Escapade à Venise

Venise c’est un songe posé sur le bord de la mer ” s’enthousiasme l’écrivain français Maxence Fermine. Il est vrai que la découverte de la beauté surannée des palais vénitiens depuis le grand canal est à couper le souffle! Chaque fois que j’y retourne, je tombe sous le charme ensorcelant de la cité des Doges.

Deux jours au pas de course pour visiter une exceptionnelle exposition photographique, naviguer autour des plus belles iles de Venise , goûter aux délices de la gastronomie Vénitienne!

Gian Paolo Barbieri , Benedetta Barzini avec un poncho Valentino et des bijoux Coppola & Toppo. Palazzo Grassi. Photo ©thegazeofaparisienne
Gian Paolo Barbieri , Benedetta Barzini avec un poncho Valentino et des bijoux Coppola & Toppo. Palazzo Grassi. Photo ©thegazeofaparisienne

Captivante, Chronorama nous immerge au coeur de l’histoire du XXème siècle dans ce qu’elle a de plus brillant et de plus dramatique, à travers sept décennies (1910 à 1979). Elle incarne l’évolution de la culture, les instants d’histoire, ses personnalités phares, ses icônes, son glamour, ses défis. C’est la première exposition mondiale d’une partie des archives photographiques du célèbre groupe de presse Condé Nast (Vogue, Vanity Fair, House & Garden, Glamour, GQ, The New Yorker…), récemment acquise par la Collection Pinault .

L’exposition réunit les images – pas moins de 407 photographies dans l’exposition!-, de 185 artistes -photographes internationaux de tous horizons, tels Berenice Abbot, Cecil Beaton, Horst P.Horst, Diane Arbus, Irving Penn, Helmut Newton ou encore Lee Miller entre autres. Leurs clichés exceptionnels, publiés dans les revues de Condé Nast, ont construit l’esthétique photographique de leur temps et immortalisé, sur papier glacé, ses moments et personnages les plus remarquables.

Irving Penn Cigarette and lips , 1961 Palazzo Grassi ©Thegazeofaparisienne

Vu l’ampleur de l’exposition, j’ai choisi de me concentrer sur les années 50s, 60s et 70s : émergence timide du Pop Art au milieu des années 50, souffle de liberté du Swinging London et mini-jupes “révolutionnaires” de Mary Quant et Courrège dans les 60’s ou encore âge d’or Hollywoodien jusqu’à la fin des années 70.

Les années 50 . Durant la première décennie d’après guerre, une créativité, encore fortement teintée de conservatisme, se débride doucement, l’élan de liberté s’amorce et grandira au fil des décennies suivantes.

Françoise Sagan livre dans Bonjour Tristesse (1953) ses émois d’adolescente, le bâtiment exceptionnel du Musée Guggenheim de NY, créé par Frank Lloyd Wright (1897-1959) est inauguré en 1959, Marlon Brando crève l’écran dans Un tramway nommé Désir (1951) d’Elia Kazan, la mode se permet des touches de fantaisie dans ses accessoires.

Je suis particulièrement émue par le portrait (Evelyn Hofer, 1959) du génie de l’architecture F.L. Wright , pour moi le plus important du XXe siècle. Le grain épais flouté de la prise de vue met en lumière la fragilité de l’homme à la fin de sa vie…. à l’inverse de ses fascinantes créations que le temps n’altère pas. Lionel Kazan capture David Niven et Deborah Kerr sur le tournage de Bonjour Tristesse, alors que Herbert Matter construit un cliché très graphique où une sculpture de Modigliani dialogue avec les gratte-ciels new-yorkais; Alexander Liberman propose un cadrage audacieux de Picasso dans son atelier, qui focalise sur le geste de la main du grand maître et, côté mode, le modèle Lisa Fonssagrives-Penn porte une ravissante coiffure de plumes noires dans l’objectif de Horst P.Horst.

Alexander Liberman, Picasso dans son studio Palazzo Grassi, Venise. Photo ©thegazeofaparisienne

Les années 60 . Au conservatisme des années 50 succède l’enthousiasme et l’optimisme, un vent de changement souffle. Féminisme, contre culture, manifestations pour les droits civiques, exploration spatiale, explosion du Pop art etc.. les personnages iconiques de cette époque sont multiples (acteurs, artistes, danseurs, designers, musiciens, modèles etc..). Pour les magazines, la nouvelle génération de photographes cherche à dénicher l’avant-garde de la mode et les visages qui incarnent l’air du temps. C’est ainsi que la mannequin anglaise Twiggy, figure de proue du Swinging London, avec ses cheveux au carré et son look à la garçonne, devient un emblème mondial de l’esprit des sixties.

Bert Stern, Twiggy portant unes minirobe de Louis Féraud, 1967. Palazzo Grassi. photo ©thegazeofaparisienne
Bert Stern, Twiggy portant unes minirobe de Louis Féraud, 1967. Palazzo Grassi.
photo ©thegazeofaparisienne

L’effet cigarette! Élément de glamour et de sensualité, elle se retrouve entre les doigts des stars de cinéma ou serrée par des bouches pulpeuses rouge vif. Saisissant parallèle du portrait de Jeanne Moreau par Dan Budnik et de celui de Marcello Mastroianni par Irving Penn.

G: Dan Budnik, J.Moreau / D : Irving Penn, M.Mastroianni, palazzo Grassi. Photos: ©thegazeofaparisienne

Les artistes majeurs de tous horizons sont représentés. J’aime particulièrement la composition architecturale du portrait de Marcel Duchamp par Ugo Mulas, Max Ernst prenant la pose avec Dorothée Tanning devant son oeuvre Le Capricorne , côté rock, un portrait mythique de Peter Hujar présentant un Iggy Pop tout en muscles!

  • Ugo Mulas , Portrait de Marcel Duchamp. photo:©thegazeofaparisienne
  • Max Ernst et Dorothée Tanning devant Le Capricorne. photo :©thegazeofaparisienne
  • Peter Hujar, Iggy Pop, 1969. photo:©thegazeofaparisienne

Les années 70 . L’énergie et l’audace de cette décennie sont sans égales. Pleine de contrastes, cette période connait l’apogée d’une créativité folle aussi foisonnante que diverse. Glamour, audace, subversion, hédonisme, liberté, érotisme, le ‘Peace & Love’ Hippie côtoie sans complexe la sophistication et le psychédélique. Une époque que j’adore!

Les images suggestives du photographe Helmut Newton incarnent cette nouvelle ère des magazines de mode. L’érotisme provoquant des clichés de Charlotte Rampling au bord d’une piscine, arrosant abondamment son visage d’eau, tout comme la photo du jeune couple, fasciné par sa propre image, posant jambes largement écartées, subjuguent.

Helmut Newton, Zouzou et Michaelis Maniatis, 1973 Palazzo Grassi. Photo ©Thegazeofaparisienne
Helmut Newton, Zouzou et Michaelis Maniatis, 1973 Palazzo Grassi.
Photo ©Thegazeofaparisienne

Les année 70 célèbre la beauté animale, sensuelle et détendue; les chemises s’ouvrent sur des torses désirables et bijoutés comme celui d’Helmut Berger saisi par Elisabetta Catalano, l’harmonie naturelle d’un visage est sublimée par la simplicité d’un fichu de tête et d’un t-shirt blanc (de Kourken Packchanian), l’oeil puissant de Richard Avedon captive, hommage touchant d’un grand photographe (Irving Penn) à un autre génie.

  • Elisabetta Catalano , Helmut Berger , 1970 Palazzo Grassi, photo: ©thegazeofaparisienne
  • Korken Pakchanian , Mannequin portant un T-shirt blanc et un fichu Yves Saint-Laurent,1973.Palazzo Grassi, photo: ©thegazeofaparisienne
  • rving Penn , Richard Avedon, 1978. Palazzo Grassi, photo: ©thegazeofaparisienne

Des images mythiques qui nous emmènent en voyage au coeur du XXème, à travers le prisme inspirant des magazines de mode internationaux du Groupe Condé Nast. Avec leurs clichés captivants, les plus grands photographes de mode ont capturé le glamour de ces décennies, senti et interprété, chacun à sa manière, les tendances successives de la société. Une exposition à voir et revoir absolument, au Palazzo Grassi jusqu’au 7 Janvier 2024.

vue de l'ile de Burano, photo ©thegazeofaparisienne
vue de l’ile de Burano, photo ©thegazeofaparisienne

Suivez-moi dans une promenade en bateau autour des plus belles îles entourant Venise. Si Murano reste la plus connue grâce la beauté du verre soufflé sorti de ses fornacci, Burano, elle, est célèbre pour ses dentelles, mais aussi pour le charme infini de ses canaux bordés de maisons colorées. La légende raconte que les pêcheurs peignaient les murs en teintes vives afin de pouvoir, après de longues heures en mer, reconnaitre facilement leur maison, même dans le brouillard.

Ile de Torcello Cathédrale de Santa Maria Assunta.
Ile de Torcello Cathédrale de Santa Maria Assunta.

Plus loin, Torcello abrite un des joyaux de l’art Byzantin, la cathédrale Santa Maria Assunta, mêlant mosaïques byzantines et romaines ainsi que des fresques de la Renaissance. San Michele est l’île cimetière de Venise, entourée de murs d’enceinte ocres et de cyprès. Elle accueille notamment les sépultures du danseur Diaghilev et du compositeur Stravinsky. Pour trouver paix et sérénité, l’île San Franscesco Del Deserto , accessible uniquement par bateau, est, depuis le XIIle siècle, le siège d’un monastère franciscain que l’on peut visiter certains jours de la semaine. Enfin l’île de la Giudecca, où l’hôtel Cipriani a élu domicile, offre depuis son bord, la plus belle vue de Venise.

Venise propose une gastronomie authentique et délicieuse grâce à l’excellence de ses ingrédients. Pâtes bien sûr mais aussi poissons et fruits de mer ou encore foccacia, et côté cocktails, Bellini et Spritz, font partie de ses célèbres spécialités. Ne manquez pas de goûter justement l’excellentissime Bellini du Harry’s Bar, mais aussi ses savoureuses fleurs de courgettes et ses petits artichauts merveilleusement cuisinés. Grand coup de coeur pour El Magazen, un restaurant aussi charmant que délicieux, situé dans le quartier Cannaregio de Venise, avec une jolie vue sur les canaux. Il offre le meilleur de la cuisine traditionnelle Vénitienne, notamment d’excellents spaghettis à l’encre de seiche dont je garde un souvenir ému. Sur l’ile de Burano, déjeuner simple mais bon au Gatto Nero, à gouter notamment les exquises langoustines fraiches.

Une magnifique escapade Vénitienne, accompagnée de Marie-Laure de Clermont-Tonnerre, fondatrice de Spirit Now London, Elizabeth Royer-Grimblat (Historienne de l’Art, galeriste, fondatrice de Harp Europe pour la restitution des oeuvres spoliées de la deuxième guerre mondiale) et Nadja Romain (curatrice, productrice art et cinema, créatrice de la marque Everything I Want).

On ne se lasse jamais de la beauté de Venise!

Caroline d’Esneval

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