Icônes de l’art moderne. La collection Chtchoukine
C’est une épure du Palais Troubetskoï, que nous découvrons à l’intérieur du nuage de l’architecte Frank Gerhy qui abrite la fondation Louis Vuitton. La foule est au rendez-vous et l’exposition ne désemplit pas, ouvrant ses portes jusqu’à 21h le samedi soir (et même 23h le vendredi), de quoi arriver ébloui et fourbu au dîner qui suit notre visite.

Car la collection est éblouissante réunissant de nouveau, pour la première fois, sur 4 étages, près de la moitié des œuvres originellement acquises par Chtchoukine puis dispersées par Staline dans les principaux musées russes. Si on a gagné en épure avec un accrochage totalement contemporain par peintre et par époque, on a perdu le charme de l’amoncellement de toiles qui recouvraient les murs du Palais Troubetskoï demeure de Chtchoukine et sa famille, telles des icônes. On nous laisse néanmoins voir cet intérieur incroyable, à l’entrée des salles d’exposition sous forme de panneaux photo en noir et blanc recouvrant le mur avant l’entrée dans les salles d’exposition.

Cézanne, Matisse, Picasso, Monet et Gauguin ce sont des œuvres majeures qui sont acquises par Chtchoukine dès la fin du 19ème siècle, confirmant un talent de collectionneur visionnaire qui nous donne à voir l’évolution de ses artistes préférés, Cézanne et Picasso en tête, dont on perçoit les influences et les évolutions respectives, depuis l’impressionnisme de Cézanne jusqu’au au cubisme de Picasso.

Il est si difficile de faire un choix que l’on s’imagine volontiers collectionneur, je citerai quatre toiles parmi les merveilles de Sergueï Chtchoukine : le mardi gras de Paul Cézanne qui représente Pierrot et Arlequin, habituellement exposé au Musée Pouchkine, les trois femmes de Picasso véritable développement aux demoiselles d’Avignon, le sublime atelier rose de Matisse restauré par la fondation Vuitton, et enfin le déjeuner sur l’herbe de Monet devant lequel il est difficile de retenir son émotion.
Chtchoukine a terminé sa vie à Paris en 1936, exilé avec une demi-douzaine de ses toiles.
Myriam Trefi
Fondation Louis Vuitton
22 Octobre 2016 – 20 février 2017
Commissariat : Anne Baldassari
Partenariats : Musée Pouchkine, Musée de l’Ermitage

Catalogue de l’exposition
Sous la direction d’Anne Baldassari Éditions Gallimard

