D’un commun accord, escales à Versailles
ARTS CONVERGENCES
Orangerie de Jussieu

Une escale à Versailles, du côté du Petit Trianon enchanté par les animaux des Lalanne, une promenade qui nous conduit tout droit vers l’Orangerie de Jussieu ornée d’une belle glycine sur sa façade. Le bâtiment date du XVIIIe siècle, face à lui se trouve la maison du jardinier Richard, jardinier-fleuriste de Louis XV qui rassembla une incroyable collection d’essences diverses de contrées lointaines, plus de 4000. C’est dans l’enceinte de ce même jardin que le botaniste Bernard de Jussieu (1699-1777) établira sa classification des plantes.

4e édition d’Escales à Versailles
C’est également sur les terres des jardiniers que le Château de Versailles a invité l’association Arts Convergences, pour sa 4e édition d’Escales à Versailles. Une exposition imaginée par deux artistes Charles-Edouard de Surville et Virginie Yassef D’un commun accord qui présente le fruit d’un travail artistique réalisé en collaboration avec des personnes touchées par un handicap psychique. Plus d’une centaine de participants se sont retrouvés dans les ateliers de Plaisir appartenant à l’Association Arts Convergences et ont préparé ensemble cette exposition.

4 mouvements, 4 installations initiés par les artistes Charles-Edouard de Surville et Virginie Yassef
D’un commun accord, Escales à Versailles se joue en 4 mouvements, 4 installations qui se succèdent, se répondant les unes aux autres, orchestrée par les deux artistes ainsi que les deux artistes Arielle Benzekri et Dario Lopez, anciens étudiants des Beaux- arts de Versailles, ayant une expérience en médiation culturelle..

A l’arrivée dans le jardin, nous sommes accueillis par le premier mouvement, des voiles argentées étalées sur la pelouse, recouvertes de ce papier étonnant le PET (matériau utilisé pour fabriquer les couvertures de survie) qui laisse passer la lumière et le son et rappelle le « bruit blanc », elles jouent avec l’espace, la nature, et si on tend l’oreille on peut même entendre des sons que produisent les éléments. A l’intérieur de l’Orangerie, dans une première salle, se trouvent 8 instruments à cordes, de formes très simples, inspirés de l’épinette des Vosges (un des premiers instruments à cordes créé au Moyen-âge) et érigés comme des totems, cet ensemble correspond au 2e mouvement, le visiteur entend des “phrases musicales”, résultat des recherches sur les notes par les participants, dans les ateliers.

Le 3e mouvement initié par Virginie Yassef est une forêt tropicale où se retrouvent des formes triangulaires habillées de ce fameux PET, rappelant celles de l’extérieur dans lesquelles se reflètent ce grand cactus et toutes ces plantes exotiques et rares prêtées par les jardiniers de Versailles qui ont joué le jeu d’un commun accord.

Le 4e mouvement est une vidéo d’Anatole Abitbol, témoin privilégié de cet ensemble présenté, l’artiste vidéaste nous retrace cette histoire, sa propre vision de tout ce processus de création qui a engendré cette exposition.
Entretien avec Laurence Dupin de Lacoste, présidente de l’association Arts Convergences

Présentation de l’Association
J’ai créé Arts Convergences en 2013 avec l’idée d’aider des personnes qui ont des maladies psychiques de l’adulte, maladies chroniques à long terme. Pour ces personnes la relation à l’autre est très complexe et travailler sur des projets artistiques, leur donner de la visibilité, leur permet d’utiliser leurs capacités non touchées par la maladie. Il faut savoir que les personnes touchées par les maladies psychiques n’ont pas de déficiences à proprement parler, elles ont des difficultés à aller vers l’autre et quand elles ont un talent artistique, elles peuvent exceller.
L’idée de les faire travailler avec des artistes et de leur donner de la visibilité est le point de départ de l’association.
Projets à dimension collective
C’est ainsi que nous avons monté le premier projet avec des artistes professionnels afin de les accompagner jusqu’à des expositions et la rencontre du public.
Plusieurs expositions ont eu lieu, la première avec l’Orangerie du domaine de Madame Elisabeth en 2014 qui a montré tout l’intérêt de ce projet et a drainé vers nous d’autres partenaires institutionnels, car notre idée était d’investir des lieux patrimoniaux. Notre vocation est avant tout de sensibiliser le public à travers des oeuvres de qualité, et que les gens se posent la question sur les capacités des personnes qui ont des maladies psychiques, et puissent aller au delà de cette stigmatisation dont elles sont victimes.

Accompagnement des artistes
Etre “agent d’artiste” c’est un peu ce qu’on essaie de faire en montant l’artothèque, mais on ne veut pas être dans cette dimension de marché. L’artothèque existe depuis que nous avons récupéré décembre 2020, un bâtiment du centre hospitalier à Plaisir dans lequel on peut entreposer des oeuvres, 240 mêtres carrés qui nous permettent également d’avoir des ateliers.
Le fonctionnement de l’Artothèque
La particularité de l’artothèque c’est que ce sont des oeuvres uniques et non des tirages, elles sont prêtées pour une durée limitée, pas à des particuliers mais pour qu’elles continuent à être vues par du public et que les artistes aient une visibilité, cela peut être dans un hall d’un hôpital, dans une mairie… Toujours un pied dans la culture et un pied dans la santé mentale.
Ces oeuvres sont visibles sur le site d’Art Convergences
2021 exposition à l’Orangerie de Jussieu
L’orangerie de Jussieu est une serre contenant des plantes remarquables soignées par les jardiniers du Château de Versailles. L’exotisme et parfois l’étrangeté de ces cactus géants a beaucoup joué dans le propos de l’exposition.

Partenariat avec le Château de Versailles
Il s’agit d’un partenariat que nous avons initié avec le Château de Versailles en juillet 2019 après avoir rencontré le responsable des publics Denis Verdier Magneau. J’avais déjà travaillé avec l’un des artistes Charles-Edouard de Surville, à Saint Germain en Laye pour ce projet participatif comme tous nos projets d’expositions et qui s’appelait déjà d’un commun accord. Le projet de Versailles s’est développé avec Charles-Edouard de Surville et Virginie Yassef ainsi que d’autres artistes, en organisant, décembre 2020, des ateliers dans nos bureaux à Plaisir et, pendant tout l’hiver, y compris pendant les confinements, on a réussi à maintenir ces ateliers qui devaient avoir lieu au départ au château de Versailles.
Un thème l’exotisme et deux formes d’ateliers sonores et arts plastiques
Ceci pour permettre l’aboutissement de ce projet et surtout accueillir plus de 100 participants qui se sont relayés dans ces ateliers d’arts plastiques et ateliers sonores avec l’idée de les faire travailler sur l’exotisme en lien avec le lieu, dans ce sens de l’inconnu et de l’étrange. Charles-Edouard de Surville souhaitait leur faire découvrir le son avant de parler de musique et il leur mettait à disposition tout un matériel informatique qui leur permettait de prendre en mains les notes musicales et de choisir leur type d’instrument. Ils avaient comme base un éclaté de tous les sons de l‘Hiver de Vivaldi c’est-à-dire qu’ils avaient toutes les notes de chacun des instruments et ensuite les participants, en se réappropriant des notes, des sons de cette base faisaient eux-mêmes leurs enregistrements à partir de sons qu’ils souhaitaient utiliser.. Cette idée d’étrangeté a été travaillée par Virginie Yassef avec des formes en balsa créées par les participants qui avaient à leur disposition un matériel important leur permettant de couper, dessiner ces formes à 5 faces principalement accentuant leur complexité.
C’est la première fois que dans le cadre d’Escales à Versailles, des oeuvres originales sont exposées.
I
NFORMATIONS :

Exposition
«D’un commun accord»
Du 9 au 19 septembre 2021
Orangerie de Jussieu, domaine de Trianon.
entrée par le Petit Trianon.
Tous les jours, sauf le lundi, de 12h à 19h (dernière admission 18h)
Gratuit pour les – de 26 ans résidents de l’UE (– de 18 ans pour les résidents hors UE)
Réservation pour des visites guidées : 01 30 54 09 28 //
association@artsconvergences.com
Le projet en chiffres
– Plus d’une centaine de participants
– 10 structures associées
– 26 animations et visites (à distance jusqu’au 22 avril puis au château de Versailles)
– 60 ateliers dont 30 ateliers de création collective, 20 jours de fabrication avec l’ESAT Eurydice et 10 jours de mise à l’échelle et d’habillage des formes créées en ateliers
– 7 jours d’installation des œuvres au domaine de Trianon
– Une utilisation de matériaux et médiums divers : sipo, pin, bois exotique, métal, os, vinyle, canne à sucre, P.E.T argent, logiciel de création Ableton,
pad (tablette numérique), synthétiseur, micro, résonnateur, radar doppler…

