Le chic ! au Mobilier National
Arts décoratifs et mobiliers français de 1930 à 1960
Le chic au Mobilier National, toute une histoire française du savoir-faire, de l’excellence des arts décoratifs.


Le Chic ! mis en scène par Vincent Darré
Cette exposition est magnifique, mise en scène par Vincent Darré, elle nous emmène dans d’autres temps, des années 30 à 60, la splendeur de la création française, l’ingéniosité de tous ces meubles créés pour les ambassades, ministères, l’Elysée, tous ces joyaux de la République.

Les métiers d’art hier et aujourd’hui
Une exposition qui montre aussi le talent de ces artisans d’art contemporains qui ont contribué à restaurer toutes ces oeuvres et à leur redonner leur lustre. De petits films explicatifs ponctuent cette exposition et montrent les interventions souvent très délicates de ces experts.

Arbus, Mallet Stevens, Perriand, Follot…
Début des années 30, les grands noms du design font leur apparition comme Arbus, Pascaud, Poillerat, Follot ce sont les années de l’UAM (union des artistes modernes) conduite par Francis Jourdain, Mallet Stevens, Perriand, Le Corbusier, Prouvé… ils inventent un nouveau vocabulaire de formes. C’est aussi l’époque du béton et des frères architectes les Perret dont le célèbre Auguste qui s’entoure de Follot, Sue Mare… petite parenthèse, si vous ne le connaissez pas, vous avez l’hôtel particulier de Paul Follot entièrement décoré par lui qui est un bijou et qui abrite aujourd’hui l’Institut Giacometti.

Dès l’entrée, dans cet univers luxueux créé spécialement pour l’occasion, un vase éclairant de Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933) nous accroche, figure emblématique de l’Art Déco, on pense à son mobilier en Macassar, ou plus précisément son mobilier de la Porte Dorée du ministère des Colonies.

Dans ces années là, Guillaume Janneau, administrateur du Mobilier National de 1926 à 1944 est le maître des cérémonies et fait rentrer de nouvelles pièces Art Déco dans les collections de l’institution.
Le luxe des matériaux
Les matériaux utilisés sont très souvent précieux, loupe d’amboine et boutons en ivoire pour ce bureau rognon de Georges de Bardyère, un peu plus loin c’est le parchemin qui est utilisé par André Arbus pour une commode dite “à la méduse” ainsi qu’une table faisant partie de l’ameublement du ministère de l’agriculture et commandé en 1936 par le ministre de l’époque Georges Monnet, un ministre très moderne qui fait appel à des personnalités d’avant-garde comme Charlotte Perriand.

La Fée électricité
1937, année mythique de la grande exposition Universelle, appelée Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne, cela veut tout dire de cette effervescence qui réunit 44 nations et se tient à Paris de mai à novembre avec des millions de visiteurs. La lumière est l’invitée d’honneur dans le pavillon de l’électricité et de la lumière imaginé par Robert Mallet-Stevens et situé au Trocadéro, les créateurs se sont donnés à coeur joie, ils innovent. Raoul Dufy peint sa grande fresque La fée électricité pour le lieu, elle est aujourd’hui au Musée d’Art Moderne de Paris.

Art et science

J’adore la modernité et la simplicité de ces deux vases en grès lumineux par René Hénon acquis en 1937, la lumière, source d’innovation à l’infini, un luxe inouï, l’association du verre et du métal, des propositions des créateurs comme Jean Perzel, ou encore celles de Marius Sabino dont le célèbre couturier Azzedine Alaïa possédait un très beau mobilier de salle manger composé de consoles en verre lumineuses…dans l’exposition est présentée également une table lumineuse de Marcel Bergue. L’exposition Universelle de 1937 a conduit à de nombreuses commandes du Mobilier National, tous ces objets ont très peu servi si ce n’est pas du tout ! oubliés, cette exposition permet à nouveau une “mise en lumière”!

Tapis et tapisseries
Les tissus ont une place très importante, Raoul Dufy dessine de nombreux motifs pour Paul Poiret et les soiries lyonnaises Bianchini Férier. On adore les tapis et les tapisseries comme cette tenture début des années 30 de Charles Martin au décor champêtre, l’amoureux en marinière et sa belle, le bal. du 14 juillet, les couleurs pastel, tout est charmant.

C’est aussi la redécouverte de Maurice Dufrène (1876-1955) à qui l’état fera de nombreuses commandes dont ce tapis galerie pour l’Elysée, il travaillera beaucoup avec la Manufacture de Beauvais.
Le fer forgé

C’est une joie de déambuler dans les allées et de regarder le dessin d’une ligne courbe en fer forgé si délicat d’un siège de René Prou, une chaise longue d’André Arbus en métal laqué crème agrémenté d’un ravissant pompon.
Années d’après-guerre, changement de décor, moins de luxe, sobriété et recherche d’un confort plus intimiste, il faut relancer la création, motiver des designers. Les chaises Messidor en fer forgé de Gilbert Poillerat qui maîtrise avec brio l’art de la ferronnerie sont ravissantes avec leurs tapisseries de de la Manufacture de Beauvais tissées par Jacques Fillacier à fond rouge, elles sont illustrées de scènes très républicaines montrant les travaux des champs, récolte de blé…, elles avaient été commandées pour le Pavillon de chasse de Marly.

Une ballade légère de 30 ans réunie dans ce très beau bâtiment du Mobilier National, des oeuvres sorties de leur si célèbre garde-meuble (construit par Perret) et présentées dans cet écrin sublime, si chic ! il reste encore quelques jours pour voir et prendre conscience de la créativité et des connaissances et savoir-faire de tous ces métiers d’art, des valeurs qui continuent à se transmettre de nos jours et rendent possible une exposition pareille.

Le chic ! Arts décoratifs et mobilier de 1930 à 1960
Jusqu’au 19 février
42 avenue des Gobelins, 75013 Paris
Tel : 01 44 08 53 49
Commissaire général : Hervé Lemoine,
conservateur général du patrimoine, Président du Mobilier national
Commissaires : Emmanuelle Federspiel,
conservatrice du patrimoine, inspectrice des collections – Mobilier national et Gérald Remy,
conservatreur du patrimoine,
inspecteur des collections – Mobilier national
Commissaire associé : Jérémie Tortil,
chargé de mission scientifique – Mobilier national
Scénographie : Maison Vincent Darré
CATALOGUE
Le chic ! Arts décoratifs et mobilier français de 1930 à 1960
catalogue édité par Snoeck et rédigé sous la direction d’Hervé Lemoine, Président du Mobilier national, avec la collaboration d’Emmanuelle Federspiel, Gérald Remy et Jérémie Tortil.

