A consommer sans modération, lectures choisies

PAR SEVERINE LE GRIX DE LA SALLE

Parfait pour la plage ou un transat,  des livres drôles, étonnants, intéressants !

A consommer sans modération , même ( et peut être surtout ) à la rentrée .

BONNEFOY Miguel – Sucre noir

Cet écrivain est un bonbon. J’ai déjà eu l’occasion de recommander « Héritage », je continue avec
« Sucre noir ». D’une prose vibrante de réalisme magique, cet héritier français de Garcia Marquez
écrit des bijoux.

Cette fois ci, nous voici sur les pistes d’un trésor perdu dans la jungle, tombé d’un galion échoué à la
cime d’une canopée. Drôlissime ce naufrage et ces pirates. Trois siècles plus tard, la famille Otero
pousse aux alentours et les femmes de la famille prospèrent dans la canne à sucre, épousent les
chercheurs d’or, fabriquent et boivent beaucoup de rhum et donnent des fêtes orgiaques à tout
casser. L’or, est-ce l’amour ? la quête ? le trésor ? le travail ? Vous le saurez en le lisant !

Miguel Bonnefoy

Sucre noir

Editions Rivages

BRADBURY Ray – Chroniques martiennes 


Les années 2030-2057 imaginées en 1947. Après avoir découvert l’atome et tout saccagé chez eux, les Terriens colonisent Mars, avec quelques difficultés à se faire accepter par les locaux qui ne vivent pas tout à fait dans le même espace-temps. A chaque fusée de migrants, une idéologie se répand, dénonçant fidèlement les hauts faits et les dérives de l’Amérique : celle des premiers explorateurs en mode cow-boy, puis les familles en quête d’idéal ou de liberté, dont la population noire du Sud, – chapitre d’anthologie-, puis les prêtres allumés , suivis par les inspecteurs de l’Ambiance morale façon maccarthysme…et même anticipation du wokisme ! « En 1999, ce n’était qu’un grain de sable. On s’est mis à censurer les dessins humoristiques, puis les romains policiers, (…) sous la pression de tel ou tel groupe (…) :  il y avait toujours une minorité qui redoutait quelque chose et une grande majorité ayant peur du noir, peur du futur, peur du passé, peur du présent, peur d’elle-même et de son ombre.«  Magnifique, la description des paysages, des civilisations et des cités perdues, drôle, l’impossibilité de l’auteur à imaginer de nouvelles relations sociales et familiales (les martiennes cuisinent, même si c’est à base de cristal et de lave fondue), triste notre incapacité toute terrienne à nous défaire de notre destin, même si Ray Bradbury nous prédit des jours bien noirs….

Ray Bradbury

Chroniques martiennes 

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Chambon et Henri Robillot. Préface de Tristan Garcia

Editions Denoël – Collection Lunes d’encre 

ECHENOZ Jean – Vie de Gérard Fulmard.

Inventer des héros commence par leur donner un nom. Gérard Fulmard (et pardon s’il en existe, mais je n’en ai pas trouvé sur Facebook) est un nom magnifique, qui précède son personnage : un bon looser médiocre, solitaire, sans doute moche, passe-partout, qui se prend pour un détective privé, se retrouve au cœur d’intrigues politiques sordides. Il sera le jouet d’intérêts qu’il ne comprends pas, ayant toujours un métro de retard, ça se finit mal mais que c’est drôle ! Et dès la première page : «J’en étais là de mes réflexions quand la catastrophe s’est produite(..). Propulsé à une vitesse de trente mètres par secondes, un boulon géant – format de sèche-cheveux ou de fer à repasser- est entré en force par la fenêtre d’un appartement au cinquième étage d’un immeuble de standing, désagrégeant ses vitres en ébréchant son embrasure et, et en bout de course, son point d’impact a été le propriétaire de cet appartement, un nommé Robert d’Ortho dont le boulon a ravagé la région sternal et provoqué la mort subite. » Embarquement garanti dans l’absurde, servi par la fameuse « ligne claire » de l’écriture d’Echenoz. Réjouissant.


Jean Echenoz

Vie de Gérard Fulmard

Les éditions de Minuit

MORGIEWICZ César- Mon pauvre lapin


C’est un tout premier roman d’un jeune homme de vingt-cinq ans qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie et nous écrit pour le dire. C’est à la fois désopilant, désespérant et énervant. Enfant mutique, frôlé par le harcèlement, élevé par un gynécée de femmes aussi aimantes qu’aveugles à son mal être, il écrit. Vaguement stagiaire en Russie, dans une cité universitaire entourés de japonaises, il écrit. Tenté (mollement) par toutes les jeunes filles qui passent et obsédé par son dépucelage, il écrit. Réfugié pendant le confinement chez une grand-mère obèse qui rajeunit au soleil de Key West, il écrit. Et on l’aime bien César, il est trop touchant. Ecrivain à suivre.

Cesar Morgiewicz

Mon pauvre lapin

Editions Gallimard

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