Tereza Lochmann, une artiste engagée
Quel plaisir renouvelé que de se retrouver dans l’atelier d’un artiste.
Surtout lorsque celui-ci se trouve être une salle de classe !
L’expérience a eu lieu cette semaine. Nous avons eu la chance d’aller voir la jeune artiste que nous avions rencontré cet hiver à la Fondation Emerige. Tereza Lochmann faisait partie des 11 finalistes du prix Emerige et elle nous avait séduite à la fois par la nature de son travail mais aussi par sa personnalité étonnante. Elle fait partie des jeunes diplômés sélectionnés par le AIMS, une structure de formation post-diplômes d’Artistes Intervenant en Milieu Scolaire. De ce fait, elle bénéficie d’une résidence dans une salle de classe en échange d’une formation pédagogique auprès d’une classe d’élèves sélectionnée.

©Thegazeofaparisienne
Formation classique mais choix atypiques de supports de travail
Tereza est née à Prague. Après une licence à l’Ecole des Arts Décoratifs de la ville, elle obtient son master à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Après avoir étudié l’illustration, la jeune femme curieuse de nature préfère se diriger vers des grands formats et un travail plus libre. Elle choisit alors la technique de la gravure. D’abord de façon classique sur le bois puis elle expérimente d’autres techniques d’impression expérimentales. Elle s’exprime aussi grâce à la linogravure, ainsi qu’au monotype. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est le mélange du travail peinture, dessin, gravure. Son originalité vient aussi de son choix de travailler en fonction du matériel qui lui vient entre les mains et avec essentiellement du matériel de récupération. Elle n’a pas peur de choisir la précarité dans son travail et l’aspect de la base de celui-ci donne ainsi le cadre de l’oeuvre imaginée. Elle ne se limite à aucun support, ce qui lui donne le goût du défi et du dépassement d’elle-même. Tereza utilise du matériel récupéré , tels que du contreplaqué, du bois de chantier, des éléments récupérés d’une imprimerie 3D ou dans des chantiers environnant l’Ecole des Beaux-Arts. Elle va même récupérer une gravure déjà toute faite en utilisant une plaque en plastique de cuisine de bar. Tous les papiers recyclés, japonais ou non, opposant fragilité et résistance lui passent entre les mains. Rien ne lui fait peur.
Artiste militante pour une lutte sociale
Tereza s’insurge contre l’injustice sociale. Elle le fait dans sa série “les chiens errants”, croisés à Manille ou dans celle des “catcheurs nains” ; les uns insignifiants, les autres déformés, des êtres parias et marginaux aux yeux d’une société environnante ou d’une culture différente. Le spectateur est ému par le regard inquiétant, voire effrayant de ces chiens errants et il est tout autant surpris par la force dégagée par les catcheurs nains qui assument courageusement leur différence.
La rubrique des “chiens écrasés” l’a touchée au point de réaliser une matrice en linogravure et de l’utiliser pour réaliser plusieurs expérimentations. Celle par exemple plus formelle dans le mouvement et avec un effet miroir de l’oeuvre dite “papillon” est particulièrement raffinée.

©Thegazeofaparisienne
Tereza dénonce également la maltraitance signalée dans un fait divers qu’aurait eu le prince Edward envers un chien en l’immisçant dans une de ses oeuvres. Un autre de ces chiens semble hélitreuillé et donne l’impression de pouvoir être encore sauvé. Tereza poursuit sa quête de justice et son questionnement sur l’humanité.

©Thegazeofaparisienne
Tereza part généralement d’une photo vue sur un media puis elle laissé libre court à son imagination débordante. Elle s’est exprimée également sur le thème de “l’enfance”, l’enfant à la chasse, celui jouant avec des vers de terre dans les bacs à sable ou en les ramassant dans des boîtes ou encore l’enfant jouant avec un oiseau mort.

©Thegazeofaparisienne
Sa gravure sur bois réalisée telle une sculpture et représentant deux enfants se chamaillant, l’un moqueur, l’autre en colère permet au spectateur de l’inscrire dans l’espace.

©Thegazeofaparisienne
Tereza réalise également deux dessins dont son autoportrait à l’aspect animal. Son exposition qui démarre vendredi prochain est d’ailleurs intitulée Canicula, qui signifie en latin “petite chienne”. La constellation du chien dont les étoiles apparaissent au moment des grandes chaleurs, une fois par an, a d’ailleurs donné son nom au phénomène dit “canicule”.

©Thegazeofaparisienne
Tereza expose à partir de vendredi 22 mars (19h) et les week-ends du 23/24 et 30/31 mars prochains entre 14h et 19h à l’Espace Canopy, 19 rue Pajol Paris 18. http://www.terezalochmann.com Tel : 0140344712.
Allez-y! Une belle rencontre et d’intéressantes oeuvres vous y attendent.

