Festival de l’histoire de l’art à Fontainebleau

Le château de Fontainebleau accueillait du 3 au 5 juin la 11e édition du festival d’histoire de l’art dans ce lieu d’histoire exceptionnel où l’art tient une place si importante, depuis toujours. A l’origine une demeure médiévale dans la forêt, François 1er est séduit par le lieu et fait construire un palais moderne dont l’ornementation fait appel aux plus grands artistes de son époque, celle de la Renaissance, comme le Primatice et le Rosso…et depuis, cette maison royale ne cessera d’évoluer dans son architecture et sa décoration, jusqu’à ce musée chinois de l’impératrice Eugénie.

Que représente l’histoire de l’art aujourd’hui ?
Trois jours pour débattre sur le rôle de l’histoire de l’art, son héritage, son importance auprès de tous les acteurs, artistes, historiens, marchands, étudiants et amateurs. Un festival unique dans ce château si représentatif de l’histoire de l’art, où tant d’artistes sont intervenus.
“La vraie demeure des rois, la maison des siècles”
Napoléon 1er


Fontainebleau 1575-1584
Laine, soie, fil d’or et fil d’argent
Marques : BB, MGP, WF
Florence, Gallerie degli Uffizi – Palazzo Pitti, Arazzi Nr. 4.73. Exposition L’art et la fête à la cour des Valois
Cette année est placée sous le signe de la saison France-Portugal et pour la première fois la place est investie par trois artistes majeurs de la scène portugaise invités par le Commissaire, João Pinharanda, directeur du Maat Museum. Il s’agit de Miguel Branco, pour le jardin de Diane et les petits appartements de l’Empereur, João Onoffre , pour la chapelle haute Saint Saturnin et Nuno Cera, pour la grotte des pins.
La présence de ces oeuvres replace le château de Fontainebleau dans son époque et continue à perpétuer dans ce lieu l’esprit artistique de ses contemporains. L’art contemporain dans ces lieux parfois figés par l’histoire redonne une dynamique et une jeunesse à tous ces trésors laissés sur place à chaque siècle.
Le thème de cette année était l’animal.
Le thème choisi de l’animal, n’est pas inopportun et montre aussi l’engagement des artistes, leur intérêt et implication pour la cause animale. Cette sensibilité nous apparait très clairement dans les oeuvres des artistes présentées sous le commissariat de João Pinharanda.
Mignonne et Sylvie

Un animal dans toute sa majesté du XVIIIe siècle, celui du peintre de chiens, Jean-Baptiste Oudry qui a représenté les chiens de Louis XV, chacun avec leur nom inscrit sur la toile, et ainsi je fais connaissance avec Mignonne et Sylvie, ces peintures étonnantes sont montrées en ce moment dans cette exposition Cave canem: Jean-Baptiste Oudry et les chiens de Louis XV
Les animaux si réels de Rosa Bonheur
Puis, le XIXe siècle avec l’artiste Rosa Bonheur (1822-1899) célébrée pour le bicentenaire de sa naissance, deux expositions une en cours au musée des Beaux-Arts de Bordeaux et une autre à la rentrée au musée d’Orsay avec la commissaire Leila Jarbouai, présente à l’occasion pour une table ronde avec Oriane Beaufils, conservatrice qui inaugurait dans le fumoir Napoléon III orné de ces magnifiques rideaux restaurés à fleurs de lys, un accrochage des oeuvres de l’artiste dont cette fascinante Fenaison en Auvergne commandée par l’Etat en 1852. Le château de Fontainebleau possède plusieurs oeuvres de Rosa Bonheur qui ont fait l’objet d’un legs de sa très chère amie, l’artiste américaine Anna Klumpke, légataire universelle de l’artiste. Rosa Bonheur avait prévenu son père qu’elle serait la Vigée-Lebrun des animaux, elle a pleinement réalisé son voeu jusqu’à devenir une star outre Atlantique : c’est elle qui a fait le portrait de Buffalo Bill !
Saison France Portugal, artistes invités
Et aujourd’hui ce sont les biches de Miguel Branco, Diana, si gracieuses et humaines, hommage de l’artiste à la Renaissance et souvenir de notre enfance, cette image de Bambi abandonné dans la forêt est restée gravée dans nos mémoires, Miguel Branco s’est servi de deux socles libres dans le jardin de Diane pour y placer ses sculptures en bronze Diana et le Moine. C’est aussi l’étrangeté de ce rapace qui apparait dans cette vidéo de João Onoffre présentée de façon si incongrue dans la chapelle haute, un bruit fracassant nous sort de notre torpeur de visiteur lorsqu’apparaît à l’image, ce vautour.

A chaque fois, le regardeur est chassé de son espace de confort, dans la grotte des pins construite en 1543, première grotte artificielle réalisée en France, projet voulu par le célèbre architecte, peintre italien Le Primatice (1503-1570). Trois géants à l’extérieur gardent l’entrée de cette grotte où, à l’intérieur, ce ne sont que mosaïques de cailloux, coquillages peints d’oiseaux, angelots, scènes de la mythologie grecque, c’est dans cette place que l’artiste Nuno Cera a installé cette vidéo, cette fois ci dans ce décor, un peu à l’écart du château, un lieu que l’on pourrait manquer, on est pris dans cette magie et cette confrontation de deux formes artistiques que cinq siècles séparent. Un décor théâtral figé dans le temps face à la technologie de l’écran dévoilant la beauté du regard de l’oiseau qui nous observe.


(Les Oiseaux) – Installation vidéo.
Trois jours qui passent trop vite, des expositions, projections de films, interventions, tables rondes avec des invités prestigieux et aussi un salon du livre d’art avec 200 maisons d’édition représentées.
INFORMATIONS
Festival d’Histoire de l’Art organisé par INHA (3-5 juin2022) / 11e édition.
Des expositions à voir absolument
🔹L’art et la fête à la cour des Valois
Avec ce prêt magnifique du musée des Offices à Florence de cette tapisserie qui représente une scène de fête à Fontainebleau avec à droite le futur roi de France Henri III et son épouse Louise de Lorraine, d’après le dessin d’Antoine Caron (1521-1599) ateliers de tapisserie de Bruxelles. (voir photo plus haut)
Jusqu’au 4 juillet


“Pavane à la cour de Henri III, 1581-1583. Huile sur toile. Musée national du châteaux de Versailles
🔹Capturer l’âme, Rosa Bonheur et l’art animalier
Jusqu’au 23 janvier 2023
🔹Cave canem: Jean-Baptiste Oudry et les chiens de Louis XV
Jusqu’au 30 juin 2022
🔹Fontainebleau Miguel Branco
Jusqu’au 18 septembre

