Artgenève célèbre ses dix ans!
Après trois reports successifs, ça y est, nous y sommes enfin! Et d’autant plus heureux que, pour cette dixième édition, les masques ne sont plus de mise . Un sentiment de liberté et d’enthousiasme envahit les allées bordées des stands d’une centaine de galeries suisses et étrangères, ainsi que de nombreuses institutions culturelles . Dix ans, un bel âge pour cette foire qui n’a cessé de grandir et de s’affirmer comme un rendez vous incontournable pour les collectionneurs, les amateurs d’art, et les curieux .

A l’entrée de la foire , un paysage onirique d’arbres aux couleurs acidulées , habité par un étrange Alien , nous accueille; c’est l’oeuvre monumentale de l’artiste américain Jim Shaw . Toute à ma joie de retrouver ce salon chaleureux , où il fait bon déambuler à son rythme et prendre le temps de la discussion, j’avance, avide de découvertes et de retrouvailles artistiques.

En quelques mots et images, les “must-see” d’artgenève 2022.

La Nature dans tous ses états!
La nature et l’écologie restent bien sûr un thème majeur de la scène artistique contemporaine, à artgenève comme ailleurs. Ainsi, peut-on admirer le gracieux visage féminin posé sur une feuille de la forêt amazonienne, de l’artiste Benoit Fournier , l’installation Glen– un écosystème végétal structuré dans un amphithéâtre de bois- de Meg Webster, le généreux et vibrant bouquet d’anémones de Robert Kushner ou encore le magnifique dessin préparatoire grand format ,”Running Fence“, de Christo (Tornabuoni Art)
Féminité, fragilité, résilience
Infiniment touchante, la sculpture en marbre de Jaume Plensa présentée par la galerie Lelong, (décidément, comme j’aime cet artiste!); le fascinant et énigmatique portrait photographique de Valérie Belin, sur un fond travaillé comme une peinture . Son décor est-il réel ou le reflet des pensées de la jeune femme qui nous regarde? (galerie Nathalie Obadia) ; le magnifique dessin à l’encre et crayons de couleurs sur papier froissé de Kiki Smith (Galleria Continua); la captivante photographie de Aïda Muluneh, “The Outsider Inside” , illustrant la résilience face à l’imperfection de notre monde (Fondation Gandur pour l’Art).

De saisissantes figures masculines en portraits et sculptures
Face à face entre l’oeuvre cubique d’Antony Gormley et le mystérieux “Monk portrait ” de Not Vital; juste à côté sur le même stand, sublime peinture “Le Titien” de Yan Pei-Ming , dont on reconnait le geste pictural entre tous, (Thaddaeus Ropac);


Trois puissantes sculptures de Prune Nourry , “Des Arbres et des Hommes”, font écho à sa scénographie de la tragédie lyrique Atys, jouée en ce moment au Grand Théâtre de Genève. Ses oeuvres monumentales représentent Atys, transformé en arbre par la déesse Cybèle, à qui il refuse son amour. Cette relation fusionnelle entre le corps de l’homme et la nature est également le thème d’une peinture monochrome ,”Stay with me“, de Barthélémy Toguo, vue sur le stand de la galerie Lelong .
Exploration de la mémoire
Rencontre avec l’artiste Nathalie Rodach, à qui Thomas Hug, directeur d’artgenève, dédie un espace. Elle y présente une installation de plusieurs œuvres et une performance qui explorent les éléments constitutifs de la mémoire, et son influence sur notre vie présente et future. Passionnant!

Expérimenter également d’autres formes de créations
C’est ce qu’offre l’expérience artgenève! Ainsi découvrons- nous, en avant- première , le prototype du nouveau livre d’artiste des éditions Take5. Magnifique et lumineux, il incarne l’univers fascinant de l’artiste Do-ho Suh .

Côté design, je m’arrête devant l’espace de LOMM Editions. Cette maison, fondée par Léonie Alma Mason, réédite le mobilier design des années 70s, créé par sa grand mère Odile Mir. J’adore, en particulier, les fauteuils en cuir et son luminaire très pop!

Coup de coeur également pour le très beau stand du créateur- designer Philippe Cramer. J’aime particulièrement son idée , inspirée des découpages suisses, de créer sur commande, des portraits découpés et dorés à la feuille, que l’on accroche en suspension murale. Je découvre également ses premiers NFTs, reprenant ses iconiques “Monsters”.


Un très belle édition d’artgenève pour ces dix ans!
Caroline d’Esneval


Un commentaire
Florence Calvet
Passionnant !
Merci Caroline .