Chère Suzanne…

Suzanne Tarasieve et moi devant le coeur de Juergen Teller à Paris Photo 2019.

L’art c’est ma passion

Suzanne Tarasieve

Je me souviens de cette journée d’automne, je sortais de la MEP après avoir vu cette rétrospective de Boris Mikhaïlov (cf article précédent), j’étais à la fois émue et tellement éblouie par toutes ces images vues ce matin là, et je t’ai appelée pour te le dire et te déclarer mon admiration car tu avais été la première à comprendre son travail, à sauter dans un avion ou un train pour lui déclarer ta flamme et le représenter dans ta galerie. Vous étiez devenus si proches, liens accentués par tes racines ukrainiennes.
Tu avais cet œil incroyable, celui qui permet de déceler l’art véritable, celui qui fait la différence, l’étincelle .


Et c’était toujours ainsi avec les artistes que tu aimais et que nous rencontrions dans ta galerie, Ils t’aimaient tous que ce soient les anciens toujours fidèles Baselitz que tu découvres lors d’une exposition aux Sables d’Olonnes, Lupertz,…artistes que tu exposes dans ta première galerie à Barbizon, puis la nouvelle génération Éva Jospin, ses forêts sculptées en carton, Romain Bernini, ses peintures oniriques, Jean Bedez, l’inoubliable Couvent de San Marco dessiné par lui, Lucien Murat, ses tapisseries héroïques, les Mariannes d’Anne Wenzel… que de noms !

Suzanne Tarasieve au Loft devant une photo de Juergen Teller et avec lui

C’était aussi ces folles soirées avec Juergen Teller, le Hula hoop à « 1h du mat »! cette série de photos où tu poses pour lui en top model pour Vogue Italie 13 pages où l’on te découvre lascivement allongée sur des rochers en bikini .


Ce fut aussi l’exposition Penser c’est voir d’Alkis Boutlis à la Maison de Balzac, ton si cher artiste grec devenu fou de l’écrivain français qui a su percer le mystère de Seraphita.

Penser, c’est voir ! : Alkis Boutlis et Balzac : exposition, Paris, Maison de Balzac, 29 mars – 1er juillet 2018, Maison de Balzac


Nous ne nous connaissions pas depuis si longtemps mais heureusement j’ai eu cette chance de te rencontrer à Paris Photo, en 2015, lors de cette édition, tu exposais l’album de famille de Delphine Balley. A chaque saison ton stand était le rendez-vous, toujours cette inventivité, ce thème qui te ressemblait tant. Cette année-là c’est mon amie Dominique Gagneux qui avait fait les présentations.
Et depuis il y a eu la danse avec ces fameux chaussons de Noureev retrouvés par une journaliste avec qui j’étais en contact Ariane Dolfus, auteur de bio sur le danseur qui a pu te mettre en relation avec la photographe Francette Levieux, il fallait l’inventer ! toute sa carrière, elle avait photographié Rudolf Noureev. Puis ce fut d’autres thèmes : Paris et cette année Boris Mikhaïlov.

Galerie Suzanne Tarasieve – Francette Levieux – Chaussons de Noureev Juergen Teller « Marie-Agnès Gillot, Plates Teller n°171. Paris 2016

Impossible n’existe pas, sans « im » c’est possible !

Une de tes formules !


18 juin 2018, tes 40 ans de mariage, non, je me trompe ! de galerie ! restent un souvenir impérissable, le couscous géant, la musique, ce grand ruban blanc déroulé du trottoir à la porte du Loft où tous tes invités étaient libres de révéler à leur tour leur fibre artistique sous tes yeux attendris de la mariée qui était en blanc.


Suzanne, tu étais si rock’n roll , non seulement on découvrait l’art mais on s’amusait avec toi, tes tenues si extraordinaires, tes chaussures compensées, tes robes en cuir noir rouge, tes colliers en caoutchouc, j’adorais ta tenue écossaise !
A chaque exposition, je poussais la porte et à chaque fois je ne pouvais rester indifférente, tu nous dirigeais hors de notre zone de confort et c’était toujours une joie de découvrir à quelle sauce nous allions être séduits.

Et la Fiac ?

C’était devenu la ritournelle du mois d’octobre et finalement ta marque de fabrique, ces jours de foire, il fallait surtout aller rue Pastourelle et découvrir tes expositions et pas des moindres, tu montrais à cette occasion Penck, Immendorff, Katz, Polke, Lupertz, Kirkeby, Höckelmann.

A gauche :Markus Lupërtz et Suzanne Tarasieve au Musée de la vie romantique ; à droite : Markus Lüpertz « Hommes sans femmes. Parsifal. A la galerie, 7 rue Pastourelle, Paris, jusqu’au 28 janvier 2023.

Les œuvres que tu exposais ont toujours eu du sens et je pouvais ne pas aimer mais jamais je ne suis restée insensible face à elles. Tu avais les mots justes pour en parler, et c’était toujours une joie de te retrouver certains samedis après-midi avec Julien, Lucas, Alice et Véo au premier étage et t’écouter avec ton enthousiasme et ta façon de parler à toute vitesse, d’art, de collectionneurs, des artistes…
Tu avais cette originalité inégalable et cette grâce qui va tant nous manquer, je ne peux y croire .

Suzanne Tarasieve : Art Bruxelles 2022

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