Edition 2017: la magie d’ArtBasel opère toujours..
En ce mardi 13 Juin, lorsque j’arrive devant les portes de la plus importante foire d’Art Moderne et Contemporain au monde, je ressens cette excitation si particulière, cette impatience de découvertes, partagées par l’immense foule de collectionneurs, professionnels et amateurs d’art. Les attentes sont très élevées, la curiosité aiguisée: quels artistes va-t-on découvrir? Quelles merveilles vont nous procurer cette émotion envoûtante, que seul L’Art de qualité peut offrir? Cette année encore, ArtBasel tient magnifiquement ses promesses: les 300 galeries venues du Monde entier, exposant non moins de 4000 oeuvres, y présentent une sélection foisonnante de richesses et de diversités. Un saisissant éloge à la Beauté.
ArtBasel est aussi, un haut lieu mercantile. Cette année, l’ aspect commercial, fondamental pour la foire, m’a semblé encore plus palpable et visible que lors des précédentes éditions, presque trop. On parle peu, on « deale », on ne marche pas, on court, c’est un véritable « sprint » à l’achat; les « Art-advisers » pullulent comme jamais; les équipes des galeristes sont peu loquaces: elles n’ont pas le temps de partager leur passion pour les artistes. Les prix atteignent des sommets exceptionnels, avec un nombre impressionnant d’oeuvres à 7 chiffres et plus. Très révélateur, ce Mardi 13 Juin -jour d’ouverture pour les VIP- enregistre un niveau de ventes historique pour ArtBasel. Il souffle un nouveau vent de dynamisme sur le marché de l’Art…
Mon Best-Off d’Unlimited
Le salon débute, pour moi, dans toute sa monumentalité avec la section Unlimited. Au sein de l’immense espace qui leur est consacré, les oeuvres s’exhibent en grand format. De la lumière aux salles obscures, en couleurs ou monochrome, animées ou statiques, sur le sol ou sur les murs, 76 créations composent un ensemble hétéroclite et vertigineux.
Les vibrations colorées de « la longue Marche »de Julio Le Parc, jouent avec une gamme chromatique de 14 teintes, sur des lignes aux formes fluides, qui s’unissent, s’enroulent, zigzaguent, se nouent au grès des séquences…. gai, pétillant, pop, effet visuel garanti! Un peu plus loin, François Morellet illumine tout un mur de ses néons bleus électriques.
L’Indien Subodh Gupat, quant à lui, ravit nos papilles en effectuant une performance culinaire exquise. Il nous cuisine des mets de son pays, à l’intérieur d’une extra-ordinaire maison faite de casseroles, chaudrons, couvercles et autres ustensiles en aluminium. Une version fantaisiste et moderne de la maison gourmande de « Hansel & Gretel « ?
Mais que font ces étranges personnages à tête de tuba, revêtus de tissus pailleté? Réponse: ils essaient de se faire entendre ! Le danseur et plasticien Nick Cave a réuni 7 de ses « Soundsuits », pour illustrer son dicton préféré: « Pour te faire entendre, il faut parler plus fort« . Le groupe ainsi constitué semble puissant, mais, en réalité, les bouches sont rendues muettes par le tissus qui les couvre. Une oeuvre engagée dont la forme extravagante et fantasque fait sourire malgré tout.
Du Suspens….! L’installation narrative, « Bathroom », de Mac Adams nous immerge dans une fiction dramatique. Comme dans un polar, nous pénétrons au sein d’un environnement en tension. Des détails mystérieux créent une ambiance étrangement inquiétante: un robinet qui coule continuellement, un miroir brisé au sol, du maquillage piétiné, l’odeur encore présente d’un parfum récemment vaporisé… une vraie scène de crime! Plus loin, une incroyable installation toute en miroirs, lumières et couleurs, nous emmène dans l’univers du Chinois Song Dong. A l’extérieur, des jeux de reflets étirent l’espace, alors qu’à l’intérieur une multitude de lampes se reflètent dans le sol et les murs également tapissé de miroirs. Je me perds dans cet environnement démultiplié à l’infini, à la fois magique et vertigineux.
Un salon composé d’un canapé-oreille et paré de nez-amphores florales… Un design surréaliste signé John Baldessari!
Artbasel en quelques oeuvres…
Après les impressions spectaculaires d’Unlimited, il est temps de rejoindre le centre névralgique de la foire: à moi les galeries! Voici quelques oeuvres phares qui m’ont émue, étonnée, émerveillée ou surprise, à partager avec vous.
- Tant de sensualité dans les oeuvres Pop Art de Tom Wesselmann (surtout les plus anciennes..). Je tombe sous le charme d’un visage aux yeux fermés peints de bleu des années 70, à la galerie Almine Rech, ainsi qu’un peu plus loin, d’un corps lascif au fusain, également vintage.
- Pop Art encore, avec de sublimes Rauschenberg, artiste également très visible dans cette édition. Mes préférés: »Lipstick », collage incluant un vrai parapluie rouge ( chez Thaddaeus Ropac), et « Saturday/Roci Venezuela », magnifique peinture et collage (Pace) … rouge également!
- Graphiques et délicats, les quartiers de lune des compositions de Gabriel Orozco m’enchantent. L’Artiste Mexicain a également décidé de se mettre à la sculpture … à découvrir chez Marian Goodman.
- Surprise, surprise! Selon moi, une des pièces les plus étonnantes du salon est celle d’Urs Fischer. Une sculpture ultra-réaliste, grandeur nature, du célèbre couple de marchands d’Art Suisse – Bruno et Yoyo Bischofberger-, réalisée intégralement en cire. L’acquéreur recevra des mèches, qu’il placera à sa guise et enflammera, transformant l’oeuvre en coulées progressives à mesure qu’elle se consume…
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Mes 4 découvertes-coups de coeur de la foire: Une puissante sculpture de Mark Manders: composition de tête sculptée et planche de bois (Zeno X Gallery ), un tableau de Magnus Plessen (White Cube), une oeuvre originale et esthétique de l’Egyptienne Moataz Nasr à la Galleria Continua , entièrement réalisée avec des allumettes, et les collages si vivants de Geta Bratescu. Cette artiste Roumaine de 91 ans, considérée comme une artiste majeur dans son pays, a attiré l’attention des curateurs et des galeristes Internationaux depuis quelques années. Récemment, elle a été exposée en « Solo show » à la Tate Liverpool ainsi qu’au Hambourg Kunsthalle. Cette année, ses créations à la Biennale de Venise, où elle représente son pays, ont enthousiasmé le monde de l’Art et une galerie de premier ordre, Hauser&Wirth, vient de signer avec elle.
Geta Bratescu, photo Thomas Wagner@Stylepark / Mark Manders , ZenoX Gallery @thegazeofaparisienne
Côté dessin, ça swingue! Dans des scènes pleines de vitalité et de rythme, Robert Longo dessine avec exagération les gestes des businessmen & women, les transformant en danses endiablées. Son admirable trait de crayon restitue chaque détail et mouvement avec un réalisme ..renversant!
Côté sculpture, j’ai admiré la volupté de cette oeuvre de Tony Cragg, tellement sensuelle qu’on aimerait la caresser, la pureté des lignes de Jean Arp, la créativité géniale des célèbres Crabes de Robertot Cuoghi (Chantal Crousel), ainsi que la puissance émouvante des sculptures d’Anthony Gormley à la Galleria Continua .
Et pour terminer en beauté, quelques merveilles des grands maîtres que j’aime particulièrement.
Pierre Soulages, Outrenoir, Galerie Karsten Grève // Fernand Léger, Peinture Murale commande spéciale pour la cheminée de Nelson A. Rockefeller NY
Joseph Albers, galerie Waddington Custot // Francis Picabia, Gouache sur papier, 1914, Galerie 1900-2000.
Une Edition 2017 éblouissante, qui célèbre avec éclat l’Art Moderne et Contemporain. A l’année prochaine pour l’Edition 2018 !
Caroline d’Esneval
Un commentaire
Soulié, Bruno
Superbe ! Et les photos font plus qu’illustrer l’article !