Les chorégraphies d’Elias Crespin
Ce matin là j’avais rendez-vous à la Maison de l’Amérique latine, je pensais découvrir une exposition d’oeuvres cinétiques mais je ne m’attendais pas à assister à un ballet dont le chorégraphe est l’artiste Elias Crespin.
Certes, les danseuses, ici, sont des spirales, les tutus sont rouges.. Neuf danseuses qui évoluent avec grâce au dessus de nos têtes, sur une musique de Jacopo Baboni Schilingi (né en 1971 à Milan, qui vit à Paris) composée spécialement pour l’oeuvre Circular Inception.

Circular Inception, 2016
Elias Crespin est là, joyeux, patiemment il m’explique le processus de création de cette oeuvre en trois actes “Circular Inception, 2016”. Il s’agit de trois scénarios musicaux, trois compositions alternées synchronises avec le mouvement – 11 minutes – 9 danseurs..
Une installation complète qui associe arts plastiques, musique et poésie. En 11 minutes la boucle est bouclée avec cette perspective d’éternel recommencement.
“…les mots sur la page et tout autour tandis qu’en moi mués par des fils, s’échangent invisiblement d’autres phases. “ Circular Inception – Gilles Mentré
Elias attend avec impatience la venue de son inspiratrice Luz Urdaneta, la chorégraphe vénézuélienne qui est en France avec son mari Jacques Briquet depuis peu. Elle a fondé la compagnie de danse Danzahoy qui a tant plu à l’artiste , je note sur ses conseils de regarder son travail sur youtube.
“Je voulais être architecte, mon père est arrivé avec un ordinateur et j’ai appris à programmer, c’est devenu un hobby et c’est comme cela que j’ai commencé, j’adorais la programmation. Mais les études informatique ne me passionnaient pas vraiment , ce n’était pas ça. Devant un cube de Jesus Rafael Soto, j’ai vu le cube de l’ordinateur de ma jeunesse et ce fût une révélation, je suis devenu un artiste ” Elias Crespin
L’artiste se sert de la programmation, il utilise le codage à des fins artistiques, la feuille de calcul Exel est une base et à partir de là il va coder ses futures créations.
“…Un procédé en parallèle à la programmation de façon générique comme le logiciel Excel , et quand je crée une nouvelle feuille de calcul je crée un nouveau programme, toutes les œuvres ont une même programmation mais toutes ont leurs différences , vitesses, formes.. “, Elias Crespin
Chaque oeuvre à son histoire, qu’il nous raconte au fur et à mesure de la visite, devant l’une il nous explique que son père mathématicien en la découvrant a reconnu les solitons, nom donné aux ondes qui traversent l’espace en solitude . Trois œuvres baptisées chacune naturellement “Soliton cubique” en laiton inox et cuivre , chaque cube a de la matière des deux autres, cassant l’uniformité.
“C’est sous nos yeux, directement, que se déroule le phénomène esthétique que l’oeuvre naît, s’agite, vit, meurt et renaît” Jean Clay, 1969
Elias est fasciné par le monde vivant, la nature, l’univers, la biologiste Brigitte Gicquel lui a consacré un texte, elle montre la relation entre les spirales et le monde sous-marin, j’imagine les hippocampes ou encore les méduses transparentes qui danseraient bercés par le rythme de la musique du mouvement de la mer…
L’artiste cherche à comprendre les programmes et à les rétablir sur ses formes non pas comme un scientifique mais plutôt comme le poète qui cherche ses rimes.

Il joue sur la transparence, les matériaux qui changent, que l’on remarque en observant les tiges, les formes, une harmonie à base de différences “comme on devrait”, nous explique t-il.
Une première pièce de 2010, les Tetralineaos orange s’alignent, au lieu d’être une œuvre colorée longitudinale elle devient une œuvre plate, les ombres nous enveloppent. Elle est là devant nos yeux, elle avait été exposée dans une petite galerie participative à Paris, c’est la seule fois où le plexi et métal sont réunis. L’artiste est heureux de revoir cette pièce qui ressort de sa caisse et fonctionne comme au premier jour.
Je le fais poser devant la petite soeur d’une pièce qui se trouvait au Grand Palais en 2013 lors de l’exposition collective d’art cinétique Dynamo.
En France Elias Crespin est représenté par galerie Denise René, mais il est aussi présent à New-York ou encore en Chine à Pékin dans la galerie française d’Hadrien de Montferrand.
Commissaire : Domitille d’Orgeval – Azzi
21 février – 6 mai 2017
Maison de l’Amérique Latine
217 Boulevard Saint – Germain, 75007 Paris
Tél. +33 (0)1 49 54 75 00
du lundi au vendredi de 10 à 20h, samedi de 14h à 18h.
Fermé les dimanches et jours fériés. Entrée libre.

Catalogue de l’exposition Maison de l’Amérique Latine.


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