La Comédie Humaine, Balzac par Eduardo Arroyo

(A suivre 3 épisodes vidéo sur l’exposition avec Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac.)

Maison de Balzac ©Thegazeofaparisienne

Encore quelques jours et ce sera possible de profiter des rayons de soleil qui baignent cet ilot de verdure face à la Tour Eiffel, le jardin de la Maison de Balzac après bien sûr la visite de cette belle galerie de portraits de la Comédie Humaine par Eduardo Arroyo.

Eduardo Arroyo

Eduardo Arroyo (1937-2018) et Honoré de Balzac (1799-1850) , c’est une longue histoire. En 1958, Arroyo, étudiant à l’école de journalisme, il fuit l’Espagne de Franco et s’exile en France où il abandonne le journalisme pour la peinture. En se promenant boulevard Raspail, il voit la sculpture d’Honoré par Auguste Rodin. Il découvre un peu plus tard les portraits de l’écrivain par Picasso puis c’est au tour de son ami Gilles Aillaud de lui parler de ce très court roman « Une passion dans le désert », l’histoire surréaliste d’un soldat qui tombe amoureux d’une panthère. (cf article précédent).

Episode 1 : Le portrait de Balzac par Eduardo Arroyo, racontée par Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac

En 1964, les deux amis s’associent avec Antonio Recalcati et, s’inspirant du roman, peignent 13 peintures qui deviennent le manifeste de la Figuration Narrative, nouveau mouvement artistique en réaction au Pop-Art.

Eduardo Arroyo « Madame Hanska »

« La peinture est en quelque sorte littéraire ; et c’est dans ce sens que je travaille sur des thèmes. Il y a un début, une fin, des personnages, et l’ambiguïté propre aux romans. C’est donc un récit, comme si j’avais écrit une quinzaine de romans…» Eduardo Arroyo

A la suite , Eduardo Arroyo fait l’acquisition de la Comédie Humaine et selon ses mots rapportés par d’Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac, il tombe dedans.

Il se plonge dans le personnage, sa littérature, découvre Balzac, décorateur, l’écrivain désargenté qui vient d’acquérir la Maison des Jardies sur les coteaux de Sèvres, sans fortune pour la meubler à son goût Balzac rêvait de signatures prestigieuses sur ses murs, il prend alors son crayon et écrit simplement sur les murs les noms des Maîtres. « Ici un plafond peint par Delacroix » « un tapis de la Savonnerie »,..

Episode 2 : La belle Zélie par Eduardo Arroyo, racontée par Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac

Eduardo Arroyo utilise sa mémoire, il écrit beaucoup également, ses oeuvres sont des recherches autobiographiques. et pour représenter la décoration intérieure de la maison de Balzac, il réalise des collages de photographies à lui , des intérieurs, des morceaux de papier peint, la coupe du meuble désiré… et à chaque fois un portrait de Balzac crayonné.

Le peintre s’est constitué de vraies palettes non pas de peinture mais à base de photographies, récupérées dans des brocantes, marchés aux puces… , des gris, des beiges, du noir, du plus clair au plus foncé. Il choisit ensuite les photographies, pour les mettre en forme et les coller une à une, pour représenter le motif qu’il a décidé. C’est un travail très long et minutieux de marqueterie. Au lieu d’un trait de crayon qui lui suffirait à dessiner un portrait comme celui de Balzac, ce sont des heures de patience, pendant lesquelles il a le temps de voir ces images, ce temps passé devient un travail de mémoire, il projette dans son oeuvre des souvenirs personnels. L’écrivain devient alors un activateur de sa propre mémoire.

Episode 3 : Le Colonel Chabert par Eduardo Arroyo, racontée par Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac

Tous ces portraits de la Comédie Humaine défilent devant nous, des figures étranges comme si elles étaient masquées, des visages aux traits souvent exagérés durs, il faut savoir lever ce masque pour découvrir la véritable identité de son propriétaire. Ces personnages sont un prétexte pour l’artiste de replonger dans les souvenirs de son passé, toutes ces petites photos qu’il découpe minutieusement et qu’il colle une à une lui donnent le temps d’y songer. De même que chaque personnage des romans de Balzac sont le reflet de cette comédie intemporelle de la vie. Comme un herbier humain que le peintre et l’écrivain ont entrepris de réaliser offrant des possibilités à l’infini. C’est le colonel Chabert qu’il associe à l’histoire de son pays qu’il a fui, la dictature des colonels. les maîtres de la peinture, Jean Dominique Ingres, qui l’inspire avec la belle Zélie, c’est aussi le destin de l’artiste qui tente son chef-d’oeuvre inconnu…

Une Comédie Humaine qu’il a entrepris mais qui reste inachevée par sa disparition en 2018.

Tous ces portraits sont présentés à la Maison de Balzac, pour cette exposition qui est consacrée à l’artiste Eduardo Arroyo.

Eduardo Arroyo « Balzac 2014 » Technique mixte sur papier. Coll. Eduardo Arroyo

«A l’origine, mes tableaux étaient plus anecdotiques, travaillés avec des matières. Avec le temps, je l’ai abandonnée, la matière… C’est vrai qu’il y a eu un changement profond dans mon œuvre. Quand l’Espagne a retrouvé sa liberté, moi aussi j’ai retrouvé ma propre liberté. Les thèmes de l’espagnolade m’obsédaient moins. Ma peinture est devenue plus douce, plus cryptique, plus ambiguë plus surréaliste. À présent je peins à Paris, je peins à Madrid, et je peins dans ma montagne de Leon, près des Asturies. Ce sont mes trois lieux de prédilection.» Eduardo Arroyo

Florence Briat Soulié

http://www.maisondebalzac.paris.fr/fr/la-comedie-humaine-balzac-par-eduardo-arroyo

LA COMÉDIE HUMAINE. BALZAC PAR EDUARDO ARROYO

Du 06 février 2020 au 10 mai 2020

MAISON DE BALZAC
45 rue Raynouard – 75016 Paris

Téléphone :+33 (0)1 55 74 41 80

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