Flower Power à Giverny

Giverny – Jardin du musée des Impressionnismes.

Des fleurs à Giverny, un euphémisme!

Cyrille Sciama directeur du musée a lancé ce slogan « Fleurir Giverny tout l’hiver », l’ancien musée américain devenu depuis musée des Impressionnismes, rappelle la place importante des artistes américains venus à la rencontre de Claude Monet, considérant Giverny comme leur eldorado !

Une exposition sur les fleurs dans ce musée est une évidence, situé juste à côté du célèbre jardin de Claude Monet. Le musée des Impressionnismes possède aussi son propre jardin, ses couleurs, ses allées qui quadrillent le sol, l’arbre de Giuseppe Penone à l’entrée et un peu plus loin au bout d’une allée« Bois des Nymphes » d’Eva Jospin.

Flower Power est un dialogue avec les fleurs du jardin du musée, le thème est parfaitement en résonance avec les enjeux sociétaux contemporains et dans un écrin tel que ce coin de paradis où la nature est mise en exergue, on a envie d’y croire.

Emile Gallé (1846-1904). Lampe perce-neige, 1903. Fer forgé et verre. Paris, musée d’Orsay.

Mythique.

Une histoire de la représentation florale de l’antiquité à nos jours qui commence par les mythes, celui de la Métamorphose d’Ovide ou encore celui de Clytie transformée en  héliotrope (plante vivace) par amour, elle se réincarne en tournesol dans le marbre du sculpteur Georges Frédéric Watts.

Tragique

On tombe très vite dans la tragédie de Lawrence Alma-Tadema, artiste successful de l’époque victorienne, sa composition théatrale, Les Roses d’Héliogabale, l’affiche de l’exposition, montre des convives décadents qui meurent étouffés par les roses sous le regard  de leur hôte l’empereur Héliogabale. Hypocrisie britannique, mise en exergue, on est en plein dans cette époque où Oscar Wilde, écrivain autrefois adulé, est honni pour cause d’homosexualité. Une peinture terrifiante qui nous saisit, l’apparence trompeuse des couleurs, des fleurs, le parfum envoûtant, les épines, toute cette beauté cache une terrifiante réalité.

Lawrence Alma-Tadema (1836-1912) Les Roses d’Héliogabale, 1888 Huile sur toile, 132,7 x 214,4 cm Mexico, collection Pérez Simón, 10304

Mortelle

La mort, les fleurs y sont souvent associées, souvent repris, le thème d’Ophélie, l’héroïne d’Hamlet, coiffée de fleurs qui sombre dans la folie et meurt. Egérie du romantisme, des peintres symbolistes comme Ernest Hebert, sculptée par les frères Pugi, elle est également souvent représentée par les peintres préraphaélites.

Féminine

La femme fleur dans la tapisserie de William Morris montre une autre interprétation du visage féminin qui apparait au coeur d’une rose.

Morris & Co. d’après Edward Burne-Jones (1833-1898) et John Henry Dearle (1859-1932). Le coeur de la rose, 1901. tapisserie en laine, coton et soie. Karlruhe, Badisches Landesmuseum. 72/147

Asiatique

L’Asie avec le chrysanthème, fleur connue pour ses vertus médicinales et décoratives et emblème de l’empereur du Japon. 

Politique

Symbole politique, La fleur, antidote des armes, elle est choisie par l’artiste dissident chinois Ai Wei Wei, emprisonné en 2011 , puis relâché, son passeport confisqué, il utilisait les fleurs comme manifeste pacifique en plaçant tous les jours un bouquet de fleurs dans le panier de son vélo, les images sont relayées sur les réseaux sociaux, le bouquet de fleurs est figé par l’artiste pour l’éternité dans la porcelaine.

Agent secret

Espionnage, les fleurs deviennent alibi d’un système de codage cachant des secrets d’état, un mélange de fiction et de réalité créé par l’artiste libanais Walid Raad

Iconique

Iconique, cette photo de Marc Riboud représentant cette femme qui tient une fleur devant ces soldats qui pointent leurs mitraillettes sur elle.  

Fragile

Fragilité des fleurs éphémères, le rythme de la nature, sa complexité, parfois la rareté d’une tulipe (le cours du bulbe était très étudié, un parallèle original est fait dans la vidéo de Ann Ridler « Mosaïc virus » où la tulipe évolue selon le cours du bitcoin. Delacroix, lui, raconte dans son journal comment la nature l’a régénéré.

Inspiratrice

La fleur en tant que modèle. Ne pas oublier que pour les artistes fauchés les fleurs, tout en étant un sujet très plaisant, sont facilement accessibles et gratuites. Le fameux Parterre de marguerites appartenant aux collections du musée fait partie de l’exposition, son auteur, Gustave Caillebotte, était féru d’horticulture.

Mon cher ami, je fais un stanopea aurea qui est en fleurs depuis ce matin et comme la fleur ne dure que trois ou quatre jours et ne revient que dans un an je ne peux la quitter. Excusez-moi donc auprès de Mirbeau…” 

Lettre de Gustave Caillebotte à Claude Monet
Vue de l’exposition avec à droite le parterre de marguerites de Gustave Caillebotte.

Et pour terminer la fleur provocante, généreuse, vue de près par Georgia O’Keeffe

« Quand vous prenez une fleur dans votre main et que vous l’observez vraiment.

elle devient votre monde pour un instant.

Ce monde, je veux le donner à quelqu’un d’autre.

En ville, la plupart des gens courent dans tous les sens.

ils nont pas le temps d’observer une fleur.

le veux qu’ils la voient, qu’ils le veuillent ou non. »

Georgia O’Keeffe, citée dans Georgia O’Keeffe.

Autant d’adjectifs, autant d’artistes anciens et contemporains, autant de combinaisons pour décrire les fleurs, leur pouvoir, cette exposition est un aperçu très intéressant de leur histoire et permet ainsi un large éventail de leur représentation dans l’histoire de l’art. Encore un mois pour la découvrir.

Flower Power

jusqu’au 7 janvier 2024

Musée des impressionnismes Giverny

99, rue Claude Monet 27620 Giverny
France
T – 33 (0)2 32 51 94 65 contact@mdig.fr

Commissariat : Cyrille Sciama, Directeur général du musée des impressionnismes Giverny, Conservateur en chef du patrimoine, et Valérie Reis, Chargée des expositions au musée des impressionnismes Giverny.

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