Le Best off Frieze et Frieze Masters 2018

Au coeur du verdoyant Regent’s Park, sous un soleil radieux peu Londonien, se dressent les immenses tentes de Frieze london et Frieze Masters. Deux foires jumelles, l’une exposant le meilleur de la scène artistique Contemporaine, l’autre (Frieze Masters), présentant des oeuvres majeures allant de l’Antiquité jusqu’aux créations modernes du XXème siècle.

Devant une installation et une magnifique peinture de Joan Mirò. Nahmad Contemporary NY. ©thegazeofaparisienne
Devant une installation et une magnifique peinture de Joan Mirò. Nahmad Contemporary NY. ©thegazeofaparisienne

Première étape: Frieze London. Impatiente de découvrir la sélection des 160 exposants -comptant parmi les plus grandes galeries d’Art Contemporain du monde-, je m’avance, croisant une foule éclectique de collectionneurs, de professionnels mais aussi de personnages bigarrés, fantasques ou poétiques…. vive la “British eccentricity”!!

La foire commence par un sourire…c’est “Francesco”, un immense homme, rouge à souhait, debout sur un réfrigérateur qui saute aux yeux dès l’entrée. Une oeuvre impressionnante d’Urs Fisher, toute en cire, prête à prendre feu et à brûler comme une bougie.  Poursuivant mon chemin, je retrouve avec bonheur les jeux de couleurs, de reflets et de mouvements d’Olafur Elisson…irrésistibles!

Olafur Eliasson

Plus loin, je suis subjuguée par la sculpture “Front” d’Antony Gormley.  Les oeuvres de cet artiste n’en finissent pas de m’émouvoir. Ce corps d’Homme, magnifiquement sculpté, semble s’agripper au mur pour ne pas perdre pied… Une de pièces qui m’ont le plus marquée cette année.

Antony Gormley, Thaddaeus Ropac,©thegazeofaparisienne

Quelques mots, des lettres qui se fondent en explosions vibrantes… Pour la première fois, le talentueux Idris Khan délaisse le Noir et Blanc et explore la couleur avec un triptyque de monochromes ( bleu, vert foncé et violet).

Idris Khan, Falling into the depth of the ground (vert foncé), Victoria Miro, ©thegazeofaparisienne
Idris Khan,The existence of Beauty (blue)/ Falling into the depth of the ground (dark green)/ Nothing to believe- Nothing to Doubt (purple), ©thegazeofaparisienne

Magnifiques dessins de William Kentridge à la Goodman Gallery. Cette série d’oiseaux me rappelle son grand pigeon voyageur muni d’une caméra, vue à la Frieze il y a deux ans. J’y pense encore aujourd’hui…

William Kentridge, (Twelve Birds), @Goodman Gallery

Chez Hauser&Wirth, j’admire la profondeur étonnante, la pureté et la couleur délicatement rosée d’une grande vasque de Roni Horn. L’impression d’eau est si réussie, qu’en m’approchant, je m’attendrais à y voir mon reflet. De l’eau au Bouquet, il n’y a qu’un pas… que je franchis en quelques seconde en découvrant, sur le même stand, “Flowers in a vase”. Cette oeuvre spectaculaire, créée par Matthew Day Jackson, réunit tissus, aquarelle et pigments métalliques.

Matthew Day Jackson, Flowers in a vase, Textile, watercolour, woodblock print , silkscreen.. on paper, Hauser&Wirth, ©thegazeofaparisienne

Mon grand coup de coeur de cette 16ème édition va à Johanna Unzueta. Cette artiste chilienne présente des dessins d’un rare finesse, rappelant le motif de la broderie. Une merveille. Mais…je ne suis pas la seule à m’émouvoir devant ce travail subtil!  La Tate Modern vient d’acheter mon oeuvre préférée dans le cadre de son projet annuel d’acquisition. Et tout le stand a déjà été vendu!!! Une artiste à suivre de près…

Johanna Unzueta, oeuvre achetée par la Tate Moderne, @ Proyectos Ultravioleta

Je termine la Frieze avec un joli soleil de Valentine DeWain, un disque jaune-orangé dont la forme pure fait rayonner la couleur.

Valentine DeWain, Cercle Gold to sepia 1970, @Almine Rech Gallery, ©thegazeofaparisienne

Deuxième Etape: Frieze Masters. Je traverse le parc vers d’autres découvertes. Là m’attend un voyage, le temps s’étire entre les oeuvres Antiques et les créations Modernes, entre les continents et les cultures. La sélection de grande qualité, très riche et variée tient la curiosité en éveil…une magnifique édition 2018!

Barbara Hepworth, recréation du jardin de sculpture de l’Artiste,Galerie Dickinson,©thegazeofaparisienne

L’émerveillement commence dès l’entrée, avec le sublime jardin de sculptures de Barbara Hepworth. La galerie Dickinson a recréé l’ambiance du jardin de l’Artiste Anglaise à St Yves (Sud Ouest de l’Angleterre), restituant ainsi le dialogue entre ses créations et la nature généreuse qui les a inspirées…. un enchantement!

Barbara Hepworth, The River Form, 1965, @Dickinson

Autres Sculptures Modernes attirantes, avec les créations du Croate Ivan Kozaric auquel Gregor Podnar consacre un solo show. J’aime particulièrement une tête en bronze noire,  illuminée d or, qui porte le titre de “The Action of Sun”.

Ivan Kozaric,The Action of the Sun,@Gregor Podnar, ©thegazeofaparisienne

Voyage en Asie à la GalleryHyundai. Je découvre des panneaux Coréens en bois, de toute beauté, datant du19ème siècle. Ces panneaux sont illustrés de livres et des objets de la vie quotidienne, révélant le passage de l’ère austère du Confucianisme à une société plus individualiste qui s’ouvre à la consommation. Plus loin, je m’intéresse à un vase Japonais du XXème siècle, du céramiste Kuriki Tatsusuke, tout de noir et d’argent, séduisant par sa forme généreuse et son graphisme élégant.

Chaekgeori, Dix pans de bois peint, GalleryHyundai, ©thegazeofaparisienne

Kuriki Tatsusuke,1980, ©thegazeofaparisienne

Détour par le continent Américain, avec une série d’oeuvres aux couleurs primaires et au traité naïf. Un plongeon dans l’époque de la conquête de l’Ouest, des colons Américains et des Indiens.  Cette oeuvre, attribuée à  Big Spring, retrace une scène de guerre contre les Indiens et m’a particulièrement touchée par l’énergie qui s’en dégage.

War Record, Attributed to Big Spring, Blackfoot, ca, 1915,Donald Ellis Gallery, ©thegazeofaparisienne

Au Travail! Quelques décennies plus tard, c’est une représentation typique d’un cadre de travail à l’Américaine qui m’attire. J’aime la précision du trait, presque architectural, aseptisé de Wayne Thiebaud.

Wayne Thiebaud, Office, 1985-1999,@Acquavella,©thegazeofaparisienne

L’Espagne est à l’honneur chez Nahmad Cotemporary, avec des chefs -d’oeuvre magnifiques. Le plus beau Tápies que j’ai jamais vu, immense, représentant une paire de souliers en sable. Sur le même espace est accroché un exceptionnel Miró. Le dessin gracieux semble esquisser un doux visage coiffé d’une lune verte.

Antoni Tápies, 300×225 cm, @Nahmad Contemporary
Joan Mirò, @Nahmad Contemporary

Côté photo, je retrouve avec bonheur les images d’André Kertész, dont j’avais admiré une oeuvre, lors de l’exposition de la collection Gilman à Lausanne. Magie poétique, silhouette des arbres se découpant dans une nuit enneigée, ou reflet d’un gratte-ciel Américain dans une cours d’eau.

André Kertész, Washington square at night, @Bruce Silverstein
André Kertész
@Bruce Silverstein

Photos de femmes: Sensuelle, avec une oeuvre de jeunesse de Cindy Sherman ou Féministe avec Annagret Bilder à la galerie Saltun qui lui consacre un solo show. Cette femme, artiste emblématique du mouvement féministe dès les années 70, se met en scène et brode de fil noir son corps photographié . Elle y représente l’idée d’une femme “muselée”, qui peine à se faire entendre.

Cindy Sherman, Film still, 1979, @Bruce Silverstein, ©thegazeofaparisienne

La Galerie Continua nous emmène dans la Russie de l’Union Soviétique, avec un solo show d‘Ilya Kabakov. Ce dernier a crée un personnage fictif de toute pièce, Charles Rosenthal, dont il nous fait partager les pensées et les expériences de sa vie quotidienne en Russie, par des tableaux, des textes, des installations etc.. Loin de se poster en contestataire ardent du régime Soviétique, Kabakov porte un message plus nuancé et le décrit comme un projet utopique au même titre que les autres modèles économiques de notre monde .

Retour en Angleterre. Je m’arrête devant un magnifique tableau tissé d’une Anglaise que j’aime tant…Sheila Hicks bien sur!

Sheila Hicks,Asclepion, 2018,20 cordes Sauvages, @Alison Jacques Gallery
©thegazeofaparisienne

Londres ayant déjà revêtu son habit de nuit, je clôture ce “best off” par un sublime soleil Noir du New-yorkais Richard Poussette-Dart, faisant écho au soleil ambré de Valentine DeWain .

Richard Poussette-Dart, Presence, cercle of Night 1976, @Pace ,©Thegazeofaparisienne

Je sors de Frieze & Frieze Masters avec des étoiles pleins les yeux, dans un Londres vibrant au rythme de l’Art, foisonnant, surprenant, éblouissant !

Caroline d’Esneval

 

 

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