Végétal aux Beaux Arts de Paris

L’école de la beauté

Ecole des Beaux-Arts de Paris

Les Beaux-Arts de Paris et la Maison Chaumet présentent, du 16 juin au 4 septembre 2022 Végétal – L’École de la beauté, sous le commissariat du botaniste Marc Jeanson.

Une exposition attendue aux Beaux-Arts de Paris, quelques jours auparavant, les affiches bleues et vertes accrochées sur le bâtiment, face aux bouquinistes, m’interpelaient lorsque je me promenais sur les quais de Seine.

JULES FOSSIN
JULES FOSSIN (1808-1869) – Broche trèfle de l’impératrice Eugénie, 1852. Or, argent, émail vert translucide et diamants. Collections Chaumet, Paris

Je me préparais à voir de belles choses, un si beau titre “Végétal” accolé à la Maison Chaumet, symbole de l’excellence de la haute joaillerie.

CLAUDE MONET
CLAUDE MONET (1840-1926) – Iris, 1924-1925. Huile sur toile – Musée Marmottan-Monet, Paris.

Une exposition orchestrée par le botaniste Marc Jeanson (responsable de l’herbier du Museum) qui souhaite insister sur notre regard sur la nature en s’associant avec les 240 années d’histoire de la maison Chaumet. Une maison depuis toujours, très inspirée par les merveilles offertes par la nature comme de nombreuses maisons qui sont représentées dans cette exposition. De très charmants symboles ou souvenirs comme ce trèfle cueilli par Eugénie de Montijo et transformé en présent de Napoléon III à sa fiancée.

RENE LALIQUE
EDGAR BENSE – Broche libellule,c. 1900. Or, émail, diamants. Collection Alain Pautot. RENE LALIQUE (1860-1945). Broche libellule, c. 1905. Or, argent, diamants, émail. Collection Faerber.

Le plus emblématique de ces créateurs étant sans doute René Lalique qui dessinait au départ des modèles pour la place Vendôme, il va ensuite fonder sa propre maison et introduire d’autres matériaux moins onéreux pour un autre type de clientèle, les artistes, la célèbre Sarah Bernhardt en raffolait, elle lui commandera de nombreux bijoux de scène. René Lalique aimait beaucoup l’émail, il va s’intéresser au verre. Sa rencontre avec le parfumeur René Coty sera déterminante et donnera l’idée de créer une bouteille originale pour chaque jus de parfum, une grande nouveauté.

BARTOLOME BIMBI
BARTOLOME BIMBI (1648-1729) – Garofani giganti : Deux oeillets dans un cadre de Vittorio Crosten, 1699. Huile sur toile. Direzione Regionale Musei della Toscana – Villa Medices di Poggio a Calano e del Museo dalla Natura Morta, Poggio a Calano.

Georges Fouquet (1862-1957) est un autre bijoutier célèbre, dans cette même veine, on peut voir le décor Art Nouveau de son magasin dessiné par Alfons Mucha au musée Carnavalet. La broche transformable à décor de dragon des mers qui lui est attribuée est fantastique.

Joseph Chaumet
JOSEPH CHAUMET (1852-1928) atelier de dessin. Projet de devant de corsage à la branche de laurier, c. 1900. Crayon graphite, plume et encre noire, lavis d’encre, lavis et rehauts de gouache. Collections Chaumet, Paris. ADOLF SENFF (1785-1863) – Lorbeer (laurier), 1846. Huile sur papier. Kunstmuseum Moritzburg Halle (Saale), Kulturstiftung Sachsen-Anhalt, Allemagne. (détail)

Joaillier naturaliste

Dès les premières années, vers 1796, Marie-Étienne Nitot (1750-1809), fondateur de la Maison Chaumet, signe joaillier naturaliste.

L’observation très précise de la nature

GUSTAVE CAILLEBOTTE
GUSTAVE CAILLEBOTTE (1848-1894). A gauche : Chrysanthèmes blancs et jaunes, 1893. Huile sur toile. Collection privée. A droite : Projet de décoration pour la salle à manger de l’artiste au Petit Gennevilliers, c. 1892. Huile sur toile. Collection privée.

Marc Jeanson en regardant le diadème à décor de lierre est capable de reconnaître toutes les variétés de la plante, il a été très surpris de découvrir l’oeil de botaniste du joailler si averti dans l’étude de ces modèles végétaux et reproduits dans les décors de ces bijoux. Il répertorie 30 végétaux dans ce fonds.

Joseph Chaumet
JOSEPH CHAUMET (1852-1928). Collier bayadère, c. 1920. Perles, semences de perles fines, or, platine, diamants, saphirs. Collections Chaumet, Paris.

“« Végétal» s’adresse à tout un chacun, quel que soit son degré d’intérêt ou de connaissance en botanique. C’est pourquoi nous avons veillé à sélectionner des œuvres qui «parlent» au plus grand nombre. En célébrant, à travers cette exposition, ce qui nous tient le plus à cœur, à savoir la beauté, les perceptions, les émotions que nous offre la nature, c’est la mémoire affective que nous célébrons: souvenir d’une promenade en forêt, balade au bord de la mer, flânerie printanière dans une prairie parsemée de fleurs sauvages… Les bruits de la nature, le souffle du vent, le craquement des feuilles, la lumière, l’odeur du foin, du goémon… Autant de sensations à partager que nous avons tous pu expérimenter.”

Marc Jeanson
Beaux Arts de Paris
Vue d’ensemble

L’observation de la nature est essentielle dans la création de tous ces bijoux, sans cela, cela paraitrait faux. Et c’est vraiment cette découverte que le botaniste fait en épluchant toutes ces archives, tous ces dessins préparatoires conservés dans le fonds de la Maison Chaumet.

Réseau Canopé
Établissements Auzoux. Gland germé, 1877. Modèle végétal en plâtre et papier mâché peint. Le gland, 1877. Modèle végétal en plâtre et papier mâché peint reposant sur un socle en pierre. MUNAE – Réseau Canopé, Rouen.

Donner la sensation de la nature

Dans l’Antiquité on prenait une branche de laurier qu’on nouait pour en faire une couronne, dans l’exposition on peut voir cette couronne de myrte , de plus de 2000 ans, retrouvée dans une tombe de la nécropole de Derveni par un paysan et conservée au Musée de Thessalonique.

GIUSEPPE ARCIMBOLDO
GIUSEPPE ARCIMBOLDO (1526-1593) – Le Printemps, 1573 et l’Été, 1573. Deux huiles sur toile. Musée du Louvre

Sarah Bernhardt prenait des cours auprès d’un sculpteur Mathieu Monier, l’actrice vivait à Belle-Isle, on peut imaginer cette algue qu’elle a dû récupérer et plonger dans du bronze pour composer sa sculpture.

Musée de l'éventail
ALFRED JOREL (1870-1927). Nénuphars, 1906. Ivoire sculpté et gravé, applications de nacre blanche,nacre goldfish et hallotis, gravure. Atelier Anne Hoguet – Musée de l’éventail, Paris.

Marc Jeanson veut nous faire réfléchir sur notre lien avec la nature, la nature l’école de la beauté comme annoncé dans le titre donné à cette exposition.

Beaucoup de pièces veulent montrer le rapprochement de la nature, parfois le motif devient réalité, René Lalique utilise de vraies noisettes dans un peigne de 1900 en or, corne et noisettes !

RENE LALIQUE
RENE LALIQUE (1860-1945) – A gauche : collier noisettes, 1900. Or, diamants, péridots, émail et verre. MAD – Musée desArts Décoratifs, Paris. A droite : peigne noisettes, c. 1900. Or, corne et noisettes. Collection privée, courtesy of Albion Art Jewellery Institute, Tokyo.

Pour se rapprocher au plus près de la nature et obtenir ces chefs-d’oeuvre de joaillerie, il y a bien-sûr son observation, puis le dessin préparatoire, les techniques extraordinaires des sertissages des pierres, pour donner un mouvement à une feuille de houx…

Beaux Arts de Paris
Vue d’ensemble

C’est un émerveillement de voir tous ces diadèmes,,colliers, bagues .. réunis autour d’oeuvres des artistes anciens et contemporains, une forêt d’Eva Jospin, des installations de Giuseppe Penone, Théo Mercier… , s’accordant si harmonieusement entre eux, la peinture de Séraphine de Senlis, les fleurs de Caillebotte, les nymphéas de Claude Monet, pas loin de d’autres fleurs bleues de nymphéas découvertes dans la tombe de Ramsès II et conservées intactes dans les bandelettes de la momie du pharaon depuis ces millénaires, un trésor !

Museum
GEORG AUGUST SCHWEINFURTH (1835-1925), Nymphaea caerulea. XXIe dynastie (1069-945 AEC). Papier, plantes séchées, encre, colle. Museum national d’histoire naturelle, Herbier national, Paris

Cette sensation de nature, donne le ton de cette exposition compartimentée de différents paysages, l’estran, la petite bande terre laissée par l’océan à marée basse, Hortus, jardin de fleurs, lys, muguet… jusqu’aux mille fleurs de la tapisserie de Pistoia, faune et fleurs constituent l’unique thème du décor contrairement à certaines tapisseries dont l’appellation “mille fleurs” entoure le sujet comme celui de la Dame à la licorne. Dans cette tapisserie du XVIe siècle 40 espèces de plantes ont été répertoriées.

Beaux Arts de Paris
FABRICATION FRANCO-FLAMMANDE. Arazzo Millefiori detto Arazzo dell’Adorazione (tapisserie Mille-fleurs dite de l’Adoration) 1530-1535. Laine et soie. Pistoia Musei-Antico Palazzo dei Vescovi (propriétà Chiesa Cattedrale), Pistoia.

En quittant les lieux, nous n’avons qu’une envie et c’est le but de l’exposition c’est de regarder attentivement tous ces détails précieux offerts par la nature qui ne cessent d’inspirer les artistes.

Sèvres.
MANUFACTURE DE VINCENNES. Paire de bouquets de fleurs, XVIIIe siècle. Fleurs de porcelaine tendre montées sur cannetille recouverte de feuilles en soie. Manufacture et Musée Nationaux, Sèvres.

Dans cette promenade végétale, même la pluie a sa place avec l’installation de Zimoun, 171 cartons contenant chacun un moteur qui reproduit le son de la pluie. L’artiste confronte deux aspects de la vie : industrialisation et phénomène naturel.

Une sensation de fraîcheur avant de retrouver le soleil caniculaire de l’été.

Florence Briat Soulié

Christian Dior
CHRISTIAN DIOR (1905-1957) – Création spéciale pour Françoise Arnoult, 1956. Satin polyester brodé de strass et fil vert représentant des brins de muguet. Foulard imprimé de brins de muguet, soie ivoire. Collection Dior Héritage, Paris.

INFORMATIONS :

VEGETAL, L’ÉCOLE DE LA BEAUTÉ

Jusqu’au 4 septembre 2022

BEAUX-ARTS DE PARIS

13, quai Malaquais 75006 Paris

Commissariat :

Marc Jeanson : spécialiste des palmiers, Marc Jeanson est docteur en systématique végétale

Exposition Végétal, Beaux-Arts de Paris

Beaux Arts de Paris

VEGETAL

Le livre de l’exposition :

Editions Chaumet / JBE BOOKS

MISE EN NOTES PAR LAURENCE EQUILBEY / INSULA ORCHESTRA

Accueilli par l’oratorio La Création, de Haydn, le visiteur profite d’une sélection musicale imaginée pour l’exposition par la cheffe d’orchestre Laurence Equilbey / Insula orchestra. Spohr répond à la forêt d’Eva Jospin, quand l’ager appelle l’« Air des Furies », de Gluck, le motet à quarante voix de Tallis venant faire écho aux œuvres mille-fleurs.

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