Tomas Saraceno: “Aerocene”- Utopies poétiques d’un artiste engagé
L’ Univers est son univers ! Architecte et artiste, curieux de science et rêveur utopiste, aventurier moderne aussi , Tomas Saraceno se passionne pour l’espace, le ciel, les nuages, mais aussi l’infiniment petit que sont les tissages infinis des toiles d’araignée, les alvéoles de la mousse de savon etc… Il crée des oeuvres gracieuses, suspendues, qui flottent ou volent dans l’air.

LGC 396 –
© Photography by Studio Tomás Saraceno
Une nouvelle rencontre avec un artiste passionnant orchestrée par Caroline et Eric Freymond à l‘ Espace Muraille sous le commissariat de Laurence Dreyfus.
De sa formation d’architecte rompu aux matériaux techniques et de ses études spatiales à la NASA ou au CNES de Paris, Tomàs Saraceno tire un savoir-faire pointu qui lui permet de concevoir, en collaboration avec des ingénieurs et experts divers, des oeuvres expérimentales grandioses. Matières ultra légères pour ses “Villes Nuages” ( “Cloud City”) illustrant un monde sans gravité, qui ont plané au dessus de grandes villes ( Berlin, Tokyo, Rome ou New York.) ou pour ses ballons gonflés d’air permettant d’entreprendre un voyage aérien sans autre énergie que celle du vent. Spectaculaire encore est son travail actuel “Air-port-city “. Sous la forme d’une structure transparente alimentée à l’énergie solaire, cette oeuvre se voudrait un lieu d’échange sans frontière ni barrière administrative, où chacun pourrait transiter librement vers le monde entier.

au dessous d’une de ses sculptures volantes
Espace Muraille
©Photography by Joachim Sommer
Par ses oeuvres, l’artiste Argentin crée un univers à part (celui de demain?) où les hommes vivraient en parfaite harmonie entre eux et avec la nature. “”Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité”: il y a un peu de Saint Exupéry dans la philosophie positive et attachante de Tomas Saraceno” commente Caroline Freymond. Son monde ressemble en effet à celui du petit Prince, à ses planètes où l’homme et son environnement s’apprivoisent mutuellement.

Espace Muraille
© Photography by Studio Tomás Saraceno
A travers ses créations oniriques, Saraceno recherche des modes de vie alternatifs pour la préservation des ressources naturelles et le développement durable. Invité à la conférence des Nations Unies sur le climat ( COP 21) à Paris, il exposera dans la nef du Grand Palais “Aerocene“, un installation sculpturale spectaculaire pour voler et se déplacer grâce au soleil et au vent sans une goutte de combustible (visible à partir du 5 décembre 2015).
Pourquoi “Aerocene”? Ce mot fait référence à “Anthropocène” qui caractérise l’époque géologique de la Terre où les activités humaines ont eu un impact significatif sur son écosystème. L’empreinte de l’activité de Tomas Saraceno se portera elle sur l’air, l’espace, le ciel grâce à ses créations suspendues.
Avant cet événement, Tomas Saraceno investit l’ Espace Muraille à Genève et y dévoile sous ce même nom “Aerocene” une quinzaine d’oeuvres représentatives de son travail et de sa réflexion globale sur le monde de demain.

©Thegazeofaparisienne
Pour ce lieu, l’artiste a voulu jouer le contraste poétique entre la minéralité très présente des fondations de l’Espace Muraille et la légèreté aérienne de ses oeuvres, m’explique Laurence Dreyfus-commissaire de l’exposition. Dès le hall d’entrée de l’Espace Muraille, je suis émerveillée par une “sculpture volante” polygonale aux teintes vives. En tournant autour, les reflets sur les parois ultra-fines de plexiglas iridescent changent la perception des couleurs. Sublime !

©Thegazeofaparisienne
Les formes alvéolaires sont un motif récurrent dans son travail artistique. Elles évoquent la structure particulière de la mousse, résultat de la rencontre improbable et magique de “l’air et du liquide” au sein de la nature .

©Thegazeofaparisienne
Dans la première salle, plusieurs oeuvres suspendues se complètent et se répondent. L’une transparente juste ourlée de fibre de carbone mais tissée à l’intérieur de fils qui se s’entrelacent, une autre, remplie de ballons gonflés d’air faisant référence à ses “Cloud Cities” etc.., chacune porte une idée et une valeur artistique qui lui est propre. Mon coup de coeur va à une suspension au nom énigmatique de GJ 15 A, jeu de transparence entre le vide et la matière, véritable bijou aux reflets de miroirs métalliques monochromes.

©Thegazeofaparisienne
Est-ce son regard d’architecte qui suscite chez Saraceno sa passion pour les araignées bâtisseuses de toiles incroyablement complexes et fines? Peut être me dit -il dans un sourire. Saraceno me raconte sa fascination pour les araignées qu’il nourrit, soigne, observe, enregistre aussi .

©Thegazeofaparisienne
Il en élève environ 300 de type “sociales” dans la forêt Equatorienne. L’artiste en place quelques unes dans une grande boite et les laisse tisser à leur guise. Puis de temps en temps il tourne légèrement la boite afin de modifier les conditions de pesanteur. En faisant cela il obtient un tissage nouveau, différent, extra-ordinaire qui n’existe pas dans la nature. Pour exposer ces tissages, il a eu l’envie d’une pièce noire en sous sol de l’Espace Muraille où seules les toiles d’araignée, là encore suspendues, sont éclairées au travers de boites de plexiglas.

Tomas Saraceno montrant son oeuvre de toiles d’araignées à Bertrand Piccard.©Photography by Joachim Sommer
L’exposition s’achève comme elle a commencé, par une œuvre haute en couleur “Iridescente planet”, une forme de méteorite fluorescente tombée sur terre.

©Photography by Studio Tomás Saraceno
Merci à Eric et Caroline Freymond pour avoir, une fois de plus, réussi à nous surprendre et nous émerveiller dans leur lieu unique de l’Espace Muraille, à Laurence Dreyfus pour ses remarquables conceptions d’exposition passionnantes et intelligentes et à Tomas Saraceno , artiste enchanteur, aux yeux pétillants d’idées géniales qui nous emporte dans son son rêve suspendu entre ciel et terre.
Caroline d’Esneval
TOMAS Saraceno – ESPACE MURAILLE , Genève – jusqu’au 13 Février 2016


Un commentaire
Victoire Cathalan
Ah oui! C’est magnifique et il développe une belle réflexion. C’est celui dont tu m’avais parlé ? Je vais aller le voir bientôt
Big bisou
Victoire
Envoyé de mon iPhone
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