Art Paris 2017 célèbre l’Afrique
On ne pouvait rêver mieux que ce soleil insolemment estival, traversant les vitraux de la Nef du Grand Palais, pour accueillir la centaine d’Artistes Africains mis à l’honneur dans cette édition 2017. Une sélection haute en couleurs révélant la grande diversité et la richesse de l’Art Africain. L’Afrique en point d’orgue, bien sur, mais aussi l’exposition des oeuvres de plus de 2000 artistes issus du monde entier, contribuent à l’éclectisme de cette foire. C’est donc avec l’excitation particulière de ceux qui s’attendent à être surpris, conquis ou interpellés par la magie de la création artistique, que Florence et moi-même commençons notre visite .

©thegazeofaparisienne
Dès l’entrée, l’Afrique s’impose avec force. Sur les murs Nord et Sud du Grand Palais, sont présentées les oeuvres offertes par des Artistes de la galerie Claude Lemand, au profit des enfants Syriens réfugiés au Liban.
Nous y rencontrons le délicieux Mahi Binebine. Ses magnifiques peintures m’émeuvent, elles expriment toute son histoire. Celle du peuple Marocain, censuré, aveuglé, emprisonné, plié sous le joug d’un régime oppresseur, qu’il représente dans des toiles saisissantes de toute beauté. Mahi Benibeni manie aussi bien le pinceau que la plume. Il couche dans ces récits autobiographiques célèbres, le récit de sa famille. Son dernier livre, “le Fou du Roi” (éditions Stock) a été abondamment relayé par la presse. Il y relate la vie de son père qui fut, au palais, l’amuseur du roi Hassan II, tandis que son fils ainé -frère de Mahi- subissait l’enfer du bagne, après un coup d’Etat raté. Une existence familiale “schizophrène” entre le père courtisan au service d’un pouvoir dominateur et le fils rebelle durement puni.

A côté , comme un ballet gracieux, les immenses volutes blanches de Njia Mehadji, artiste Franco-Marocaine, me captivent par l’énergie qui se dégage de leur danse hypnotique.

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Je retrouve avec plaisir, à la galerie Templon, une oeuvre d’Omar Ba. J’aime beaucoup le travail de ce Maitre des textures fines travaillées en trompe l’oeil- et des couleurs éclatantes. Plus loin, André Magnin présente un grand tableau de Steve Bandoma, artiste déjà vu (et apprécié!!) à la Fondation Cartier dans la remarquable exposition “Beauté Congo” (https://thegazeofaparisienne.com/2015/09/16/beaute-congo-1926-2015-a-la-fondation-cartier/). L’Artiste Congolais nous offre une réjouissante caricature de roi, entouré d’une multitude de crânes-grigri et portant une toute petite couronne sur sa front.

D’une couronne à l’autre, je me laisse séduire par la sculpture d’une tête à la coiffe follement majestueuse . Oeuvre du Béninois Marious Dansou, elle porte, à juste titre, le nom de “Couronne en délire”….délirante !! Toujours à la galerie Vallois, arrêtons-nous devant les silhouettes humaines en fils métalliques qui semblent sortir du mur, un travail tout en légèreté et grâce de Rémy Samuz.

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Plus loin, le Camerounais Bili Bidjocka nous invite autour d’une longue table, où sont posées de bien belles assiettes de céramique, décorées de parties de corps. L’artiste ironise avec son titre provocateur “Dis ambiguation – Do not Take it, Do not Eat it, This is not my Body…”, nous voilà prévenus !

Bien sur, la photographie Africaine est également bien représentée: l’incontournable Seydou Keita,et ses célèbres portraits Noir & Blanc des jeunes de Bamako, chez Nathalie Obadia, les frappantes images de Serge Attukwei Clottey, immortalisant ses installations “Social sculpture”, à la galerie GNYP, ou encore le photographe Mohan Modisakeng et sa série sur le thème “Ashes to Ashes” à la Tyburn gallery, déjà repéré en Octobre dernier lors de l’African Art Fair de Londres ( https://thegazeofaparisienne.com/2016/10/12/frieze-2016-londres-au-coeur-de-lart/ ) .
A côté de ce choix d’oeuvres issues de l’immense continent Africain, voici quelques pépites du reste du monde.
- Comme sortie d’un Vermeer, une photo de Hendrick Kerstens. L’inspiration est évidente et fait écho à l’exposition événement du Louvre. Le travail très pointu de la lumière est admirable. mais… où est la perle?

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- Les Histoires imagées de Marcel Miracle: Des collages, dessins et écritures pour des oeuvres empruntant au chamanisme Africain, aux miniatures catalanes, au surréalistes etc… j’en aime la fraicheur, l’ironie, l’originalité et la fantaisie pétillante.

- Côté dessin, une merveille au graphite de Kirill Chelushkin . Finesse, précision, une atmosphère si particulière…

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- Jeux de couleurs et transparences avec Monique Frydman: Ses couleurs remarquables d’encres et pigments se répondent, se superposent, jouent avec la transparence du papier japon dans des créations pleines de grâce. Je retrouve avec grand plaisir les oeuvres de cette artiste que j’avais déjà pu admirer à l’espace Muraille de Genève.

- Les mystérieux fils tissés de Chiharu Shiota: après les clef , les valises, les robes, etc… c’est un trombone à coulisse que l’Artiste a emprisonné dans sa boite secrète, tissée comme une toile d’araignée .
Chiharu Shiota, Galerie Templon, ©thegazeofaparisienne - Comme le Yin et le Yang, les suspensions aériennes Noir et blanche de deux artistes semblent se répondre et se compléter harmonieusement.
Je vous laisse avec quelques notes de douceur, d’humour, de fantaisie …. un bélier doudou, jeu de jambes en bottes de sept lieux, ou comment Virginia (de Guillebon), Florence et moi avons attrapé des flamands roses?
Je vous souhaite un bel Art Paris pour ce week-end! Et surtout, partagez vos coups de coeurs sur notre article !
Caroline d’Esneval
Art Paris 2017
Grand Palais
Jusqu’au 2 Avril !!


Un commentaire
malyloup
magnifique billet! si je puis me permettre une inversion de lettre s’est glissée dans le nom de l’artiste Binebine: “Mahi Benibeni manie aussi bien le pinceau que la plume. “