Urs Fischer “Faux amis”- Bizarre, Bizarre, vous avez dit Bizarre?
J’y suis allée, piquée par la curiosité. D’où venait cet oeil interpellant, quelque peu dérangeant, qui sillonne la ville de Genève depuis fin Avril ? Quel est ce vent de modernité provoquant qui frappe la vénérable institution du Musée d’Art et d’Histoire de Genève? Il se passait quelque chose d’étrange…
Le responsable est Dakis Joannou, un des plus grands collectionneurs d’Art Contemporain au monde, qui a choisi le MAH de Genève pour exposer une sélection inédite,autour de l’artiste Suisse Urs Fischer, de son extraordinaire collection.

photo: Mike Sommer pour le MAH
Le commissaire de cette exposition, Massimiliano Gioni, a choisi le fil de rouge des “Faux amis”: les oeuvres du talentueux Urs Fichers, dialoguent avec celles de grands noms de l’Art Contemporain -Jeff Koons, McCarthy, Cindy Sherman, Maurizio Cattelan etc.. dans un jeu de fausses ressemblances, de similitudes et de divergences parfois évidentes, parfois surprenantes.

au vernissage
Bienvenue dans un univers un peu dingue, étonnant, avec de saynètes tout droit sorties de contes de fées, où se confrontent personnages enfantins ou magiques, sorcières effrayantes et bien d’autres choses déroutantes.

©Thegazeofaparisienne
A l’arrivée, je retrouve cet oeil écarquillé qui nous regarde de travers. Il porte le nom énigmatique de “Strontium”et trouvera un écho un peu plus loin, avec un autre oeil, celui -ci mis en sourdine, dans l’oeuvre de Cindy Sherman (Tête). Puis, je rencontre un squelette fort sympathique , moitié mort- moitié vivant qui se regarde dans le miroir et me sourit.. mon nouvel ami serait-il un peu narcissique?

Skinny afternoon
©Thegazeofaparisienne
Cette première pièce est envahie par de grandes lianes colorées qui semblent danser devant des bustes exubérants, jouant sur les registres d’une “Kitschisation” des référents historiques chère à Jeff Koons. Son Louis XIV se pare d’argent super Brillant et son “Bourgeois bust- Jeff & Ilona” joue avec un style néoclassique -romantico-parodique.

©Thegazeofaparisienne
Mais qu’a donc ce cochon étendu sous les lianes géantes? Est-il mort ? je m’approche. Le “Pig” de McCarthy est bien mort … mort de rire!! Mais le rire n’est-il pas le propre de l’homme? L’oeuvre Pig semble dialoguer avec le tableau d’Urs Fischer présentant un homme avec un groin-boulon et plus tard avec un autre cochon, tout rose, poussé par des enfants, véritable image d’épinal, de Jeff Koons.

Dans la pièce suivante, le piano des Aristochats !! Violet à souhait. Urs Fischer l’a crée de fonte d aluminium bien qu’il semble tout mou, dansant, fondant comme de la cire. La cire, la vraie cette fois que l’on retrouve en contrepoint avec deux sorcières-bougies, une Rousse et une Brune. Urs Fischer a allumé les flammes lors du vernissage et elles fondent un peu chaque jour. Il fut un temps où l’on brûlait les sorcières… avec Urs Fischer, elles se consument ..dégoulinantes, elles n’en sont sont que plus effrayantes!!

©Thegazeofaparisienne

©Thegazeofaparisienne


©Thegazeofaparisienne
Dans les contes de fées, il y a aussi de valeureux chevaux. Urs Fischer présente un immense et flamboyant cheval -brancardier d’argent, avec son ” Horse/Bed “. L’animal s’élancera -t-il au secours du pauvre, mais non moins impressionnant, âne (empaillé) de Maurizio Cattelan tiré par une charrette trop lourde, et qui parait vouloir s’envoler dans les airs sous l’effet d’un sortilège?
La dernière salle du MAH commence par un “jeu de miroir”, qui est d’ailleurs l’essence même de toute cette exposition. Quatre grands piliers ultra-réfléchissants sont décorés de Pinocchios géants et de vélos. Je m’y reflète, je m’y perds!

©Thegazeofaparisienne
Le conte se poursuit avec la maison entièrement faite de pains d’Urs Fischer; elle ressemble tellement à celle de la sorcière d’Hansel et Gretel toute de pains d’épices et de sucreries! Une maison de sorcière de taille humaine qui fait écho à la maison de poupée miniature de Robert Gober dans la même salle….

©Thegazeofaparisienne
Arrivée à la fin de l’exposition, je quitte à regret ce monde régressif, captivant, étrange. L’accrochage, très bien pensé, de Massimo Gioni a réussi à faire de cet ensemble d’oeuvres, un univers de folie organisée où elles se mettent en valeur les unes au regard des autres.
Caroline d’Esneval
Musée d’Art et d’Histoire, Genève
jusqu’au 17 juillet 2016
http://institutions.ville-geneve.ch/fr/mah/expositions-evenements/expositions/urs-fischer/

