silence. Aujourd’hui encore, dans l’ignorance du grand public, des personnes se dévouent à une cause d’intérêt général mais aussi une cause sans fin, l’identification des spoliations et de leurs ayants droit.

«L’espionne aux tableaux»
Ce film qui sera diffusé lundi soir sur France 3 à 23h45 (mais possibilité de le voir en rediffusion sur Pluzz), nous raconte le destin d’une femme incroyable, qui pendant la guerre 39-45 a su résister aux nazis et a fait preuve d’un grand courage. Sous leur regard, elle n’a pas hésité à inventorier les tableaux volés par les nazis et qui passèrent en transit par le musée du Jeu de Paume. Elle nous laisse un héritage de 900 boîtes d’archives, outil génial qui a permis en partie de redistribuer à leurs véritables propriétaires leurs trésors, partie intime de leur mémoire familiale et chargés de souvenirs et d’attachement souvent sentimentaux. Fait étonnant ces boîtes d’archives n’ont toujours pas été toutes ouvertes!

«L’espionne aux tableaux»
Brigitte Chevet en réalisant ce film a redécouvert une femme au destin très romanesque, mystérieux aussi et montré que les femmes, grandes oubliées de l’histoire, ont aussi été de grandes résistantes.
Mille personnes sont compagnons de la Libération en France et seulement six femmes parmi eux.
Rose Valland, elle, a été très reconnue en son temps puis mise sur la touche et oubliée. L’histoire de sa vie est intimement liée à l’histoire des spoliations, mais aussi celle de la récupération des oeuvres d’art et celle des restitutions dont elle est l’héroïne incontestable. Rose a souvent été présentée comme l’espionne du Jeu de Paume pendant la seconde guerre mondiale mais ce qui suit, est aussi intéressant, car, aussitôt la guerre terminée, elle n’a pas lâché l’affaire et grâce à elle des milliers de tableaux ont pu retrouver les cimaises de leurs musées ou leurs véritables propriétaires spoliés.

«L’espionne aux tableaux»
Une vraie question se pose après ce film, pourquoi 70 ans après la fin de la guerre le sujet des restitutions n’est-il pas clos ?
Brigitte Chevet s’est trouvée face à un mur devant les conservateurs de musées, aucun des collègues de Rose n’a souhaité témoigner. Le Louvre ne lui a ouvert aucune porte et ne lui a consenti aucune facilité de tournage. Elle a cependant rencontré l’historienne Emmanuelle Polack, chargée des archives du musée des monuments français à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Corinne Bouchoux, sénatrice, auteur du rapport de la mission d’information parlementaire sur les spoliations, Elizabeth Royer Grimblat, galeriste et spécialiste des spoliations et l’ancien conservateur Frederic Destremau, tous très engagés dans la chasse aux oeuvres volées.

«L’espionne aux tableaux»
Une association s’est constituée dans son village natal qui a voulu sortir de l’oubli Rose.
Deux endroits où se trouvent les archives de Rose Valland : dans les musées et surtout les 900 boîtes d’archives du ministère des affaires étrangères qui reste à explorer. Rose y raconte ses recherches dans des endroits improbables comme dans un tunnel sous la montagne…
Ces restitutions représentent énormément d’émotion, des vies que certains essaient toujours désespérément de reconstituer. L’histoire de la descendante du baron Kassel nous saisit lorsque nous la voyons à la fin du film témoigner. Elle a appris depuis seulement quelques années qu’elle était juive et que douze wagons d’objets d’art appartenant à sa famille ont été volés. Elle ne cesse depuis de vouloir récupérer les biens de sa famille qui sont une part d’elle-même. Lorsqu’elle récupère un petit tableau de peu de valeur pourtant, c’est comme si elle recollait les morceaux de puzzle de sa famille.
Quelques chiffres : 100 000 œuvres spoliées , 60 000 récupérés en France, 45 000 restitués à leurs propriétaires, 13 000 vendus par l’Etat (les Domaines) et 2 000 conservés par les musées nationaux sous l’estampille “MNR” (musées nationaux récupération).
Un documentaire passionnant qui éclaire sur ce sujet toujours si sensible des spoliations que je vous conseille absolument !
Articles pour approfondir le sujet :
Le Sénat se penche sur le sort des œuvres d’art spoliées pendant la guerre – mercredi 30 janvier 2014, la sénatrice Corinne Bouchoux a présenté à la presse, son rapport sur les œuvres culturelles spoliées ou au passé flou : http://www.senat.fr/espace_presse/actualites/201302/le_senat_se_penche_sur_le_sort_des_uvres_dart_spoliees_pendant_la_guerre.html
Exposition 2008 “A qui appartenaient ces tableaux ? ” ou “Looking for Owners” Musée d’Israël, Jérusalem – Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris. Catalogue rédigé par Isabelle Le Masne de Chermont et Laurence Sigal-Klagsbald : http://www.mahj.org/fr/3_expositions/expo_appartient_tableaux.php
Films :
“L’antiquaire” de François Margolin avec Anna Sigalevitch, Olga Grumberg, Michel Bouquet, Robert Hirsch, François Berléand. Esther Stegmann est une jeune et courageuse journaliste française de trente ans qui part en quête d’une collection de tableaux dérobés à sa famille juive …
“Monuments men” réalisé et interprété par George Clooney

